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Une mission CES 2025, pour «préparer l’arrivée de l’innovation dans nos hôpitaux»


Rédigé par Joëlle Hayek le Mardi 16 Septembre 2025 à 22:28 | Lu 54 fois


Récemment nommée responsable du service d’ingénierie biomédicale du groupement hospitalier de territoire (GHT) Plaine de France – qui réunit les CH de Gonesse et de Saint-Denis –, Sophie Garde Lebreton est également une membre active de l’AFIB, impliquée dans le comité d’organisation des Journées 2025. En janvier dernier, elle faisait aussi partie de la délégation envoyée au CES de Las Vegas, et nous dévoile certaines des tendances les plus prometteuses repérées lors de ce rendez-vous incontournable de l’innovation technologique.



Pour commencer, pourriez-vous nous rappeler la constitution de la délégation « CES 2025 » ?

Sophie Garde Lebreton : Pour cette nouvelle mission de veille technologique, nous étions six ingénieurs biomédicaux, tous membres de l’AFIB. Outre moi-même, la délégation 2025 réunissait Cléa Vanlerberghe (Groupement hospitalier de l’Institut catholique de Lille), Raphaël Roger (Hôpitaux Civil de Colmar), Jean-Pierre Kupeyan (Hôpital Saint-Joseph de Marseille), Stéphane Kirche (Centre hospitalier de Chalon-sur-Saône) et Hervé Szymczak (Centre Oscar Lambret de Lille). Véritable grande messe de la « Tech », le CES, ou « Consumer Electronics Show », s’est tenu cette année du 4 au 10 janvier 2025. Ce rendez-vous mondial a rassemblé plus de 4 500 exposants répartis sur 23 000 m2, dont 1 400 start-ups, et accueilli plus de 140 000 visiteurs de toutes nationalités. Bien qu’il ne soit pas spécifiquement consacré à la santé, ce secteur y prend toutefois une place croissante. En 2025, il a même été désigné domaine numéro 1 des « CES Awards ». 

Quel est l’intérêt du CES pour les ingénieurs biomédicaux ?

Le CES se distingue nettement des salons et congrès que nous suivons habituellement dans le cadre des missions de l’AFIB. Il offre une vision transversale de l’innovation technologique, permettant surtout d’imaginer comment certaines avancées pourraient demain s’intégrer aux pratiques de soins. C’est aussi l’occasion de repérer, parfois par surprise, une innovation de rupture susceptible de transformer notre propre quotidien, à plus ou moins brève échéance. Dans le cadre de la mission 2025, nous avons concentré notre attention sur quatre thématiques particulièrement prometteuses : la santé numérique, et plus spécifiquement la télémédecine, afin de faciliter l’accès aux spécialistes et de renforcer la précision du diagnostic ; l’intelligence artificielle, appelée à jouer un rôle pivot en santé grâce à des moteurs toujours plus performants, au service de diagnostics plus fiables et de parcours de soins optimisés ; la santé mentale, un domaine qui fait aujourd’hui l’objet d’une réelle prise de conscience, avec des solutions dédiées au bien-être psychologique et au suivi du sommeil ; et enfin, l’autonomie et l’autonomisation du patient, enjeu sociétal majeur, avec des technologies pensées pour accompagner la prise en charge au quotidien.

Il s’agit donc, finalement, d’une fenêtre sur l’avenir…

Oui et non. Nous avons découvert à la fois des solutions déjà abouties et impressionnantes, mais aussi des projets prometteurs qui nécessitent encore d’être développés. Les quatre thématiques que nous avons ciblées convergent finalement toutes vers un même objectif : mettre la technologie au service du lien entre la ville, l’hôpital et le patient. Cela passe par des outils capables de faciliter le diagnostic à distance, de maintenir le suivi à domicile grâce à des dispositifs plus légers, moins intrusifs et moins encombrants et, plus largement, de répondre à deux défis majeurs : réduire l’impact des déserts médicaux et soulager la pression qui pèse aujourd’hui sur les ressources médicales et soignantes.

À l’instar des autres missions de l’AFIB, vous proposerez prochainement un retour détaillé de cette expérience. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Cette restitution prendra deux formes complémentaires. D’une part, un compte-rendu écrit qui présentera, pour chacune des thématiques retenues, les solutions les plus marquantes, qu’elles soient immédiatement transposables ou prometteuses à plus long terme, pour l’hôpital et, plus largement, pour le monde de la santé – soit plus d’une soixantaine d’innovations ! Ce document sera d’abord diffusé aux membres de l’AFIB, avant d’être accessible de manière plus large afin d’alimenter les réflexions nationales sur la santé de demain. D’autre part, une présentation lors des Journées 2025, le jeudi 25 septembre à 10h45. Ce rendez-vous permettra non seulement de partager les grandes tendances observées au CES 2025 et de livrer la vision de l’AFIB avec Cléa Vanlerberghe, mais aussi de découvrir le point de vue de Mathieu Deboeuf-Rouchon, expert reconnu de l’innovation à l’international, qui apportera son propre regard et racontera « son » CES.

Qu’en est-il de votre regard personnel ? Quelles solutions vous ont particulièrement enthousiasmée ?

Je retiendrais d’abord « Be-Parentalis », un assistant pédiatrique de poche conçu par des pédiatres français pour guider les parents dès l’apparition des premiers symptômes, grâce à des recommandations personnalisées et, si nécessaire, une orientation vers les soins adaptés. C’est, à mes yeux, un bel exemple de l’alliance entre intelligence artificielle et expertise clinique, au service d’un enjeu majeur : limiter l’engorgement des services d’urgences. J’ai également été impressionnée par les organes sur puce, véritables « avatars biologiques » développés par la DeepTech lyonnaise Netri. De la taille d’une carte bancaire, ces dispositifs reproduisent les interactions cellulaires à l’échelle tissulaire et permettent de simuler une infection ou une inflammation. Ils ouvrent la voie à des tests rapides et fiables pour évaluer de nouvelles thérapies ou candidats médicamenteux, dans pratiquement toutes les indications thérapeutiques. D’ailleurs, j’ai été très agréablement surprise par le nombre et la qualité des start-ups françaises présentes dans le domaine de la santé. Notre écosystème national se révèle d’une vitalité et d’une créativité remarquables !

D’autres exemples ?

Il est en réalité difficile de trancher, tant les innovations étaient nombreuses et passionnantes. Nous avons découvert, par exemple, des brassières intelligentes capables de détecter précocement un cancer du sein, ou encore une application de dépistage des cancers de l’utérus, déjà utilisée par plus de 20 000 patientes en Bolivie. Ce type de solutions aurait tout sa place en France, où de nombreuses spécialités médicales sont aujourd’hui sous tension. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle suscite d’ailleurs de réelles attentes, tant pour renforcer la prévention que pour soutenir les professionnels de santé. Mais son intégration doit être pensée en amont, avec des systèmes d’information à l’état de l’art, ouverts, interopérables et parfaitement sécurisés. La technologie est déjà là et progresse à une vitesse impressionnante. Ce qui manque désormais, ce sont les investissements adaptés pour l’accueillir et l’exploiter dans des conditions optimales. C’est précisément l’un des objectifs de la mission CES de l’AFIB. Au fond, il ne s’agit pas seulement d’observer l’innovation, mais de préparer activement son arrivée dans nos hôpitaux. C’est cette capacité d’anticipation qui fera la différence dans la qualité des soins de demain.

> Article paru dans le Hors-série AFIB 2025, à lire ici

 






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