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Confort

Trois nouveaux outils pour sensibiliser au risque d’escarres


Rédigé par Rédaction le Mardi 16 Mars 2021 à 09:55 | Lu 1010 fois


Lancé en 2013 par l’ARS Île-de-France, le programme « Sauve Ma Peau » ambitionne de mieux maîtriser le risque escarre à l’échelle de la région. Forts de ses premiers succès auprès des équipes des services hospitaliers, médico-sociaux et de soins à domicile, les porteurs du projet ont dévoilé de nouveaux outils de sensibilisation, dont le serious game « Sauve Ma Peau 2.0 ». La dynamique devrait donc se poursuivre, d’autant qu’une 3ème enquête régionale de prévalence est programmée fin 2020.



Le Dr Marina Martinowsky, cheffe de projet à l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France. ©DR
Le Dr Marina Martinowsky, cheffe de projet à l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France. ©DR
L’enjeu est de taille. Les escarres, ou plaies de pression, sont loin d’être des pathologies anodines, eu égard à leurs impacts sur la santé et la qualité de vie des personnes touchées, mais aussi sur les durées de séjours hospitaliers et les coûts associés. Il n’est dès lors pas étonnant qu’elles soient au cœur du programme « Sauve Ma Peau », initié par l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Île-de-France auprès des établissements sanitaires et médico-sociaux de la région. « La campagneSauve Ma Peau (2013), mais aussi Pare À Chute (2016), ont, toutes deux, été lancées par le Dr Samia Lévy-Djebbour, alors coordonnatrice pour l’efficience des pratiques à l’ARS, par ailleurs très impliquéedans la prévention des événements indésirables associés aux soins », se souvient le Dr Marina Martinowsky, désormais en charge du suivi de ces projets au sein de l’ARS Île-de-France. En contact permanent avec plusieurs équipes soignantes, le Dr Lévy-Djebbour avait, entre autres, coordonné la première enquête de prévalence du risque d’escarres, menée en 2015 dans plus de 200 établissements. « Ce travail, couplé à des réunions régionales et départementales régulières, a permis d’initier une réelle dynamique dont les effets sont encore perceptibles », salue Marina Martinowsky. Afin de maintenir et de renforcer la mobilisation des équipes sur le terrain, l’ARS a souhaité créer des outils de formation et de sensibilisation utilisables à grande échelle. En 2017, elle a donc lancé un appel à projets pour financer trois initiatives. Les projets lauréats ont été présentés en septembre dernier, à l’occasion de la réunion de lancement de la 3ème enquête de prévalence du risque escarre*. La date n’avait d’ailleurs pas été choisie au hasard. En effet, si les deux premiers lauréats ont été publiés sur le site de l’ARS il y a maintenant plusieurs mois, le troisième et peut-être le plus atypique, un serious gameintitulé « Sauve Ma Peau 2.0 », n’a été mis en ligne qu’à la fin du mois de septembre**.

« Sauve Ma Peau 2.0 », une approche renouvelée de la prévention

« Dans sa conception et sa forme, le 3èmeprojet était plus ambitieux et nécessitait donc plus de temps avant de pouvoir être publié », détaille Marina Martinowsky. Portée par l’équipe mobile Plaies et Cicatrisation du Groupe Hospitalier Sud Île-de-France (GHSIF), situé à Melun en Seine-et-Marne, l’initiative prend la forme d’un jeu vidéo gratuit pour proposer au joueur d’incarner un aide-soignant, un infirmier, un médecin ou un patient, chargé de prévenir, de détecter et de soigner des escarres. « Malgré tous nos efforts, nous n’arrivions pas à améliorer durablement la prévention de ces risques spécifiques au sein de nos services de soins. Nous avonsdonc voulu proposer un nouvel outil ludique et rapide pour diversifier la formation accessible dans ce domaine », expliquent Caroline Van Wijk et Caroline Vavon, respectivement infirmière diplômée d’État et ergothérapeute au GHSIF. Pour les aider dans leur démarche, ces professionnels de santé ont pu compter sur l’ARS mais aussi sur la Structure Régionale d'Appui à la qualité et à la sécurité des soins (STARAQS), qui reprend actuellement le programme Sauve Ma Peau, et sur CCCP, un studio de développement de jeux vidéo. « Ce projet de mise à disposition d’un outil de simulation en santé innovant est un formidable exemple de co-construction entre différentes équipes et compétences », souligne Marina Martinowsky. 

Trois outils, trois approches

Lancés en 2019, les deux autres projets lauréats n’en sont pas moins intéressants et viennent, eux aussi, compléter l’offre régionale de formation. Le premier, dont le format est plus classique puisqu’il s’agit d’un kit pour monter une formation en salle, a été développé par la clinique Conti (Val d’Oise), un établissement du Groupe Elsan. L’objectif est ici d’appuyer la création de « trois ateliers de dix minutes chacun, animés par un médecin, un infirmier coordonnateur et un diététicien, afin d’aborder différents points en lien avec les escarres, comme la prévention, la dénutrition… », explique Aline Lheureux, la responsable des soins. Déjà testée dans le département, cette initiative a permis de former plusieurs soignants dont des professionnels intervenant à domicile. Car c’est bien là l’un des points communs à toutes ces formations : elles sont accessibles à tous et à tout type de profil. « Nous voulions créer un outil simple, utilisable par les soignants, par les patients et les aidants », raconte Sylvie Drot, responsable qualité de l’hôpital Marie Lannelongue, un établissement de santé privé d’intérêt collectif implanté au Plessis-Robinson, dans les Hauts-de-Seine, et rattaché au Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph. Spécialisé dans la prise en charge des pathologies thoraciques, l’établissement est à l’origine du deuxième projet lauréat, un outil de e-learningsimple et ludique, qui « peut être utilisé chez soi ou intégré à des journées “escarres” », indique-t-elle. En sélectionnant une solution de e-learningpédagogique, un kit de formation dynamique et un serious gameatypique, le programme Sauve Ma Peau semble bien parti pour relever son défi, sensibiliser les professionnels et le grand public à la prévention des plaies de pression. « La diversité de l’offre proposée était un objectif majeur de notre appel à projet,insiste Marina Martinowsky. Choisir trois initiatives nées dans des établissements aux profils différents était, aussi, un moyen d’avoir plusieurs approches et points de vue, et de toucher ainsi un publicplus large ».
 

Du nouveau pour la prévention des escarres

Invitée à intervenir lors de la réunion de lancement de l’enquête de prévalence sur le risque d’escarre, le Dr Sylvie Meaume, cheffe du service Gériatrie, Plaies et Cicatrisation de l’Hôpital Rothschild (AP-HP), a présenté les dernières avancées en matière de prévention et de prise en charge des escarres. Touchant principalement des personnes de plus de 80 ans, et situées, pour 80% d’entre elles, aux talons et au sacrum, « les escarres ont un impact significatif sur la qualité de vie du patient, dont ces plaies allongent souvent la durée moyenne du séjour », a expliqué le médecin, également vice-présidente de la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC). Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, à l’instar des actions de pression, de friction ou de cisaillement, principales causes d’apparition d’une escarre. Ce ne sont pourtant pas les seuls : à ces paramètres mécaniques s’ajoutent le microclimat – une peau constamment humide est plus à risques – l’immobilité, la dénutrition, l’incontinence, la baisse du débit circulatoire, l’âge, l’état cutané, ou même la pose de dispositifs médicaux (DM) contraignants. « Les cas d’escarres liés aux DM ont augmenté ces derniers mois, notamment dans les services de réanimation », constate Sylvie Meaume. Pour mieux protéger la peau de ces personnes fragiles, plusieurs professionnels de santé utilisent désormais des pansements en préventif, en les positionnant sur des zones pouvant développer des escarres. « Dans cet usage, les pansements ne sont pas remboursés et, il faut bien le rappeler, ne se substituent pas aux autres mesures de prévention. Néanmoins, ils permettent d’amortir les chocs et de limiter les risques de friction et de cisaillement », note la spécialiste qui recommande de privilégier ici des pansements hydrocolloïdes, hydrocellulaires multicouches ou des films de polyuréthane. 

*Revoir les vidéos et le résumé des interventions de la réunion du 29 septembre dernier sur www.staraqs.com/copie-de-nos-activités.
**Les trois lauréats ont été référencés sur le site de l’ARS : www.iledefrance.ars.sante.fr/sauve-ma-peau-maitriser-le-risque-escarre.

Article publié dans le numéro de décembre d'Hospitalia à consulter ici .
 






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