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Biologie

Site unique de biologie : le nouveau visage du laboratoire au CHU de Montpellier


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 11 Juin 2025 à 12:21 | Lu 700 fois


Opérationnel depuis quelques semaines, le nouveau Site unique de biologie (SUB) du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier marque une étape majeure dans la modernisation de l’établissement. Sa mise en service s’accompagne d’une automatisation renforcée des processus, d’une refonte des logiciels métiers et d’un changement d’échelle en termes d’infrastructures, avec la construction d’un bâtiment de 15 000 m² répartis sur sept étages. Le point avec le Professeur Laurence Lachaud, cheffe du pôle de Biologie-Pathologie du CHU de Montpellier.



© CHU de Montpellier
© CHU de Montpellier
Pourriez-vous, pour commencer, revenir sur l’origine du projet de regroupement des laboratoires de biologie médicale (LBM) ? 

Pr Laurence Lachaud : La volonté de regrouper les différents LBM du CHU de Montpellier en un lieu unique remonte à de nombreuses années. Ces laboratoires étaient répartis sur 18 sites, ce qui rendait les synergies, la mutualisation et les collaborations particulièrement complexes. Dès le début des années 2010, le projet a été évoqué, avant de progressivement prendre forme. Cependant, l’obligation de mise en conformité avec les normes européennes en matière de gestion des risques d’inondation, mais aussi la crise sanitaire, ont entraîné des retards significatifs – la livraison du nouveau bâtiment étant initialement prévue pour 2017. Par ailleurs, l’enveloppe budgétaire a aussi connu une hausse d’environ 30 %, en grande partie à cause de l’inflation sur les matériaux consécutive à la crise sanitaire. Le coût total du projet avoisine aujourd’hui les 110 millions d’euros. 

Pourriez-vous nous présenter ce nouveau bâtiment ?

Mis en service en 2024, le nouveau Site unique de biologie s’étend sur 15 000 m2 et sept niveaux, dont cinq entièrement dédiés aux activités techniques. Le rez-de-jardin abrite le service d’ingénierie cellulaire et tissulaire, ainsi que le Centre de ressource biologique (CRB). À l’opposé, le dernier étage accueille le Centre de recherche et d’innovation en Biologie-Santé (Cribs) [voir encadré], et les personnes assurant la gestion transversale du pôle. En mai 2025, l’Établissement français du sang (EFS) rejoindra les lieux, en s’installant au rez-de-chaussée du bâtiment. 

Quelle est la répartition des différents services présents au SUB ?  

Ce bâtiment accueille l’ensemble des LBM du CHU de Montpellier, à l’exception du laboratoire de biologie de la reproduction, qui reste implanté sur le site du pôle Femmes-Mère-Enfant. Le rez-de-chaussée constitue le point d’entrée unique du bâtiment. Il regroupe la chaîne préanalytique, le plateau d’urgences et de réponses rapides, des salles de consultation, ainsi qu’une unité dédiée à l’externalisation des examens ne pouvant être traités en interne. Les différentes spécialités biologiques sont ensuite réparties sur les quatre étages techniques supérieurs. Au premier, l’on retrouve par exemple la biochimie spécialisée, la pharmacotoxicologie, l’hématologie et l’immunologie. Le deuxième étage accueille pour sa part l’anatomo-pathologie, la biopathologie et la cytogénétique. Le troisième étage est entièrement consacré à la génétique moléculaire, tandis que le quatrième étage regroupe les activités de microbiologie, incluant la virologie, la bactériologie, la parasitologie-mycologie et l’écologie microbienne hospitalière. 

© CHU de Montpellier
© CHU de Montpellier
Ces différents services ont tous dû déménager en quelques mois. Comment avez-vous organisé cette transition ? 

Le déménagement s’est déroulé en deux grandes phases : la première entre novembre et décembre 2024, la seconde entre janvier et février 2025. Lors de la première phase, nous avons priorisé le transfert des services nécessitant « moins » d’adaptation, notamment ceux qui conservaient leurs logiciels existants et dont les équipes étaient peu ou pas mutualisées. La seconde phase a représenté le véritable défi, avec le transfert d’environ 85 % de notre activité. Elle a impliqué un très haut niveau de mutualisation ainsi qu’un changement de logiciel. Le risque était important, mais l’engagement et la mobilisation de toutes les équipes ont permis d’assurer une continuité totale de nos activités, sans rupture de service. 

Pourquoi avoir choisi de changer de logiciel ? 

Le logiciel sur lequel nous travaillions arrivait en fin de vie, et devait disparaître fin 2026. Le conserver aurait impliqué de le reconfigurer entièrement pour l’adapter aux nouveaux automates et à la nouvelle organisation du SUB, tout en sachant qu’un changement serait inévitable à très court terme. Face à cette perspective, nous avons fait le choix d’anticiper et d’installer directement un nouveau logiciel sur le site du SUB, malgré les risques liés à une telle transition en parallèle d’un déménagement. Cette décision a complexifié la logistique du transfert : pour garantir la continuité de l’activité, les équipes ont parfois dû travailler le matin sur l’ancien site avec l’ancien logiciel, puis l’après-midi au SUB avec le nouveau système de Clinisys. Même si cette situation n’a duré que quelques jours pour chaque service, elle a exigé une grande agilité et une forte capacité d’adaptation de la part des équipes. Je tiens d’ailleurs à saluer ici l’engagement exemplaire du collectif, sans qui la réussite de ce projet n’aurait pas été possible. 

Au-delà de la volonté de regroupement, la création du SUB s’inscrit également dans une démarche de modernisation des services. Avez-vous misé sur une automatisation renforcée des tâches ? 

Oui, l’automatisation a été un axe majeur du développement du SUB. Elle est particulièrement poussée au niveau du rez-de-chaussée, véritable centre névralgique de la réception des échantillons. Le poste de tri-réception est désormais doté d’un convoyeur automatisé équipé de 12 postes d’enregistrement. Une fois enregistrés, les tubes sont, selon les besoins, centrifugés ou directement orientés vers des portoirs pour pouvoir être acheminés soit dans les étages, soit sur les chaînes analytiques spécialisées : biochimie-immunologie-toxicologie d’un côté, hématologie-cytologie-hémostase de l’autre.

Nouveaux locaux, nouveaux logiciels, nouveaux automates… Ces nombreux changements ont-ils aussi transformé l’organisation des équipes ? 

Oui, notamment en raison de la volonté affirmée de mutualisation. Plusieurs plateformes auparavant distinctes ont été regroupées, comme celles de sérologie, parasitologie, mycologie, bactériologie et virologie, ce qui a profondément modifié l’organisation du travail ainsi que les missions des techniciens. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le projet de SUB intègre de nombreuses autres mutualisations prévues, impactant le fonctionnement des différents services. Ces nouvelles organisations sont d’ailleurs encore en phase d’ajustement, et ne sont pas totalement stabilisées à ce jour. 

Avez-vous été confrontés à des résistances au changement ? 

C’est inévitable. Compte tenu de l’ampleur des transformations engagées, il est tout à fait naturel que des résistances apparaissent. Nous les avons néanmoins anticipées et mis en place une démarche participative dès les premières phases du projet. Une ingénieure dédiée a aussi été recrutée spécifiquement pour accompagner le pilotage du projet, et un groupe de travail pluridisciplinaire, réunissant l’ensemble des métiers concernés, a été constitué il y a maintenant plusieurs années. Cette approche collaborative était essentielle pour favoriser l’adhésion du plus grand nombre. 

L'automatisation et la mutualisation des services entraînent-elles une réduction des effectifs ?

Oui, c’était l’une des conditions associées à la réalisation du projet. Avant même le déménagement, une quinzaine de postes de secrétariat ont été redéployés, et quelques postes de techniciens non remplacés. D’autres réductions sont également envisagées, mais elles n’interviendront qu’une fois la production totalement stabilisée. Les derniers mois ont été particulièrement intenses pour l’ensemble des équipes. Il nous semble essentiel, dans ce contexte, de ne pas précipiter les choses, et de préserver la qualité du service et l’équilibre des équipes.

Le mot de la fin ? 

Je tiens à souligner la performance exceptionnelle du personnel des LBM du CHU de Montpellier, qui a su faire face à des changements profonds en restant pleinement engagé et adaptable. Le soutien des directions support du CHU, en particulier la direction des travaux et la direction du numérique en santé, a lui aussi été essentiel tout au long du projet, pour suivre de près chaque phase du chantier et accompagner l’implantation des nouveaux automates et l’intégration des logiciels. C’est grâce à l’implication de tous ces acteurs clés que le SUB a pu voir le jour et que nous sommes aujourd’hui sur la bonne voie pour stabiliser nos activités. Toutefois, cela prendra encore du temps. Il nous faudra plusieurs mois, voire quelques années, pour affiner notre organisation et garantir à la fois la qualité diagnostique et une qualité de vie au travail optimale pour tous. 

> Article paru dans Hospitalia #69, édition de mai 2025, à lire ici  
 

Le CRIBS 

Situé au dernier étage du Site unique de biologie du CHU de Montpellier, le Centre de recherche et innovation en Biologie-Santé (CRIBS) a pour objectif de renforcer les collaborations public-privé dans les domaines du diagnostic et du traitement en santé. Né de l’association entre le CHU et l’Université de Montpellier, ce centre s’étendra sur 1 200 m2 et accueillera des industriels venant de toute la France. Le CRIBS « a l’ambition d’être un catalyseur entre les compétences biocliniques du CHU, les partenaires de recherche et le dynamisme des entreprises en santé », souligne le CHU de Montpellier. 

Plus d’informations sur le site du CHU de Montpellier : https://www.chu-montpellier.fr/fr/cribs






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