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Dépistage génomique, réadaptation numérique, cohorte cérébro-cardio-vasculaire : à Dijon, la prévention change d’échelle


Rédigé par Rédaction le Mardi 21 Octobre 2025 à 11:41 | Lu 95 fois


Tout le monde parle de prévention ; comment un CHU peut-il soutenir cette dynamique sur son territoire et porter une ambition de transposition dans les pratiques au niveau national ?



Dépistage génomique, réadaptation numérique, cohorte cérébro-cardio-vasculaire : à Dijon, la prévention change d’échelle
Organisées par le CHU Dijon Bourgogne, les premières Assises nationales de la prévention et du dépistage ont rassemblé plus de 500 participants et livré des résultats tangibles :

• le projet PERIGENOMED, d’extension du dépistage néonatal par la médecine génomique, a d’ores et déjà permis le séquençage du génome de 633 nouveau-nés et l’identification d’une maladie rare chez 10 d’entre eux, ouvrant la possibilité d’une prise en charge précoce,

• le lancement officiel de REALISTIC, tiers-lieu d’expérimentation de solutions numériques en réadaptation et rééducation en conditions réelles, fondé sur des collaborations étroites entre recherche académique et industrielle, hôpital et médecine libérale, pour guider des choix cliniques et organisationnels appuyés par la preuve. Le projet est porté par le CHU Dijon Bourgogne au sein d’un consortium rassemblant l’Université Bourgogne Europe, le technopole SANTENOV Dijon Bourgogne et France Assos Santé,

• la feuille de route pour la constitution d’une cohorte cardio-cérébro-vasculaire pour faire face à la hausse de 50 % des AVC attendue d’ici 2050.

L’enjeu est clair : passer des preuves à l’impact populationnel en outillant la prévention par les résultats de la recherche, par la donnée, l’intelligence artificielle (IA) et l’expérimentation sur le terrain. « À Dijon, nous avons réuni, pour la première fois, l’ensemble des acteurs nationaux de la prévention et du dépistage — établissements, chercheurs, collectivités, associations et industriels. Ces Assises nationales sont en déclinaison d’une politique nationale et présenteront tous les deux ans des résultats concrets et les dernières avancées de la recherche. Nous donnons d’ores et déjà rendez-vous à tous en septembre 2027, à Dijon, pour une deuxième édition qui mesurera les progrès accomplis et amplifiera la dynamique engagée » déclare Freddy Serveaux, Directeur général du CHU Dijon Bourgogne.

« Nous appartenons tous au même système de santé et nous devons nous approprier la prévention. Elle doit devenir un objet prioritaire de recherche et d’action : les CHU, à l’interface des patients, des laboratoires et des registres/entrepôts de données, ont une place singulière pour documenter et déployer des politiques efficaces. Pour réussir, il faut aussi une alliance nouvelle entre l’éducation et la santé afin de renforcer la littératie en santé et de transmettre une culture de la prévention en santé » ajoute le Pr Alain Bonnin, Président de la Commission Médicale d’Établissement du CHU Dijon Bourgogne.

Des Assises qui confirment le rôle d’ensemblier du CHU Dijon Bourgogne

Au-delà des résultats, les Assises nationales de la prévention et du dépistage confirment la nécessité d’un virage de soutenabilité : notre système de santé est performant en matière de soins curatifs, mais il est confronté à différents défis : vieillissement de la population, inégalités d’accès, vulnérabilités. En 2021, moins de 50 % des Français atteignaient 65 ans en bonne santé (contre 77 % en Suède). La marge de progression est considérable et les établissements de santé ont un rôle décisif à jouer.

Le CHU Dijon Bourgogne s’appuie pour cela sur une longue tradition d’épidémiologie de terrain : des registres ou observatoires populationnels (cancers digestifs, hémopathies malignes, AVC, observatoire de l’infarctus) qui ont permis de passer des données aux décisions de santé publique. Recherche épidémiologique, et aussi recherche translationnelle associant les cohortes de patients et les travaux fondamentaux des unités de recherche de l’université Bourgogne Europe et des organismes de recherche INSERM et INRAE.

L’essor de l’intelligence artificielle et l’intégration de facteurs génétiques, cliniques et socio-comportementaux rendent aujourd’hui cette approche préventive pleinement opérationnelle, en allant jusqu’à la prédiction pour donner toute effectivité à ce type de démarche sur un territoire. À cet égard, la collaboration du CHU Dijon Bourgogne avec PREVIA Medical pour anticiper et prévenir la survenue de l’insuffisance rénale aiguë chez des patients hospitalisés est un prélude à ce qui pourrait être mis en place à l’échelle d’un territoire, au service d’une population. Les Assises nationales de la prévention et du dépistage ont montré que le lien avec les collectivités locales et l’ensemble des acteurs de santé sur un territoire est essentiel.

Au-delà des annonces, les Assises nationales confirment le rôle d’ensemblier du CHU : aligner recherche et innovation, organisation et financement avec les collectivités et les usagers pour agir là où la prévention crée le plus de valeur — santé mentale, cardio-neuro, santé des femmes, des mères et des enfants, nutrition, cancers, réadaptation et autonomie. La prévention primordiale, rappelée par le Pr Jean-Philippe Empana (Inserm), devient l’ossature des politiques locales : intervenir avant l’apparition des facteurs de risque, en s’appuyant sur la mesure (registres), la prédiction (IA) et l’accompagnement au plus près des personnes.

Les Assises nationales de la prévention et du dépistage ont ainsi vocation à se tenir tous les deux ans pour faire le point, scientifique, organisationnel et économique, sur ce nouveau modèle de santé.
> La 2e édition des Assises nationales de la Prévention et du Dépistage aura lieu en septembre 2027, à Dijon.

Quatre chantiers structurants à suivre

PERIGENOMED : le dépistage néonatal génomique change d’échelle

Le pilote PERIGENOMED CLINICS 1 (cinq maternités d’hôpitaux universitaires : Dijon, Besançon, Rennes, Nantes, Angers) vise à démontrer la faisabilité d’étendre le dépistage néonatal par la médecine génomique chez 2 500 nouveau-nés et livre l’ossature d’un dépistage génomique opérationnel : listes de plus de 200 maladies génétiques graves à forte valeur d’action clinique, pipeline bio-informatique standardisé, circuit de rendu maîtrisé (consentements, délais, rendus de résultats), parcours de prise en charge précoce.

Au CHU Dijon Bourgogne, les inclusions sont terminées : 633 nouveau-nés dépistés et 10 cas de maladies rares identifiés, avec adaptation immédiate des prises en charge, preuve que la génomique, bien intégrée, améliore concrètement le pronostic. L’étape suivante, PERIGENOMED CLINICS 2, préfigurateur d’extension en vie réelle vise un passage d’échelle régional : 19 000 nouveau-nés à inclure à partir d’avril 2026 dans 15 maternités de 5 départements de Bourgogne-Franche-Comté (Côte-d’Or, Doubs, Jura, Saône-et-Loire, Yonne), pour évaluer l’utilité clinique de ce dépistage néonatal élargi, son acceptabilité en routine par les familles, ainsi que la soutenabilité économique et environnementale d’un déploiement national.

Le protocole intègre :
• un encadrement éthique rigoureux (consentements parentaux, information, droit de ne pas savoir),
• une interopérabilité et une sécurisation des données,
• une optimisation des flux maternité-laboratoires-services de pédiatrie-centres de référence/compétences maladies rares,
• la formation des équipes,
• l’accompagnement des parents.

Les indicateurs d’impact suivront la délivrance des résultats, les délais de confirmation, l’effectivité des prises en charge et les bénéfices médico-économiques (éviction de handicaps évitables, optimisation des parcours).
Jalons : consolidation des listes de gènes et des référentiels de rendu, contractualisation des sites, préparation des chaînes logistiques et des outils de reporting régionaux.


REALISTIC, tiers-lieu d’expérimentation en rééducation et réadaptation (France 2030)

Lauréat France 2030 et lancé pendant les Assises, REALISTIC est un tiers-lieu d’expérimentation visant à tester en conditions réelles des solutions numériques (capteurs, IA de mouvement, thérapies digitales, dispositifs d’assistance, télé rééducation…) pour prévenir les limitations fonctionnelles, accélérer la récupération et sécuriser le retour à l’autonomie après un épisode aigu ou dans le cadre des maladies chroniques.

Le dispositif propose un accompagnement 360° « de l’idée à l’accès marché » :
• co-conception avec usagers, soignants, étudiants et industriels,
• preuve de concept sur plateforme,
• expérimentation dans les structures hospitalières et sur les lieux de vie,
• évaluation clinique, médico-économique et d’usage,
• valorisation et diffusion (référentiels, retours d’expérience, formation).

Les équipes s’appuient sur la des plateformes technologiques au CHU Dijon Bourgogne, à l’université Bourgogne Europe, chacune labellisée Inserm (analyse du mouvement, neurophysiologie, espaces multi- sensoriels…) et un réseau de sites pour la transition hôpital-domicile et le suivi à distance.

Prochaines étapes : Trois priorités structurent la feuille de route :
• optimiser la rééducation à l’hôpital (protocoles outillés, mesure de progression),
• sécuriser la transition hôpital-domicile (éducation thérapeutique, télésuivi, prévention des réhospitalisations),
• outiller le suivi continu au domicile (alertes, plans d’entraînement personnalisés, accompagnement des aidants).

Les indicateurs attendus incluent la récupération fonctionnelle, la réduction des durées d’hospitalisation, l’éviction d’événements indésirables et le retour à l’activité.

Ambition à 5 ans : faire de REALISTIC un centre de référence européen de la réadaptation numérique, préfigurant l’ouverture du bâtiment innovant de rééducation/réadaptation RéadapTIC au CHU Dijon Bourgogne en 2028. Next steps : sélection des premiers cas d’usage, calendrier des essais d’usage multicentriques et publication d’un référentiel d’évaluation partagé.

Porte-parole : Pr Paul Ornetti : Chef du service de rhumatologie au CHU de Dijon Bourgogne, PU-PH, porteur du tiers-lieu d’expérimentation REALISTIC (France 2030), officiellement lancé pendant les Assises nationales ; coordination des expérimentations en rééducation-réadaptation et accès aux plateformes technologiques.


Cohorte cardio-cérébro-vasculaire

Face à une hausse attendue de 50 % des AVC d’ici 2050, le CHU Dijon Bourgogne ouvre une cohorte populationnelle qui prolonge plus de quarante ans d’épidémiologie de terrain : le registre des AVC (depuis 1985) et l’observatoire des infarctus du myocarde de Côte-d’Or (depuis 2001). L’ambition est de passer d’une photographie fine des maladies à une prévention prédictive et ciblée à l’échelle du territoire. Concrètement, la cohorte agrégera, chez des patientes et patients suivis dans la durée, des données cliniques, de l’imagerie, des collections biologiques, des données connectées et des analyses par intelligence artificielle, afin d’éclairer les politiques publiques : identification des profils à risque, cartographie des inégalités d’exposition et d’accès, priorisation des actions et évaluation de leur impact sur la morbi-mortalité et la qualité de vie.

Cette cohorte s’appuie sur un savoir-faire unique à Dijon : l’axe de recherche « Interactions œil-cœur- cerveau », qui observe les liens entre micro-signaux vasculaires rétiniens, événements cardiaques et atteintes cérébrales, pour mieux anticiper les accidents vasculaires et guider des interventions de prévention primordiale (agir avant l’apparition des facteurs de risque). L’approche, inédite en France, est portée par le Pr Yannick Béjot, qui dirige le Registre dijonnais des AVC et est directeur adjoint de l’unité PEC2 (« Physiopathologie et Épidémiologie des Maladies Cardio-Cérébrovasculaires »), tout en siégeant dans les réseaux scientifiques nationaux et internationaux de référence.

En articulation avec les collectivités (notamment Dijon métropole), la cohorte a vocation à fournir des outils d’aide à la décision pour les acteurs de santé publique : modèles de stratification du risque par quartier et par parcours de vie, indicateurs pour prioriser dépistage, accompagnement et réadaptation, et tableaux de bord pour suivre l’efficacité des actions (prévention en ville, transitions hôpital-domicile, télésuivi).

Porte-parole : Pr Yannick Béjot : chef du service hospitalo-universitaire de neurologie et vice-président du Directoire en charge de la Recherche au CHU Dijon Bourgogne ; porteur de l’axe de recherche « Interactions œil-cœur-cerveau » (approche unique en France), directeur du Registre dijonnais des AVC et directeur adjoint de l’unité de recherche PEC2 « Physiopathologie et Épidémiologie des Maladies Cardio-Cérébrovasculaires » (Université Bourgogne Europe).


SERENA : mieux détecter et mieux prendre en charge la maltraitance infantile

Financé à hauteur de 6,3 M€ par l’Union européenne, SERENA, qui regroupe 22 partenaires de 12 pays européens, vise à transformer la façon dont nos systèmes identifient, documentent et prennent en charge les situations de maltraitance. Le projet combine une méthode mixte : des analyses qualitatives (entretiens et observations de terrain) (trois pays européens) pour comprendre les barrières réelles à la détection précoce et à l’accès aux soins, et des analyses quantitatives (sept pays européens) qui croisent données de santé, données sociales et trajectoires de soins. L’objectif est double : réduire les récidives et les séquelles (physiques, psychiques, sociales) et objectiver les coûts sociétaux pour éclairer des décisions publiques fondées sur la preuve.

Sur le plan opérationnel, SERENA produira des recommandations « prêtes à l’emploi » :
• protocoles de partage de données entre services sociaux, judiciaires et de santé,
• outils d’aide à la décision pour les professionnels (médecins, psychologues, travailleurs sociaux, enseignants),
• indicateurs de performance (délais de détection, taux d’orientation, continuité de suivi).

Ces livrables devront être économiquement viables et transposables à l’échelle européenne, avec si nécessaire des propositions d’évolutions législatives.

Les Assises nationales ont mis en lumière la crédibilité scientifique de la coordination du consortium : la Dr Mélanie Loiseau a reçu le prix du meilleur poster pour des travaux liés au projet ; la Pr Catherine Quantin assure le pilotage côté CHU Dijon Bourgogne pour articuler résultat scientifique, faisabilité terrain et évaluation d’impact.

Porte-paroles : Pr Catherine Quantin : coordinatrice Inserm et référente CHU Dijon Bourgogne pour le projet européen SERENA (amélioration de la détection, des parcours et des politiques publiques en matière de maltraitance infantile). Dr Mélanie Loiseau : lauréate du prix du meilleur poster des Assises pour une étude en lien avec SERENA.






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