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Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

De nombreux chantiers en perspective pour l’hygiène hospitalière


Rédigé par Admin le Mardi 19 Novembre 2019 à 09:34 | Lu 914 fois


Élu en juin dernier à la présidence de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H), le Professeur Bruno Grandbastien exerce au service de médecine préventive hospitalière du CHU Vaudois, à Lausanne en Suisse. Rencontre avec cet ancien responsable de la gestion du risque infectieux au CHRU de Lille, qui a également présidé la Commission Sécurité du Patient au sein du Haut Conseil de la Santé Publique jusqu’en mars 2017.




Le dernier Congrès national de la SF2H s’est clos sur le renouvellement de ses instances représentatives. Quelles seront vos priorités pour ce nouveau mandat ?
Professeur Bruno Grandbastien : Le Conseil d’Administration de la société savante a en effet renouvelé un tiers de ses membres, tandis que le Bureau national a été largement recomposé. Les différentes commissions seront elles aussi remaniées dès le mois de septembre pour mieux refléter l’arrivée de toutes ces nouvelles personnalités. Cela dit, plusieurs de nos actions s’inscriront dans la continuité de celles portées par mon prédécesseur, le Docteur Pierre Parneix. La société savante poursuivra donc son activisme auprès des décideurs et des tutelles, afin de renforcer la pertinence des politiques de prévention du risque infectieux. 
 

Le Pr Bruno Grandbastien, Président de la SF2H
Le Pr Bruno Grandbastien, Président de la SF2H
Par exemple ?
L’expertise de la SF2H est précieuse pour appuyer les stratégies nationales, qu’il s’agisse du Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (PROPIAS) ou du plan de lutte contre l’antibiorésistance – qui reste d’ailleurs perfectible : ainsi que l’a souligné l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), lutter contre les résistances bactériennes impose surtout de mettre en œuvre les mesures d’hygiène adaptées afin d’éviter la propagation de ces micro-organismes à partir d’un patient infecté. Il ne faut donc pas baisser la garde et continuer de sensibiliser les professionnels de santé aux précautions standard et complémentaires.

Ce sera donc là un autre chantier que vous poursuivrez.
Nous continuerons en effet de promouvoir les mesures princeps de prévention dans le domaine de l’hygiène, y compris en ce qui concerne la lutte contre les « fake news », ces messages altérés, voire grossièrement détournés, pour remettre en question certaines précautions standard, particulièrement celles relatives à l’hygiène des mains. Leur impact négatif s’est d’ailleurs fait ressentir ces dernières années, même si le niveau de friction hydro-alcoolique reste important. En tout état de cause, nous nous emploierons à continuer de gagner du terrain contre les phénomènes dits de « bad buzz ». Nous sommes à ce titre particulièrement inquiets quant à la possible disparition de l’Indicateur de consommation des solutions hydro-alcooliques (ICSHA) et allons rapidement nous positionner en ce sens. Ce serait là une erreur stratégique qui ne manquera pas d’appuyer certains discours alarmistes – or, répétons-le, les SHA ne présentent aucun danger pour la santé.

D’autres actions seront initiées durant votre mandat. Pourriez-vous nous en citer quelques-unes ?
Il s’agira en premier lieu de faire vivre la SF2H, qui s’est considérablement développée ces dernières années et fédère désormais plus de 1 100 adhérents. C’est avant tout leur société savante que nous sommes chargés d’administrer. Je souhaiterai en parallèle développer deux axes qui me tiennent particulièrement à cœur : d’une part, mieux promouvoir notre discipline auprès des jeunes souhaitant s’engager dans la voie de l’hygiène hospitalière, en réactivant notamment le groupe des jeunes hygiénistes ; et d’autre part, renforcer les liens qu’entretient déjà la SF2H avec ses homologues francophones, en Europe comme dans le reste du monde – d’autant que les nombreuses recommandations qu’elle émet font régulièrement référence auprès de ces confrères.
 

Comment vous positionnez-vous par rapport aux reconfigurations apportées par les groupements hospitaliers de territoire (GHT) ?
Les nouvelles dynamiques territoriales vont certainement rabattre les cartes pour de nombreuses spécialités, et l’hygiène hospitalière n’est pas en reste. Il ne faudrait toutefois pas que la constitution des GHT soit un prétexte pour faire disparaître les Équipes Opérationnelles d’Hygiène (EOH), dont les interventions ont démontré leur efficacité. Il faudrait, au contraire, les maintenir et les promouvoir pour qu’elles puissent continuer d’agir au plus près des professionnels sur le terrain. C’est là un enjeu auquel nous sommes particulièrement attentifs et tentons d’y sensibiliser les décideurs et les tutelles. Nous souhaitons, pour cela, développer des actions de recherche pour quantifier l’impact réel des précautions d’hygiène, en termes d’infections évitées mais également sur le plan médico-économique – or nous disposons de peu de données exploitables à l’heure actuelle. Aussi le Conseil Scientifique de la SF2H sera-t-il prochainement chargé de travailler à l’évaluation de l’efficacité intrinsèque des mesures princeps et de l’efficience des actions de prévention.

Vous évoquiez plus haut la lutte contre l’antibiorésistance. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Nous avons de bonnes raisons d’être inquiets, d’autant que cette résistance constitue actuellement l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, pour citer l’OMS. La France est elle aussi concernée : nous sommes actuellement en contexte pré-endémique, caractérisé par une diffusion inter-régionale des bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe). La situation demeure toutefois maîtrisable, sous réserve de poursuivre les efforts déjà engagés. Ainsi que je le soulignais précédemment, il ne s’agit pas uniquement de favoriser le bon usage des antibiotiques – qui permet de maintenir leur efficacité thérapeutique – pour gagner la bataille. Il faut surtout prévenir la diffusion des micro-organismes résistants à partir des patients colonisés. D’où la nécessité de pérenniser les EOH au sein des établissements de santé, et de soutenir le développement d’équipes territoriales multisectorielles à même d’intervenir auprès des professionnels de ville et des structures médico-sociales. 

La lutte contre les résistances bactériennes passe donc également par une meilleure reconnaissance du métier d’hygiéniste.
Cela est d’autant plus vrai pour le personnel paramédical, qui constitue souvent le fer de lance de l’hygiène hospitalière sur le terrain. LA SF2H s’est d’ailleurs rapidement positionnée en faveur du statut d’infirmier en pratique avancée pour la prévention et le contrôle de l’infection (IPA en PCI) : après le référentiel métier « hygiéniste » dévoilé en mars 2018, nous avons publié en mai dernier un guide pratique pour justement promouvoir ce statut d’IPA en PCI, qui nous paraît être porteur d’une dynamique favorable pour nos disciplines. De la même manière, nous soutenons le développement de la formation spécialisée transversale (FST) en hygiène – qui porte autant sur la prévention de l’infection que sur les résistances et les actions de vigilances. Il s’agira, dans un cas comme dans l’autre, de renforcer l’attractivité de l’hygiène hospitalière et de pérenniser ceux qui la portent au sein des équipes de soins, afin de mieux faire face aux défis de demain.

 






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