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Blanchisserie

La blanchisserie d'Agen-Nerac mise sur le « tout séché »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Jeudi 3 Février 2022 à 10:36 | Lu 1588 fois


Inauguré en janvier 2020, le nouveau bâtiment du Groupement de Coopération Sanitaire des Services Inter-hospitaliers du Lot-et-Garonne (SIH47) a été pensé en concept tout séché, avec tri au propre. Résolument moderne, cette nouvelle blanchisserie offre également la possibilité d’utiliser des exosquelettes pour accompagner les agents dans les tâches les plus pénibles.



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Créée en 1984 et agrandie en 2001, la blanchisserie inter-hospitalière (BIH) du Lot-et- Garonne est en constante évolution, inaugurant en le 6 janvier 2020 un tout nouveau bâtiment de 33 000 m2. Le Groupement de Coopération Sanitaire des Services Inter-Hospitaliers du département (GCS SIH 47) a financé cette nouvelle structure pour un budget de 14,5 millions d’euros. « Les anciens locaux, situés au sous-sol de l’hôpital d’Agen, étaient sombres et trop petits pour l’activité actuelle de notre blanchisserie », confie Cédrick Niaussat, responsable qualité de l’établissement.

Initialement prévu pour prendre en charge sept tonnes de linge par jour, cet ancien bâtiment était effectivement devenu trop étroit pour les 50 agents qui traitent chaque jour 12,5 tonnes de linge, dont 450 kg de linge résidents. « La blanchisserie prend en charge la partie hôtellerie, la partie vêtements professionnels et la partie bionettoyage des quinze établissements adhérents* au GCS », complète Mariannic Costa, récemment nommée au poste de directrice de la BIH. Entrés en activité entre le 6 et le 11 janvier 2020, les nouveaux locaux de la blanchisserie ont été pensés pour aisément traiter ces volumes – et même davantage, la capacité du lieu pouvant monter à 18 tonnes par jour.

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Déménagement dans un nouveau bâtiment…

Initié en 2017, le projet a vu le jour après de nombreuses étapes : pré-études, programme prévisionnel, dialogue compétitif, et signature des marchés en 2017 et 2018 pour un lancement des travaux en janvier 2019. « Tout au long de la réflexion, les différentes étapes des process de traitement du linge ont été anticipées afin d’offrir un bâtiment qui répond aux enjeux actuels de la blanchisserie hospitalière », indique Mariannic Costa. Ce nouveau bâtiment permet ainsi au GCS de réaliser des économies d’énergies. Un levier financier important, quand on sait que les prix facturés aux adhérents n’ont pas évolué. Concernant les process, la mise en place d’un flux en U a été pensée pour respecter la norme RABC (Risk Analysis Bio-contamination Control) en facilitant la marche en avant et la séparation des zones propres et sales.
 

Cédrick Niaussat, responsable qualité et Mariannic Costa, directrice de la BIH. ©DR
Cédrick Niaussat, responsable qualité et Mariannic Costa, directrice de la BIH. ©DR

… en pleine crise sanitaire

« Ces nouveaux locaux ont nettement simplifié la prise en charge du linge lors de la crise sanitaire », constate, soulagé, Cédrick Niaussat. Le déménagement de l’atelier de traitement du linge résidents ayant été effectué en mars 2020, les circonstances ont été toutes particulières pour les équipes du SIH47. D’une superficie de 300 m2 répartis entre deux zones, propre et sale, ce nouvel atelier traite chaque jour 450 kg de linge issus des services de long séjour et des EHPAD adhérents au GCS. Équipé de deux laveuses-essoreuses de 80 kg et trois séchoirs de 40 kg, il fonctionne également grâce à un marquage textile « qui permet de reconstituer automatiquement le trousseau du résident », poursuit Mariannic Costa. Pour les autres types de linge, la blanchisserie s’est tournée vers la technologie RFID (Radio Frequency Identification) qui permet là aussi une identification rapide de chaque article.
 

Le choix du « tout séché »

Déjà utilisées dans l’ancien bâtiment de la BIH, ces technologies viennent accompagner l’un des changements majeurs opérés dans le Lot-et-Garonne : l’implantation du process « tout séché ». Développée au Canada, cette méthode prévoit l’utilisation de linge en jersey pour une finition et un séchage en tunnels. « Nos confrères canadiens ont opté pour le tout séché vrac, soit la livraison d’une dizaine de draps non pliés dans un sac », précise Mariannic Costa, avant d’ajouter que le GCS « a décidé de ne pas faire de vrac ». Aujourd’hui dans le Lot-et-Garonne, les draps sont donc pliés et cerclés avant d’être envoyés dans les différents établissements du groupement. 

En France, seule la blanchisserie du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers avait pour l’instant fait le choix du « tout séché ». Dans le Lot-et-Garonne, la mise en place de cette technique a engendré plusieurs évolutions : la mise en place du tri au propre, la réduction de la consommation d’eau et d’énergies ou encore la maîtrise du budget, grâce notamment à un logiciel de réajustement en ligne des dotations. « Pour les établissements sanitaires et médico-sociaux, le principal changement repose sur l’arrivée de ce que l’on appelle le “lit facile” », ajoute la directrice de la BIH.
 

Réel atout pour la qualité de vie au travail des agents, le tri au propre est effectué sur l’ensemble des catégories de linge. ©DR
Réel atout pour la qualité de vie au travail des agents, le tri au propre est effectué sur l’ensemble des catégories de linge. ©DR

Une différence pour les établissements…

En passant au « tout séché », la blanchisserie a dû investir pour remplacer une partie importante de son parc de linge, la méthode étant optimale dans le traitement de draps-housses, des taies et draps jersey. « Ces articles qui ne nécessitent pas de repassage sont également beaucoup plus simples d’utilisation : les draps bénéficiant d’attaches élastiques, soit aux quatre coins, soit uniquement sur deux », détaille Mariannic Costa qui l’assure, « la pose de ces draps sur un lit peut ainsi se faire par une seule personne ». Pour les usagers, la douceur des draps en jersey semble aussi être appréciée. « Les premiers essais réalisés en EHPAD ont montré qu’une majorité des résidents préférait le confort de ces textiles », ajoute Cédrick Niaussat. Alors, même si le choix n’a pas été unanime et que certains acceptent plus difficilement ce changement, « les retours des établissements, et plus particulièrement des EHPAD qui accueillent un public sur le long terme, sont bons », assure le responsable qualité.
 

… et les agents de blanchisserie

Si les établissements adhérents au GCS ne pouvaient donc que remarquer ces nouvelles pratiques, les agents de la blanchisserie ont eux aussi dû s’adapter à la modification des process avec, en premier lieu, la réalisation d’un tri au propre, « un vrai avantage pour l’amélioration des conditions de travail », insiste Mariannic Costa. Dans l’ancien bâtiment, le tri au sale occupait en effet une dizaine d’agents qui « souffraient de ce contact avec les salissures », poursuit la directrice. « Du fait de la suppression du tri au sale, la mise en place de ce système a été particulièrement bénéfique pendant la crise sanitaire », ajoute Cédrick Niaussat. Au quotidien, les agents réalisent donc le tri au propre sur l’ensemble des catégories de linge sec.

Pré-triés par les équipes des établissements adhérents, les sacs de linge sont ouverts pour entrer dans les tunnels, d’où les pièces ressortent propres et sèches. Les agents effectuent alors un tri avant de procéder au pliage mécanique des différents types de linge. « Sur la partie finition, le geste reste sensiblement le même, mais tous bénéficient de la modernité des nouveaux locaux et des nouveaux équipements », détaille la directrice. Auparavant, les équipements anciens, plus lents, démultipliaient notamment l’amplitude horaire de la blanchisserie. Aujourd’hui, le nouveau matériel est non seulement plus rapide, mais également plus ergonomique, permettant aux agents de travailler à hauteur, « plus confortablement », précise Mariannic Costa.
 

Des exosquelettes pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques

Pour compléter cette démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail, mais aussi pour mieux lutter contre les troubles musculo-squelettiques, la blanchisserie d’Agen-Nerac a également investi dans deux exosquelettes. Destinés aux deux postes d’ouverture des sacs et de mise sur les tapis, ces deux outils offrent la possibilité de diminuer la pénibilité d’une tâche qui implique de soulever régulièrement des sacs de 10 kg, « soit un cumul journalier de six tonnes par personne », insiste la directrice. En accompagnant le mouvement du bras, les exosquelettes limitent donc la fatigue des agents et les risques de TMS associés.

Actuellement à l’essai dans plusieurs blanchisseries industrielles, ces outils impliquent pourtant « un apprentissage et un changement de pratiques », ajoute Mariannic Costa, qui constate que l’utilisation des exosquelettes n’est pas systématique. « Certains ne prennent pas le temps d’ajuster les exosquelettes et ne les mettent donc pas, d’autres préfèrent les mettre en fin de semaine quand ils sont fatigués… L’utilisation est propre à chacun et nécessite une appropriation », ajoute la responsable qui n’en doute pourtant pas : « Les jeunes générations sont demandeuses et, à l’avenir, les agents seront sûrement de plus en plus enclins à travailler avec ces nouveaux outils ».

Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.

*
Le Centre Hospitalier Agen-Nérac, l’EHPAD de Cancon, le Centre Hospitalier Départemental de La Candélie, le Centre de Réadaptation Fabien Delestraint, le Centre Hospitalier de Fumel, le Centre Hospitalier de Tournon d’Agenais,le Centre Hospitalier de Penne d’Agenais, l’EHPAD de Puymirol, le Pôle de Santé du Villeneuvois, l’EHPAD de Villeneuve sur Lot, l’EHPAD du Mas d’Agenais, le Centre Hospitalier de Casteljaloux, l’EHPAD de Casseneuil, le Centre de Rééducation de Virazeil, le Centre Hospitalier Intercommunal Marmande-Tonneins.
 






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