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Hygiène

Le dioxyde de chlore, une alternative prometteuse contre les organismes multirésistants et les biofilms


Rédigé par Joëlle Hayek le Lundi 13 Octobre 2025 à 09:55 | Lu 58 fois


Chaque année, les infections résistantes aux antimicrobiens causent des milliers de complications graves dans les établissements de santé. Une situation exacerbée par la présence de biofilms sur les surfaces environnementales et celles des dispositifs médicaux, véritables réservoirs d’organismes multirésistants. Pour faire face à ce défi, une étude innovante a récemment exploré le potentiel du dioxyde de chlore (CIO2) Tristel comme piste prometteuse pour éliminer ces pathogènes tenaces et empêcher leur propagation. Le décryptage de Sam Hardy, chef de projet clinique senior.



Quels étaient vos objectifs dans cette étude ?

Sam Hardy : Nous voulions évaluer l’efficacité des désinfectants à base de dioxyde de chlore (CIO2) sur les organismes multirésistants et les biofilms. La résistance aux antimicrobiens constitue un enjeu majeur de santé publique : la prise en charge des infections est alors plus compliquée, les séjours hospitaliers sont plus longs et deviennent plus coûteux. Les options thérapeutiques peuvent en outre se réduire, ce qui entraîne une morbidité et une mortalité importantes. Or, l’environnement hospitalier est souvent contaminé par des organismes multirésistants. Des mesures de nettoyage et de désinfection efficaces sont donc essentielles pour réduire cette charge environnementale et freiner la transmission des pathogènes. 

Quel rôle jouent les biofilms dans cette problématique ?

Les biofilms sont des communautés microbiennes organisées, protégées par une matrice appelée substance polymérique extracellulaire (SPE). Cette barrière, conjuguée à des facteurs tels que le métabolisme ralenti des cellules, limite fortement l’efficacité des antimicrobiens tels que les désinfectants, notamment ceux qui ciblent directement les processus biologiques actifs. Par ailleurs, les biofilms servent de réservoirs pour les gènes de résistance et facilitent leur transfert, contribuant à la persistance et la diffusion des organismes multirésistants. Les cibler est donc crucial. 

Comment avez-vous mené vos expérimentations ?

Nous avons préparé plusieurs solutions de dioxyde de chlore selon la chimie développée par Tristel, utilisables par essuyage, par pulvérisation ou par immersion. Nous avons évalué cette chimie avec différents supports (lingettes, mousse, solution liquide), à de multiples concentrations (120, 150 et 200 ppm) et temps de contacts (de 30 secondes à 5 minutes), pour examiner l’efficacité des désinfectants à base de dioxyde de chlore dans des conditions variées. Pour les organismes multirésistants, nous nous sommes appuyés sur les normes européennes en vigueur, particulièrement la norme EN 14 885, qui encadre l’évaluation de l’activité bactéricide, fongicide, virucide, mycobactéricide et sporicide des désinfectants chimiques. Nous avons toutefois élargi le panel à des bactéries Gram positives, Gram négatives et un champignon résistant. S’agissant des biofilms, et sans directive existante, nous avons utilisé le modèle de la concentration minimale d’éradication du biofilm (MBEC), défini par la norme ASTM E2799. Concrètement, nous avons cultivé des biofilms deStaphylococcus aureus et de Pseudomonas aeruginosa, puis les avons exposés aux différentes solutions de dioxyde de chlore afin de mesurer leur efficacité.

Quels résultats avez-vous obtenus ?

Ils se sont révélés très encourageants. Dans toutes ses applications, le dioxyde de chlore a entraîné une réduction logarithmique significative – entre 4 et 7 log10 – sur l’ensemble du panel d’organismes testés. Nous avons notamment confirmé son efficacité contre des pathogènes émergents particulièrement difficiles à éradiquer, tel que le champignon multirésistant Candidozyma auris (anciennement Candida auris). Ces observations rejoignent d’autres travaux ayant déjà démontré la large efficacité du dioxyde de chlore contre des agents pathogènes cliniquement pertinents. Concernant les biofilms, toutes les formulations ont réduit à plus de 99,99 % les populations de S. aureus et P. aeruginosa, même sur des temps de contacts courts selon la charge initiale en organismes. C’est la première étude démontrant l’efficacité du dioxyde de chlore contre des biofilms sur surfaces selon le modèle MBEC, alors que les travaux antérieurs portaient surtout sur les systèmes d’eau. Enfin, un résultat particulièrement marquant concerne la comparaison avec le chlore à 10 000 ppm, efficace mais trop agressif pour un usage hospitalier : le dioxyde de chlore atteint des performances comparables, voire supérieures, à seulement 120-200 ppm. Cela confirme son intérêt comme un candidat pertinent en matière de décontamination.

Qu’en est-il de son intérêt dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens ?

En premier lieu, le dioxyde de chlore s’impose comme une solution efficace pour éradiquer les organismes multirésistants et limiter leur propagation. Mais il présente un autre avantage déterminant, car il ne favorise pas l’émergence de résistances. Son mode d’action oxydant est en effet unique : en captant des électrons aux composants cellulaires essentiels, il provoque un déséquilibre moléculaire irréversible qui entraîne la mort de la cellule. Cette oxydation, qui cible simultanément différentes structures cellulaires, ne laisse aucune possibilité de développer d’adaptation ou de résistance. À l’inverse, d’autres désinfectants largement utilisés en routine, tels que les ammoniums quaternaires (CAQ) ou l’éthanol, peuvent stimuler la production de la matrice extracellulaire (SPE), renforçant paradoxalement la résistance. Le CIO2 représente donc une alternative stratégique.

Quelles sont les implications concrètes pour les hôpitaux ?

Les surfaces hospitalières présentent une charge microbienne plus élevée et abritent fréquemment des pathogènes à haut risque, ce qui les rend plus problématiques que les surfaces générales. Leur décontamination est essentielle pour limiter la transmission via les dispositifs médicaux et surfaces. Compte tenu des résultats obtenus, l’intégration du dioxyde de chlore dans les protocoles de désinfection pourrait réduire de manière significative la transmission des infections associées aux soins et, indirectement, limiter le recours aux antibiotiques. Les désinfectants Tristel à base de CIOapparaissent ici comme des candidats sérieux, qu’il s’agisse de réaliser une désinfection de haut niveau (lingette sporicide activée Tristel Trio Wipes System, mousses désinfectantes Tristel DUO) ou un nettoyage quotidien (détergent-désinfectant sporicide prêt à l’emploi JET LUX, ou à diluer FUSE). Il reste toutefois à continuer à sensibiliser la communauté hospitalière sur les forces et faiblesses de chaque méthode de désinfection, afin de toujours mieux lutter contre la résistance antimicrobienne.

> Consulter l’étude
> Plus d'informations sur le site de Tristel


> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, 
à lire ici 

 






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