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Les ingénieurs biomédicaux, l’autre « première ligne »


Rédigé par Joëlle Hayek le Mardi 10 Novembre 2020 à 09:40 | Lu 1984 fois


Ingénieure biomédicale au CHU de Bordeaux, Valérie Moreno a été nommée à la tête de l’Association Française des Ingénieurs Biomédicaux (AFIB) en octobre 2019. Elle nous décrypte les enjeux mis en lumière par la crise sanitaire, qui seront notamment abordés lors des 25èmes Journées d’Ingénierie Biomédicale organisées à Lyon du 25 au 27 mai 2021 (initialement prévues du 7 au 9 octobre 2020).



Valérie Moreno, présidente de l'AFIB. ©DR
Valérie Moreno, présidente de l'AFIB. ©DR
Quels sont vos projets pour ce nouveau mandat ?
Valérie Moreno : Mes actions s’inscriront dans la continuité de celles menées par ma prédécesseure, Geneviève Gaschard, qui a beaucoup œuvré pour renforcer la visibilité de notre métier : maintien et pérennisation de nos journées régionales et nationales, poursuite des missions de veille règlementaire et technologique, etc. Je porterai en outre trois axes principaux durant ce mandat. D’abord, la refonte du site web de l’AFIB afin d’en faire un élément pivot de notre communication, en lien avec une future application mobile. Ensuite le renforcement de nos relations avec l’écosystème numérique, en particulier les éditeurs industriels, pour que nos adhérents puissent mieux faire face à cette évolution de notre métier. Enfin, la poursuite des partenariats noués depuis 18 mois avec nos confrères en Europe et visant à créer, à terme, une fédération des ingénieurs biomédicaux européen pouvant peser sur les futures réglementations relatives aux dispositifs médicaux. Ces orientations viennent s’ajouter aux missions historiques de l’AFIB : représenter notre profession, la faire évoluer et contribuer à la positionner au mieux au sein des structures hospitalières.

Les ingénieurs biomédicaux étaient en première ligne pour armer les lits lors de la première vague de Covid-19. Quels enseignements en tirez-vous aujourd’hui ?
Plusieurs constats peuvent en effet être posés après cette crise sanitaire, et nous avons d’ailleurs amendé le programme de nos prochaines Journées nationales pour nous en faire l’écho. Il faut dire qu’on n’a jamais autant parlé de respirateurs que durant cette période, qui a donc mis en lumière certains enjeux critiques comme la disponibilité des équipements. Nous avons dès lors souhaité réfléchir aux moyens d’éviter, en cas de nouvelles crises de cette ampleur, des ruées sur les commandes comme celles que nous avons pu connaître – par exemple en ayant des stocks de sécurité au sein des hôpitaux, ou en maintenant d’anciennes générations d’équipements en conditions opérationnelles pour pouvoir les réutiliser si nécessaire. Ce qui impose de réfléchir également à la manière dont nous pourrions renforcer notre autonomie vis-à-vis des prestataires, pour notamment éviter de démultiplier les coûts de maintenance.

Par exemple ?
L’impression 3D constitueici une piste intéressante mais, en ce qui concerne les dispositifs médicaux, elle ne peut porter que sur les pièces détachées non critiquespour tenir compte des exigences relatives au marquage CE – non seulement en termes de règlementation mais aussi de responsabilité. C’est en tous cas un enjeu dont l’AFIB s’est déjà saisie : nous souhaiterions par exemple créer une plateforme qui mettrait en commun des plans d’impression 3D. Quant à la fabrication complète d’un dispositif médical selon cette approche, et même s’il y a eu des expérimentations notables durant la crise sanitaire, avec par exemple le respirateur MakAir, elle restera à mon sens du domaine de l’accessoire, à la fois pour les raisons évoquées précédemment mais aussi pour la grande variété des compétences nécessaires à la construction d’un dispositif médical sécurisé – matériaux, électronique, informatique, etc. C’est donc un défi que les ingénieurs biomédicaux pourront difficilement relever seuls.

Pourtant votre profession est très dynamique sur le plan technologique.
Nous sommes en effet convaincus que les ingénieurs biomédicaux doivent être partie prenante des nouvelles dynamiques à l’œuvre au sein des établissements de santé. Par exemple, le développement de la télémédecine, des télé-expertises et des télé-consultations, qui a d’ailleurs été amplifié par la crise sanitaire, a mis en lumière le rôle crucial des outils de production des images.Nous devons donc accompagner ce changement technologique et sommes, pour cette raison, très présents sur les congrès internationaux comme celui de la RSNA, la société nord-américaine de radiologie : chaque année, une délégation d’ingénieurs biomédicaux français financée par l’AFIB y assiste et produit un état de l’art en imagerie médicale. Cette même démarche de veille technologique active est mise en œuvre pour les principaux congrès de radiothérapie, biologie médicale, médecine nucléaire, pharmacotechnie, stérilisation, etc., et fait partie de l’ADN de notre association.

Venons-en aux 25èmes Journées d’Ingénierie Biomédicale. Quels en seront les temps forts ?
Cette édition, qui se tiendra finalement au printemps 2021, sera notamment consacrée aux mutations des parcours de soins et aux enjeux technologiques de demain. Ce programme sera toutefois enrichi en cours de route pour intégrer des sessions en lien avec le Covid-19. Parmi les temps forts, citons plus particulièrement les sessions sur la sécurité numérique des dispositifs médicaux, qui seront l’occasion de découvrir les nouveaux documents de référence élaborés par le groupe de travail de l’AFIB. Et, naturellement, les très attendues sessions Covid, qui aborderont des thématiques aussi variées que la place de l’ingénieur biomédical dans la cellule de crise interministérielle, le rôle des scanners dans le dépistage du SARS-CoV-2, l’impression 3D et les technologies issues de l’IA, ou encore bien sûr l’augmentation rapide des capacités de lits en réanimation, l’ouverture anticipée d’un bâtiment et l’organisation des transports médicalisés.




En savoir plus sur le site internet de l'AFIB : www.afib.asso.fr  

Article publié sur le numéro de septembre d'Hospitalia à consulter ici

 
 






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