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Biologie

La lutte contre l’antibiorésistance : un enjeu de santé publique doublé d’un défi économique


Rédigé par Rédaction le Mardi 3 Mai 2022 à 09:21 | Lu 1549 fois


La Fondation Concorde annonce la publication du rapport « Mieux cibler l’antibiothérapie : un impératif majeur pour notre système de santé » qui pointe le risque de la persistance d’une fuite en avant consistant à privilégier le médicament au détriment du diagnostic dans la lutte contre l’antibiorésistance. Sur la base de solides arguments scientifiques et médicaux, la Fondation Concorde y démontre l’impasse d’une politique seulement basée sur des campagnes de communication visant à sensibiliser l’opinion sur le bon usage et la recherche de nouveaux traitements médicamenteux. Elle invite en conséquence à un changement de modèle permettant de rendre les approches diagnostiques, seules à être en capacité de lutter efficacement, économiquement viables.



Alors que la pandémie de la COVID 19 polarise la recherche mondiale et concentre ses moyens sur la virologie, les ravages causés par les infections bactériennes et l’antibiorésistance continuent de croître en silence. Bien que considérée comme un problème de santé publique majeur et récemment élevée au rang des priorités santé de la présidence française du conseil de l’Union européenne, l’antibiorésistance ne fait toujours pas l’objet de moyens de lutte à la hauteur de ses enjeux. 

A titre d’illustration, un article paru dans « The Lancet » en janvier 2022 évalue l’impact en termes de mortalité à 1,27 millions de morts directement liés à la perte d’efficacité de certains antibiotiques, confirmant une tendance pouvant générer plus de 10 millions de morts d’ici 2050 selon l’OMS. Pour lutter contre ce fléau et endiguer sa progression, les pouvoirs publics ont essentiellement mis en œuvre des campagnes de communication afin de promouvoir un meilleur usage des antibiotiques et des mesures de prévention pour limiter la transmission bactérienne.

La Fondation Concorde formule plusieurs propositions parmi lesquelles :

1- Mettre en place dès l’école une éducation sanitaire. 

2- Améliorer la formation de tous les soignants en matière de diagnostic et de thérapie infectieuse. 

3- Prescrire un test diagnostic type antibiofilm systématique en ville et à l’hôpital en cas d’infection bactérienne récidivante afin de cibler une antibiothérapie adaptée. 

4- Favoriser la recherche et l’innovation dans le domaine du diagnostic microbiologique.

5- Favoriser la recherche, la mise sur le marché et l’utilisation ciblée de solutions thérapeutiques innovantes en matière de lutte contre les infections bactériennes. 

6- Accélérer le déploiement et l’utilisation des contrats à impacts afin de mieux financer la recherche et l’innovation.


Le professeur Daniel SERENI, président de la Commission Santé de la Fondation Concorde, souligne : « S’il apparaît aujourd’hui primordial de mieux identifier la nature du risque des bactéries pathogènes en fonction du contexte dans lequel elles constituent une menace (environnement, pathologie, patient), l’approche diagnostique devra également s’intégrer dans une organisation des pratiques médicales mieux adaptée. Elle permettra ainsi une utilisation ciblée et raisonnée des antibiotiques existants ou à venir, et s’inscrira comme un moyen privilégié de lutte contre les infections bactériennes. »
Jacques MARCEAU, animateur de la Commission, ajoute : « L’innovation diagnostique est non seulement porteuse de nouvelles chances de guérison pour les patients mais encore d’espoir pour l’humanité de faire face à la menace de ne plus disposer d’antibiotique efficace d’ici quelques décennies. Un enjeu majeur, mais qui, comme dans de nombreux autres domaines, dépend dorénavant de l’alignement de modèles d’affaires viables compatibles avec l’intérêt général. »

> Consulter la note de la Fondation Concorde.






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