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Tensions estivales sur l’offre de soins: l’ARS Île-de-France fait le bilan et trace des perspectives pour les mois à venir


Rédigé par Rédaction le Lundi 3 Octobre 2022 à 09:21 | Lu 1479 fois


Pour faire face aux tensions estivales sur l’offre de soins, l’ARS Île-de-France a mis en place un plan d’actions territorialisé et qui s’est adapté au fur et à mesure cet été, pour tenir compte des retours exprimés par les acteurs de terrain, hospitaliers et ambulatoires, mais aussi des usagers : la CRSA a été associée au pilotage du dispositif. Alors que la demande de soins n’est pas apparue en hausse par rapport aux étés précédents, la situation difficile de l’offre a conduit l’ARS à déployer des mesures ciblées dans les secteurs les plus en tension : les soins non programmés et les urgences, la périnatalité, la gériatrie et la psychiatrie, en combinant mesures régionales et mesures départementales voire infra-départementales, en tenant compte des propositions des acteurs. Ce plan a été nourri par les mesures de la boîte à outils proposée par la mission flash sur les urgences et les soins non programmés. Si ces mesures et la forte solidarité inter-régionale ont permis de tenir, la situation reste difficile et l’ARS se mobilise pour apporter des solutions plus pérennes aux tensions.



Des tensions hospitalières davantage liées à une diminution du capacitaire qu’à une augmentation de la demande

Tensions estivales sur l’offre de soins: l’ARS Île-de-France fait le bilan et trace des perspectives pour les mois à venir
Pendant la période estivale 2022, le nombre de passages aux urgences a été similaire aux étés précédents, avec toutefois un pic de fréquentation le 15 juillet et une demande de prise en charge soutenue chez les personnes âgées de 75 ans et plus. Le mois d’août a été marqué par une fréquentation inférieure en moyenne aux valeurs de référence des années précédentes (8 000 passages quotidiens autour du 7 août contre une moyenne aux alentours de 9 000 passages). Les hospitalisations ont suivi la même tendance.

En revanche, les tensions RH persistantes ont exercé une pression importante sur l’offre de soins. Cette diminution capacitaire, qui est classique et pilotée chaque année l’été, a été en effet plus marquée que les années précédentes (71% des capacités prévues ouvertes en 2022 contre 80% en 2019, en agrégé).

Des mesures ciblées, dont celles issues de la boîte à outils de la missions Braun, ont montré des résultats

Le système hospitalier francilien a tenu grâce à la mise en place de mesures locales impliquant l’ensemble des acteurs de l’offre de soins, mais aussi et surtout grâce à la mobilisation des équipes soignantes et de direction des établissements, la solidarité régionale et la participation de tous les acteurs.

Parmi l’ensemble des mesures déployées en Île-de-France issues de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés, plusieurs ont eu un impact significatif sur le territoire, notamment l’organisation de la gestion territoriale des lits d’aval, la majoration de la rémunération du travail de nuit et la prise en charge financière de l’hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation en EHPAD. Ainsi, entre le 20 mai et le 15 septembre, 555 personnes âgées ont pu bénéficier d’un hébergement de 30 jours en EHPAD après une hospitalisation, afin de ne pas demeurer inutilement hospitalisés tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’une prise en charge avant leur retour à domicile ou leur maintien à l’EHPAD. 

Des actions de sensibilisation sur le bon recours aux urgences à destination du grand public ont également été mises en œuvre tout au long de la période estivale, en écho à la campagne nationale et en associant les représentants des usagers.

Certains territoires ont eu recours à des mesures complémentaires, adaptées à leur situation spécifique et portées avec leurs acteurs de l’offre de soin, qui ont montré leur efficacité :

• La mobilisation des infirmiers libéraux sur demande de la régulation du SAMU/SAS avec des astreintes réalisées ; cette mesure a par exemple été mise en place via la coordination des CPTS des 11ème, 13ème, 14ème et 15ème arrondissements qui ont déployé un numéro unique à destination des SAMU pour mobiliser des IDE d’astreinte ;

• Le soutien au déploiement des unités mobiles de télémédecine intervenant sur demande du SAMU/SAS dans le 75, 77, 95 et 94 : 1 117 interventions réalisées au domicile dont 80% qui ont conduit au maintien à domicile des patients et 20% à un transfert aux urgences selon les premières estimations, qui doivent encore être confortées ;

• Le renforcement de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) avec un accroissement des lignes de garde et un appui de consultation des médecins libéraux auprès des services d’urgences;

• La mutualisation des moyens de plusieurs services d’urgences. Par exemple, dans le Val d'Oise, un protocole de collaboration avec les établissements du territoire a pu être développé pour anticiper la fermeture ponctuelle des urgences du CCH d’Ermont. En Seine-Saint-Denis, la fermeture ponctuelle et annoncée du SAU de l’Hôpital privé de l’Est Parisien a eu un impact réduit sur les prises en charge grâce à l’organisation territoriale déployée par trois autres établissements du territoire pour orienter et sécuriser les transferts de patients.

Des mesures spécifiques déployées par l’Agence pour garantir la continuité des soins, notamment en périnatalité, psychiatrie et pour la prise en charge des personnes âgées

Face aux tensions particulières sur le secteur de la périnatalité et de la néonatalogie, l’ARS Île-de-France a déployé un plan d’action à court-terme avec la mise en place de deux cellules :

• La cellule de transferts à terme et post accouchement (TATEPA) dont le rôle est de faciliter l’orientation des femmes sur le point d’accoucher (ou qui viennent d’accoucher). Cette cellule a permis de faciliter 107 transferts entre la mi-juillet et la mi-septembre (71 transferts à terme et 36 transferts post-accouchement), en évitant de gérer ces situations dans l’urgence. 

• La cellule d’appui à l’inscription en maternité (AIMA) vise à ne pas laisser de femmes sans suivi de grossesse ou sans inscription en maternité. Depuis début août, la cellule a reçu 285 demandes (dont un tiers émanent de la Seine-Saint-Denis) et a déjà trouvé des solutions dans 75% des cas. 


Les personnes âgées étant un public particulièrement vulnérable mais également souvent orienté de manière inadaptée vers les urgences, l’ARS a déployé des mesures spécifiques pour la période estivale dont beaucoup vont se poursuivre au-delà de l’été :

• Appui au secteur du domicile à travers le recours à des infirmiers libéraux ou salariés des centres de santé pour les SSIAD ;

• Maintien d’une présence médicale en EHPAD et ESMS personnes handicapées PH tout au long de l’été avec la possibilité offerte aux établissements d’augmenter le temps de présence des médecins prescripteurs et/ou coordinateurs et la mise en place d’une mesure de financement complémentaire à la dotation de soins permettant aux établissement de recourir à des médecins libéraux ou des médecins salariés des centres de santé ;

• Continuité de service infirmier et soignant au sein des EHPAD et des établissements prenant en charge les personnes en situation de handicap : financement de temps infirmiers de nuit, recours à des CDD de secrétariat médical « aide aux infirmiers », pour recentrer le temps infirmier sur le soin, et recours à des CDD « canicule ».


L'Agence a enfin mis en place des mesures de soutien pour le secteur de la psychiatrie, également confronté à de fortes tensions. Une cellule régionale d’appui à la recherche de lits d’hospitalisation en psychiatrie a été créée (près de 650 demandes adressées entre fin avril et mi-septembre, près de 100 places trouvées par cette cellule). Cette cellule poursuit son activité et des actions sont conduites pour tenter d’améliorer son efficacité. Une réunion hebdomadaire avec les acteurs concernés a également été organisée afin de régler les situations complexes et le secteur privé a été mobilisé. 

L’ensemble des mesures déployées a permis de faire face aux tensions estivales mais la pression sur le système sanitaire et médico-social reste très importante à ce jour, particulièrement dans les services pédiatriques, où il est constaté une nette augmentation des passages aux urgences, et sur la psychiatrie.  Les équipes de l’ARS Île-de-France travaillent, avec l’ensemble des acteurs, à la pérennisation des mesures qui ont prouvé leur efficience dans un contexte de ressources humaines en santé rares, ainsi qu’à de nouvelles actions permettant d’offrir des solutions pérennes.

Retours de la Conférence Régionale de la Santé et de l'Autonomie (CRSA)

L’ARS Île-de-France a souhaité associer les représentants des usagers au plan d’action pour pallier les tensions de l’offre de soins en Île-de-France. Cette concertation a permis d’être à l’écoute des inquiétudes et des questions des usagers et d’adapter la communication régionale.

« Cette concertation et cette mobilisation de tous les acteurs a tiré le meilleur profit de l’expérience de la gestion de la crise sanitaire du COVID qui a aussi permis d’associer la grande variété des acteurs en capacité d’agir, en particulier localement : opérateurs de santé en établissement ou en ville, acteurs de la décision publique et collectivités territoriales, représentants des usagers et des personnes accompagnées et leurs accompagnants… La CRSA, qui est l’instance régionale de la démocratie en santé, a fait partie du tour de table de la concertation régionale de cet été. Nous nous en réjouissons et voyons là une illustration concrète de la pertinence d’une culture de démocratie en santé et de notre capacité commune à agir en associant nos savoirs et nos expériences », explique Renaud Coupry, président de la CRSA.

« Les professionnels de santé, l'ARS et les représentants des usagers de la CRSA ont su trouver des solutions pour le court terme mais il faut penser aussi sur le long terme. Un plan d’actions pérenne est à construire collectivement en tenant compte des retours d’expériences des usagers et des professionnels de santé. Certaines mesures, dont le soutien au déploiement des unités mobiles de télémédecine et le recours à un hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation en EHPAD ont bien fonctionné selon nous », ajoute Sidi-Mohammed Ghadi, représentant des usagers de la CRSA.






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