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AFIB : « L’agilité est un mot-clé qui décrit bien notre quotidien »


Rédigé par Joëlle Hayek le Mardi 26 Septembre 2023 à 14:19 | Lu 789 fois


Ingénieurs biomédicaux au CHU de Bordeaux, Valérie Moreno et Pierre Lopes – respectivement présidente de l’Association Française des Ingénieurs Biomédicaux (AFIB), et président du comité scientifique des 27èmes Journées d’ingénierie biomédicale – évoquent l’actualité de leur métier et ses principaux axes de réflexion, tout en revenant sur les enjeux au cœur de cette édition 2023.



Quels ont été les événements marquants de ces derniers mois pour les ingénieurs biomédicaux ?
Valérie Moreno : Je retiendrai notamment la finalisation d’un certain nombre de travaux structurants pour notre profession, et qui seront dévoilés plus en détail lors des prochaines Journées d’ingénierie biomédicale. Plus particulièrement, l’AFIB et l’AAMB, l’Association des agents de maintenance biomédicale, ont mis au point, en lien avec l’AFNOR, la certification AFAQ - Services Biomédicaux, inspirée de la certification ISO 9001 relative au management de la qualité, mais adaptée aux spécificités des services biomédicaux en établissements de santé. Basé sur un système d’auto-évaluation complété d’audits externes, ce nouveau référentiel a été testé avec succès dans quatre hôpitaux. Nous avons, par ailleurs, participé – et nous participons encore – à la mise au point du Référentiel surfacique des établissements sanitaires, sous la direction de l’ANAP qui avait été missionnée à cette fin par le Conseil scientifique de l’investissement en santé (CSIS). 

Pourriez-vous nous en parler ?
Valérie Moreno : L’AFIB a pu apporter sa vision des paramètres à prendre en compte pour que l’hôpital de demain puisse mieux intégrer les avancées technologiques dans les phases de prédimensionnement. Certains équipements – je pense notamment aux nouveaux accélérateurs IRM – imposent par exemple des contraintes d’installation inédites, mais c’est parfois l’existence même des technologies biomédicales qui n’est pas prise en compte lors de la conception architecturale. Le nouveau référentiel surfacique entend faciliter cette nécessaire anticipation, et nous comptons bien continuer à enrichir la réflexion en signant prochainement une convention-cadre avec l’ANAP. 

Quid de vos travaux en matière de développement durable ?
Pierre Lopes : La maîtrise de l’impact environnemental des activités hospitalières représente un mouvement de fond, au travers duquel il est difficile de passer. Mais les leviers dont nous disposons diffèrent sensiblement de ceux des autres ingénieurs hospitaliers, en particulier les ingénieurs travaux. Nous nous concentrons, pour l’essentiel, sur la maîtrise du cycle de vie des équipements biomédicaux, avant, pendant et après l’achat. Il faudrait, pour cela inciter les fournisseurs à être plus transparents sur le bilan carbone de leurs processus de fabrication. Nous cherchons également à étendre la durée de vie du parc existant, par exemple via l’impression 3D de pièces détachées non critiques, et par conséquent non soumises aux exigences de la propriété intellectuelle et du marquage CE.

Valérie Moreno : À cet égard, nous avons créé il y a déjà quelques années la plateforme collaborative AFIB3D, qui gagnerait à être mieux connue. Nous réfléchissons justement à la manière dont nous pourrions mieux la mettre en lumière, car c’est une piste dans laquelle nous croyons fortement. Bien entendu, les équipements réformés devraient également être mieux valorisés, et plusieurs établissements de santé ont d’ailleurs sauté le pas de l’économie circulaire. Rappelons toutefois qu’il leur faut être particulièrement vigilants quant aux modalités de destruction des données des équipements réformés. Un autre levier, et non des moindres, sur le champ du développement durable, a trait à une meilleure maîtrise des consommations énergétiques des plateaux techniques. Plusieurs pistes sont ici à l’étude, par exemple pour modéliser les possibilités de récupération de l’eau et de la chaleur issues des activités de stérilisation. En 2023, l’AFIB a lancé son groupe RSE pour justement faire face collectivement à ce défi.

Quels autres enjeux mobilisent actuellement l’Association ?
Valérie Moreno : Nous sommes notamment préoccupés par l’attractivité de notre métier auprès des jeunes générations, peut-être moins enclines à choisir d’exercer en environnement hospitalier – nous le voyons déjà avec les techniciens biomédicaux, dont le métier est accolé à un marché du travail par ailleurs très dynamique. C’est pourquoi l’AFIB a initié une démarche d’ouverture auprès des écoles d’ingénieurs, afin que leurs étudiants puissent découvrir tout ce qui fait la richesse de notre métier : sa polyvalence, ses contacts rapprochés avec le monde médico-soignant et les directions fonctionnelles, la pluralité des sujets à traiter, etc. Nous avons également mis en place des bourses étudiantes, prenant à notre charge, chaque année, 5 à 6 gratifications de stage de fin d’études à l’hôpital. En contrepartie, les étudiants doivent mener un travail sur un sujet d’intérêt général pour notre profession.

Ce sont autant d’enjeux évoqués lors des 27èmes Journées d’ingénierie biomédicale, qui accorderont également une large place à la qualité de vie au travail.
Pierre Lopes : Plusieurs sessions sont prévues autour de cette thématique, essentielle pour l’attractivité de notre métier et la fidélisation de nos équipes. Nous évoquerons par exemple aussi bien les droits et les devoirs de l’ingénieur biomédical, que les enjeux de communication et de cohésion. Nous ne pouvons par ailleurs pas ignorer un certain bruit de fond relatif à l’épuisement au travail, qui fera l’objet d’un atelier pour le démystifier et inciter à en parler. Au quotidien, les ingénieurs biomédicaux sont soumis à une masse d’informations de manière quasi permanente, mais aussi à un volume croissant de requêtes ayant un caractère immédiat, qu’il leur faut à la fois traiter de manière réfléchie et dans des délais extrêmement rapides. Cette charge mentale peut être éprouvante, et nous chercherons justement à attirer l’attention de nos collègues et confrères afin que, aussi engagés soient-ils, ils n’en oublient pas moins leur propre bien-être.

Pour finir, pourquoi avoir intitulé cette édition 2023, « Technologies et Agilité Biomédicales, le meilleur est Avenir » ?
Valérie Moreno : L’agilité est un mot-clé qui décrit bien notre quotidien. Nous exerçons dans un environnement mouvant, à la fois sur le plan des organisations et des technologies, que de la règlementation ou des capacités d’investissement. Il nous faut donc nous adapter en permanence, pour prendre la meilleure décision au meilleur coût et continuer d’être les garants de la fiabilité, de la sécurité et de la durabilité des équipements et des plateaux techniques. Le meilleur estnéanmoins « avenir », car les évolutions de la technologie laissent entrevoir de belles perspectives pour continuer à relever les défis qui sont les nôtres, en lien avec des organisations nouvelles et – peut-être – moins verticales. Et c’est justement grâce à notre agilité que nous pourrons tirer le meilleur de ces opportunités.






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