Connectez-vous S'inscrire
Le magazine de l'innovation hospitalière
SIS

Télésanté : le Catel œuvre pour l'intérêt collectif


Rédigé par Joëlle Hayek le Mardi 24 Janvier 2023 à 13:28 | Lu 1200 fois


Membre actif du Catel depuis déjà plusieurs années, Stéphan Haaz en est devenu le directeur général en juin dernier. Prenant le relais du cofondateur Pierre Traineau, il revient, pour Hospitalia, sur les travaux et perspectives de cet incubateur de communautés e-santé, qui se positionne désormais comme un réel « tiers de confiance » afin de toujours mieux accompagner les nouveaux usages numériques.



Stéphan Haaz, directeur général du Catel. ©DR
Stéphan Haaz, directeur général du Catel. ©DR
Né il y a 25 ans, le Catel se démarque par une approche communautaire associant tous les acteurs de l’écosystème de la e-santé. Pourriez-vous nous en parler ?
Stéphan Haaz : Initialement créé pour accompagner les premiers usages de l’internet par les professionnels du soin, le Catel a rapidement élargi son expertise aux pratiques télémédicales puis à la santé numérique dans toutes ses dimensions, avec à chaque fois la volonté de s’inscrire dans une logique de réseau. Les différentes communautés créées au fil des années sur des thématiques spécialisées, et les collectifs d’experts qui en sont issus – « plaies et cicatrisation », « système d’information hospitalier et de territoire », « téléconsultation et télésoin », « télésurveillance médicale », etc. – associent systématiquement des utilisateurs et usagers de technologies numériques, des éditeurs et opérateurs industriels, et des acteurs institutionnels, afin de diversifier les points de vue et faire émerger des solutions basées sur l’intelligence collective. Le Catel s’affiche à ce titre comme un tiers de confiance parfaitement neutre, c’est-à-dire affranchi de tout intérêt corporatiste et attaché à la recherche du bien général.
 
Cette notion de « tiers de confiance » est pour vous centrale.
Le numérique en santé a un extraordinaire potentiel applicatif, pour faciliter l’organisation des soins, améliorer les prises en charge et répondre aux problématiques de l’accès aux soins dans les territoires. En facilitant les échanges et le partage d’expériences entre toutes les parties prenantes, nous pouvons mettre à plat l’actuelle vision par silos et dégager des consensus, afin d’accompagner les nouveaux usages et favoriser les meilleures pratiques. Nous avons par exemple récemment présenté les recommandations de bonnes pratiques élaborées par le collectif « plaies et cicatrisations », et avons été encouragés à poursuivre cette méthodologie par la Haute Autorité de Santé. De même avec le think tank « Télé-ophtalmologie » : nous avons réuni les « 3 O », Ophtalmologistes, Orthoptistes et Opticiens, pour travailler sur plusieurs situations d'usages possibles de la téléophtalmologie en réponse à des enjeux de santé publique ciblés . Un livre blanc sur le développement de la Téléophtalmologie a d’ailleurs été publié en 2022.
 
Une autre actualité marquante concerne la communauté « système d’information hospitalier et de territoire ». Pourriez-vous l’évoquer ?
Nous avons en effet initié ici une collaboration avec la CAIH, la centrale d’achat de l’informatique hospitalière, autour de la digitalisation du parcours patient, en mettant en place un programme d’accompagnement ouvert à tous les établissements de santé, quel que soit leur niveau de maturité sur ce sujet précis. Les premières étapes sont opérées par le Catel, pour questionner le projet de l’établissement et travailler ensemble à la définition de son périmètre fonctionnel et l’identification de solutions, en lien avec une grille de qualification recensant les différentes solutions industrielles aujourd’hui présentes sur le marché français. La CAIH prend ensuite la main pour que l’établissement puisse engager des échanges avec les éditeurs et bénéficier d’un accompagnement jusqu’à la phase d’investissement. Ce programme est d’autant plus pertinent que le « virtual care » est déjà devenu la norme dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis. La digitalisation de la préadmission n’en est certes qu’une brique, mais elle contribue à la nouvelle répartition des rôles et à la nécessaire évolution des organisations sanitaires au sein des territoires.
 
D’autres travaux menés par cette même communauté ont trait à l’imagerie médicale. Que pourriez-vous nous en dire ?
Lors de notre dernier voyage d’études au congrès HIMSS, aux États-Unis, nous avons constaté que plusieurs acteurs de l’imagerie médicale développaient des solutions pour le pilotage de cette activité par la donnée, et avons donc souhaité réfléchir aux implications de cette nouvelle dynamique pour la coordination et la régulation territoriales des soins. De manière quasi concomitante, l’Agence du Numérique en Santé a lancé une concertation autour du projet DRIM-M (Data Radiologie, Imagerie Médicale et Médecine Nucléaire), qui vise notamment à renforcer l’échange des données d’imagerie. Nous avons donc constitué un collectif pour justement travailler sur le sujet, avec des établissements de santé publics, privés et associatifs, des radiologues, des ingénieurs biomédicaux et des directeurs de systèmes d’information. Nous souhaitons ainsi apporter des réponses pluriprofessionnelles sur les modalités d’échange des données d’imagerie, mais aussi travailler sur de nouvelles briques d’usage, par exemple en lien avec la recherche clinique. En 2023, nous comptons aller plus loin encore et créer un Observatoire afin d’accompagner de manière très opérationnelle les expérimentations sur le terrain.
 
Sur un autre registre, quel regard portez-vous aujourd’hui sur les usages de la télésanté en milieu hospitalier, qui est l’un de vos domaines d’expertise historiques ?
En 2021, le Catel et la FHF avaient justement mené une enquête nationale sur le sujet. Adressée à tous les GHT français, elle avait permis de recueillir 51 réponses exploitables et de mieux cerner la vision qu’en avaient les utilisateurs eux-mêmes. Ainsi, la télésanté ne constitue plus un sujet d’expérimentation, elle est désormais bien ancrée dans les esprits, mais la satisfaction apportée est sans surprise étroitement corrélée au niveau de maturité des établissements et d’intégration des solutions dans les organisations et pratiques médicales. Nous avons également cherché à identifier le positionnement des GHT par rapport aux quatre piliers assurant le succès d’une stratégie Télésanté – soit une gouvernance dédiée, une feuille de route claire, un plan d’action pour la conduite du changement et des outils de pilotage. La marge de progression semble réelle sur les deux premiers, mais elle gagnerait à s’améliorer encore sur les deux autres. Bien que considérée comme l’un des principaux enjeux, la conduite du changement, en particulier, n’est mise en œuvre que de manière marginale. Cela dit, pour que la télésanté fasse partie intégrante des pratiques quotidiennes et de l’environnement professionnel, il reste encore des pas à franchir en termes d’interopérabilité, elle-même synonyme d’utilisation simplifiée.
 
Un mot pour finir sur l’actualité récente autour des téléconsultations ?
Comme nous venons de le voir, nous constatons sur le terrain un intérêt affirmé pour la télésanté, et le Catel s’attache justement à accompagner le bon usage de ces solutions. En ce qui concerne plus spécifiquement les téléconsultations : un recadrage après la forte dynamique apportée par l’épidémie Covid peut être opportun dans certains cas de figure. Faut-il, pour autant, limiter les téléconsultations à la présence, de bout en bout, de deux professionnels de santé ? Je n’en suis pas convaincu. La téléconsultation assistée a démontré son utilité dans un grand nombre de cas d’usages, et gagnerait certes à être développée et opérée par des professionnels dûment formés. C’est d’ailleurs une position que nous défendons de longue date. Mais la téléconsultation en « solo » a elle aussi son intérêt, en particulier en télépsychiatrie – un point probablement méconnu par le corps législatif. Il faut donc raison garder, et justement réfléchir par cas d’usages pour ne pas détruire ce que nous avons mis dix années à construire.

Article publié dans l'édition de décembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.
 






Nouveau commentaire :
Facebook Twitter







CONTACT

HOSPITALIA

Immeuble Newquay B / B35
13 rue Ampère
35800 Dinard 
Tél : 02 99 16 04 79
Email : contact@hospitalia.fr

Abonnement :
abonnement@hospitalia.fr