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Rencontre avec Olivier Clatz, directeur du programme Ségur Numérique


Rédigé par Joëlle Hayek le Jeudi 27 Janvier 2022 à 14:10 | Lu 1827 fois


Annoncé dès juillet 2020, le volet numérique du Ségur de la santé, dit Ségur Numérique, est activement entré dans sa phase opérationnelle, avec pour ambition d’accélérer la transition de notre système de santé vers le monde du digital. Un virage nécessaire, qui impose néanmoins la mobilisation de tous, éditeurs, professionnels de santé et usagers. Bilan d’étape.



Olivier Clatz, directeur du programme Ségur Numérique auprès du ministère des Solidarités et de la Santé. ©DR
Olivier Clatz, directeur du programme Ségur Numérique auprès du ministère des Solidarités et de la Santé. ©DR
« Le Ségur Numérique est issu d’un constat posé lors de la concertation nationale organisée à l’issue de la première vague épidémique : avec la crise sanitaire, le numérique en santé s’est plus que jamais imposé comme un enjeu structurant pour notre système de soins, et aussi un moyen de mieux se préparer aux futures crises », explique Olivier Clatz, directeur du programme Ségur Numérique auprès du Ministère des Solidarités et de la Santé, en évoquant son « mandat » : généraliser le partage sécurisé des données de santé pour améliorer la coordination des parcours, en harmonisant et en optimisant les outils numériques mis à disposition des professionnels de santé et des usagers.
 

Un plan de financement historique

Véritable accélérateur de la feuille de route du numérique en santé, cette démarche inédite portée par la puissance publique interpelle en premier lieu par l’enveloppe massive qui lui est allouée : deux milliards d’euros, dont 1,4 milliard pour le secteur sanitaire et 600 millions pour le médico-social. « Ce plan d’investissement historique est la partie la plus visible du programme, mais le Ségur Numérique comporte également un important volet règlementaire : nous allons notamment faire évoluer les véhicules incitatifs existants, comme l’Incitation financière à l’amélioration de la qualité (IFAQ) pour les hôpitaux ou le forfait structure pour les professionnels libéraux, afin de les mettre à la “sauce Ségur’”», précise-t-il.

Autre nouveauté : ces leviers sont directement associés à des objectifs d’usage, notamment matérialisés par le programme de financement forfaitaire SUN-ES, pour Ségur Usage Numérique en Établissements de Santé, comportant une enveloppe de 210 millions d’euros. « SUN-ES se situe dans le prolongement du programme HOP’EN, dont il reprend l’esprit. Il vise aussi à corriger certains écueils, en particulier une dynamique plus forte souvent observée à échéance du programme. Avec SUN-ES, les financements sont dégressifs dans le temps, et les exigences, elles, sont croissantes », ajoute Olivier Clatz.
 

Une mobilisation massive pour la première fenêtre SUN-ES

Cette rupture dans la manière de mettre en place une politique publique semble s’avérer gagnante : le 31 octobre dernier, à la clôture de la première fenêtre de financement du programme SUN-ES, pas moins de 990 établissements avaient déjà déposé leur candidature. « Cela représente 52 % de l’activité combinée, c’est-à-dire de l’activité réalisée par les établissements du territoire, soit plus du double de notre objectif initial », sourit-il. Au total, plus de 32 % de l’ensemble des établissements de santé éligibles en France, publics, privés, ESPIC ou CLCC, grands, moyens ou petits, MCO, SSR, HAD ou encore PSY, se sont mobilisés cet automne.

Ceux dont les candidatures auront été validées par les Agences Régionales de Santé au 31 décembre 2021 s’engageront à atteindre, au premier semestre 2022, des cibles d’usage ambitieuses autour de l’alimentation du Dossier Médical Partagé (DMP) – lettre de liaison de sortie, ordonnance de sortie, compte-rendu opératoire, compte-rendu d’examens de biologie médicale et d’imagerie. « Naturellement, ce fort taux d’engagement nous pousse à être optimistes. Mais nous restons humbles : il reste du chemin à parcourir pour que la transformation numérique soit effective. La première année du Ségur doit permettre de poser les fondamentaux pour la modernisation des outils numériques, avec la construction d’infrastructures socles. Nous passons aujourd’hui le témoin aux professionnels de santé, aux éditeurs de logiciels et aux patients, qui doivent désormais s’emparer du programme et lui donner corps. À eux de jouer ! », insiste-t-il.
 

Les directeurs d’établissements et les DSI, acteurs du changement

L’écosystème concentre donc aujourd’hui toutes les attentions. Ainsi, pour assurer l’engagement des éditeurs – véritable nerf de la guerre, puisque seules les solutions numériques référencées par l’Agence du Numérique en Santé (ANS) seront éligibles aux financements Ségur –, « nous avons co-construit avec eux le volet ‘équipement’, dit SONS pour Système Ouvert et non Sélectif, dont le financement repose sur un dispositif d’achat pour compte. Nous avons en outre essayé de les outiller au mieux, et continuons de les accompagner pour la mise en conformité de leurs logiciels avec le Dossier de Spécifications de Référencement (DSR), en communiquant en toute transparence sur les avancées des uns et des autres », note Olivier Clatz.

À cette mobilisation des offreurs de solutions doit répondre, en miroir, celle des établissements de santé, et plus particulièrement des directions des systèmes d’information (DSI), dont les équipes sont déjà très chargées. « Une impulsion forte doit être donnée par la direction de l’établissement, pour prioriser le Ségur et lui dédier un temps-projet. Le temps de mobilisation des équipes devrait être réduit : nous avons essayé de simplifier les procédures au mieux en amont. Mais le Ségur est par définition transformant. Il aura donc forcément un impact qu’il faudra accompagner », explique-t-il. Pour illustrer ses propos, le directeur du programme évoque notamment l’Identité Nationale de Santé (INS), l’un des projets socles de la feuille de route du numérique en santé, dont l’utilisation pour référencer les données de santé est obligatoire depuis le 1er janvier 2021 : « La mise en place de l’INS modifie la manière dont fonctionnent l’accueil et l’admission des patients, voire bouleverse la gestion des flux numériques. Cela doit être anticipé et intégré dans la conduite du changement ».
 

« Le patient sera moteur »

Dernier écueil, et non des moindres : l’engagement des patients eux-mêmes car, comme le souligne avec justesse Olivier Clatz, « le numérique n’est pas une fin en soi ». Les usagers doivent donc se saisir des parcours de soins numériques, mais ne le feront que s’ils y voient « de la valeur » : une admission plus rapide, un accès simplifié aux données de santé, etc. « La clé du Ségur Numérique réside, in fine, dans notre capacité collective à libérer l’échange des données patient et à mieux l’impliquer dans son parcours », note-t-il avant de conclure : « Le patient sera moteur. C’est là, à mon sens, notre principal enjeu pour les années à venir… d’autant qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de santé numérique. Or la poursuite de l’action publique sera nécessairement dépendante du succès du Ségur »

Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.






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