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Biologie

Le LBM du CH d’Aurillac prépare l’avenir


Rédigé par Joëlle Hayek le Lundi 18 Novembre 2024 à 11:21 | Lu 762 fois


Avec 892 lits et places, le Centre Hospitalier Henri Mondor d’Aurillac, dans le Cantal, assure un large éventail de spécialités médicales, conjuguant offre de proximité et technicité reconnue. Établissement support du Groupement hospitalier de territoire (GHT) Cantal, il dispose d’un laboratoire de biologie médicale (LBM) polyvalent, que nous découvrons avec le Docteur Mathieu Kuentz, chef de service du LBM. Il est également président de la Commission médicale d’établissement (CME) du CH et de la Commission médicale de groupement (CMG) du GHT.



© Centre Hospitalier d’Aurillac
© Centre Hospitalier d’Aurillac
Pourriez-vous nous présenter le LBM du CH d’Aurillac ?

Dr Mathieu Kuentz : Situé au cœur du plateau technique du Centre hospitalier, celui-ci réalise les examens de biochimie médicale, hématologie-hémostase, sérologie, immunohématologie, microbiologie, pharmacologie, toxicologie et biologie moléculaire – un champ qui s’est sensiblement développé depuis la crise Covid. Avec 5 praticiens biologistes, dont deux participant au fonctionnement du site de délivrance de l’Établissement français du sang (EFS), et 23 équivalents temps plein (ETP) de techniciens de laboratoire, notre LBM totalise 23 millions de B par an, en intégrant les examens sous-traités au CHU de Clermont-Ferrand – caryotype, allergologie, immunophénotypage, sérologies rares et biochimie spécialisée. La majorité de notre activité concerne les patients admis dans le service des urgences, présents en consultation médicale ou hospitalisés, mais nous accueillons également les consultants externes. Fait notable : nous sommes le seul laboratoire de biologie médicale public du Cantal.

Comment êtes-vous organisés ?

Le laboratoire est structuré en îlots analytiques. Un premier pôle est consolidé autour d’un plateau technique où toute l’activité « sang » est concentrée. Le second pôle est dédié à la microbiologie (bactériologie, virologie, parasitologie et mycologie) et associe différentes techniques de culture, d’identification biochimique, d’antibiogramme et de biologie moléculaire. Une activité de biologie délocalisée est en outre déployée dans le service de réanimation, mais aussi dans le SMUR, les urgences et le bloc opératoire pour les dosages d’hémoglobine, et dans la maternité pour le dosage des lactates sur scalp fœtal. Malgré l’architecture pavillonnaire du CH d’Aurillac, les besoins en matière de biologie délocalisée sont limités, car les services de soins et le LBM sont reliés par pneumatiques, ce qui accélère les délais de réception des prélèvements et donc de rendu des résultats. À titre d’exemple, nos délais de rendu à destination du service d’accueil des urgences sont compris entre 45 minutes et 1 heure 15 min pour un large panel d’examens – à l’exception des frottis sanguins nécessitant une coloration et une lecture au microscope optique. 

Pourriez-vous citer quelques projets en cours ?

Plusieurs chantiers nous mobilisent aujourd’hui. Par exemple, nous travaillons à la mise en place de marqueurs pour la détection des traumatismes crâniens, en collaboration avec les urgences, et devrions lancer dès septembre 2024 une nouvelle activité de dépistage du cancer du col de l’utérus. Nous entrerons par ailleurs prochainement dans un cycle de renouvellement de nos équipements, qui concernera pratiquement toutes les disciplines. Il s’agira donc d’un projet conséquent. Nous avons déployé récemment un nouveau Système de gestion du laboratoire (SIL) en partenariat avec notre CHU de référence. Nous avons ici retenu la solution équipant déjà le LBM du CHU de Clermont-Ferrand, ce qui non seulement permet de mieux structurer notre partenariat en accélérant les délais de rendu des résultats des examens sous-traités, mais ouvre également de nouvelles perspectives en facilitant, à terme, notre accès à certaines avancées technologiques, comme les technologies d’intelligence artificielle (IA). Mais nous n’en sommes pas encore là, et travaillons, pour commencer, au raccordement du nouveau SIL avec le Dossier médical partagé (DMP) et le système LABOé-SI.

Vous évoquez l’IA. Comment vous positionnez-vous par rapport à ces technologies ?

Je suis convaincu que ces outils seront d’une grande aide pour les biologistes médicaux et les techniciens de laboratoire. Ils ne sont certes pas exempts de risques, mais je ne suis nullement inquiet quant à un éventuel remplacement de l’humain par l’IA. Nous travaillerons différemment, mais cette évolution de nos pratiques sera certainement positive, avec des gains de qualité et de performance. D’ailleurs, en ce qui me concerne, les qualités principales des biologistes médicaux sont l’agilité et l’adaptabilité. J’ai déjà assisté à de nombreuses évolutions depuis mon internat en 2008, en termes de modalités de travail ou de financement, et les biologistes ont à chaque fois su faire face. Cette capacité les servira encore plus demain, car la technologie et la médecine continueront de progresser, et de nouveaux besoins continueront d’émerger. Notre spécialité a de tout temps été très dynamique, et compte bien le rester !

Avez-vous toutefois des sujets de préoccupation ?

Je m’interroge effectivement sur le devenir du RIHN, le Référentiel des actes innovants hors nomenclature de biologie et d’anatomopathologie, à la suite de la saisine de la Haute Autorité de santé (HAS). Rappelons qu’aujourd’hui, les actes innovants inscrits au RIHN bénéficient d’un mécanisme de prise en charge conditionnelle, dans l’attente de leur évaluation par la HAS et leur inscription à la nomenclature des actes de biologie médicale (NABM). Ils sortent alors du RIHN pour être pris en charge par l’Assurance maladie dans les conditions de droit commun. En restreignant le RIHN, comme cela semble se dessiner actuellement, le coût sensiblement élevé de ces actes innovants viendra donc en soustraction du GHS, le Groupe homogène de séjour, du moins dans les hôpitaux publics car la biologie y est intégrée. Ce qui se traduira mécaniquement par une perte de revenus et donc une baisse de budget pour nos LBM, et ne sera pas sans effets sur leur modèle économique. Nous sommes nombreux à alerter les pouvoirs publics pour que cet impact soit mieux appréhendé.

> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici 
 

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