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Biologie

Biologie de demain : quand innovation rime avec coopération


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 11 Juin 2025 à 12:21 | Lu 564 fois


À l’occasion du bioMérieux Urgence Tour, une étape particulière a été marquée par la rencontre entre les équipes du CHU de Montpellier et le laboratoire français bioMérieux, engagé dans la lutte contre les maladies infectieuses depuis sa création il y a plus de 60 ans. Un moment d’échange inscrit dans un contexte porteur, l’ouverture récente du site unique de biologie. À cette occasion, le Pr Laurence Lachaud, cheffe du pôle de Biologie-Pathologie du CHU, et Sophie Hubert-Luco, directrice générale de bioMérieux France, ont engagé un dialogue sur la co-construction de la biologie de demain et l’intégration de l’innovation au cœur des pratiques médicales.



Quels sont, à votre sens, les principaux enjeux pour la biologie de demain ?

Pr Laurence Lachaud : La biologie doit continuer de gagner en automatisation, en fiabilité et en réactivité, notamment pour améliorer les parcours patients, en particulier aux urgences. L’enjeu est d’aboutir à un diagnostic toujours plus précis, en temps réel et connecté aux besoins cliniques. Cela suppose d’intégrer les dernières technologies, de renforcer la R&D et de penser à une échelle régionale, en facilitant les coopérations entre territoires. En parallèle, la biologie de proximité devra évoluer et s’accélérer, surtout face aux défis sanitaires émergents comme les épidémies saisonnières ou les risques de dengue et chikungunya. Il faut repenser cette proximité en fonction des flux et des besoins cliniques.

Sophie Hubert-Luco : Ce que nous observons en France, et qui se confirme ici à Montpellier, c’est une double tendance : d’un côté, une attente forte d’automatisation avec des plateaux intégrés, et de l’autre, un besoin de décentralisation, pour rapprocher les tests des patients et des services comme les urgences. Ce qui relie ces deux tendances, c’est la donnée biologique, désormais centrale car elle accompagne le patient tout au long de son parcours. bioMérieux se positionne justement à l’intersection de ces enjeux, en mobilisant toute sa capacité d’innovation.

Quelles sont, concrètement, vos attentes concernant l’usage des données biologiques ?

Pr Laurence Lachaud : L’un des grands enjeux reste leur intégration au dossier patient. Cela est d’autant plus crucial dans le cadre de la biologie délocalisée. Il ne suffit pas de disposer de solutions techniquement performantes : il faut que les résultats issus de la biologie délocalisée soient tracés, accessibles et intégrés dans nos systèmes d’information. C’est indispensable sur les plans médical, réglementaire et économique. L’idéal serait d’ailleurs une double remontée des données : à la fois dans le dossier institutionnel du patient et dans notre système de laboratoire.

Sophie Hubert-Luco : Nous partageons cette ambition. Chez bioMérieux, nous développons des outils pour automatiser les processus tout en permettant la décentralisation des tests, sans compromis sur la qualité. Et nous allons plus loin : la donnée devient une ressource stratégique. C’est pourquoi nous avons conçu la bioMérieux Vision Suite, un ensemble de solutions logicielles permettant une exploitation intelligente, simple et en temps réel des données biologiques, en laboratoire ou au chevet du patient.

Pour vous, à quoi ressemble le partenaire industriel idéal ?

Pr Laurence Lachaud : Il n’existe pas de partenaire idéal universel, mais un bon partenaire est celui qui co-construit avec nous une solution adaptée : prête à l’emploi, mais évolutive. Il doit comprendre nos contraintes d’établissement public tout en partageant notre ambition. Cela commence par un cadre clair, formalisé, puis par une écoute réciproque : d’abord de nos besoins, de notre organisation, ensuite de ses objectifs et innovations. C’est dans cet alignement que naît une vraie collaboration. Avec bioMérieux, nos échanges ont d’ailleurs toujours été constructifs.

Sophie Hubert-Luco : Et cela est possible parce que nos visions sont alignées. À Montpellier, l’innovation est au cœur du projet. Le nouveau site unique de biologie incarne une volonté affirmée de modernité, qui fait écho à notre propre ADN. Nous investissons chaque année 12 à 13 % de notre chiffre d’affaires en R&D – un engagement fort, bien au-delà de la moyenne du secteur – qui nous permet de rester en phase avec les besoins concrets du terrain et d’innover en continu. Avec près de la moitié de nos effectifs R&D et huit de nos sites implantés en France – car, rappelons-le, bioMérieux est un laboratoire français –, nous réaffirmons d’ailleurs notre ancrage national et notre contribution active à la souveraineté sanitaire du pays.

Comment, alors, faciliter l’adoption de l’innovation ?

Pr Laurence Lachaud : Celle-ci doit s’inscrire dans une vision claire. Le nouveau bâtiment du pôle de biologie en est un bon exemple : il a été conçu pour l’innovation et la recherche, avec des espaces dédiés, notamment le CRIBS, ouvert aux partenaires industriels. L’innovation, ici, n’est pas un projet ponctuel : c’est un mode de fonctionnement. Mon message, c’est que la routine de demain, ce sera le changement permanent, car l’innovation technologique – et les évolutions organisationnelles qu’elle appelle – est elle-même un processus permanent.

Que pensez-vous du concept du bioMérieux Urgence Tour ?

Pr Laurence Lachaud : C’est une excellente initiative, qui contribue à décloisonner, à favoriser les échanges, pour que chacun sorte de la vision restreinte qu’il peut avoir de son propre domaine. En tant que cheffe de pôle, cette vision transversale m’a d’ailleurs beaucoup apporté, me permettant de retrouver une connaissance plus globale de la biologie qui est extrêmement stimulante. Il est à cet égard intéressant de pouvoir échanger avec les industriels, de comprendre leur approche, leur vision. Qu’on partage ou non leurs perspectives, ce dialogue permet de s’appuyer sur du concret pour se forger une opinion éclairée.

Le mot de la fin ?

Pr Laurence Lachaud : Au-delà des outils et des technologies, aussi impressionnants soient-ils, il ne faut jamais perdre de vue l’essentiel : l’humain. Qu’il s’agisse du patient ou du professionnel de santé, c’est toujours l’humain qui reste au cœur de notre démarche. L’innovation doit continuer à servir cette finalité.

Sophie Hubert-Luco : Je rejoins totalement ce point. La technologie seule ne suffit pas. Ce qui fait la différence, c’est l’engagement quotidien, la proximité, la réactivité. Notre rôle, c’est d’accompagner durablement les équipes hospitalières dans leur transformation, avec rigueur, écoute et présence. Et c’est cette relation de confiance que nous cultivons chaque jour.

> Plus d'informations sur le site de bioMérieux

> Article paru dans Hospitalia #69, édition de mai 2025, à lire ici  
 
Biologie de demain : quand innovation rime avec coopération

Biologie délocalisée : l’innovation vue par le clinicien

« La biologie délocalisée, ou ‘point of care’, s’impose peu à peu dans les établissements de santé grâce aux progrès technologiques. Elle permet d’obtenir rapidement des résultats directement sur les lieux de soins, notamment aux urgences où la réactivité est cruciale. Dans ces situations, une décision doit souvent être prise immédiatement, sans seconde chance : la fiabilité du test est donc essentielle. Mais pour la réussite du ‘point of care’, il faut que le temps passé à réaliser ces explorations ne se fasse pas aux dépens des soins courants.

D’où la nécessité d’une coordination étroite entre cliniciens et biologistes, pour sélectionner les bons tests, les bonnes indications, et s’assurer d’une intégration fluide dans les parcours de soins. Il s’agit de cibler les examens à fort impact, capables de répondre à la majorité des situations courantes, afin de gagner du temps à chaque étape : prélèvement, transport, analyse, transmission des résultats. Bien pensée et bien encadrée, la biologie délocalisée est à mon sens une avancée majeure pour améliorer la prise en charge des patients, tout en fluidifiant les organisations », indique le Professeur Éric Jeziorski, chef de service des urgences post-urgences pédiatriques au CHU de Montpellier.






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