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Quel impact l'I.A. aura-t-elle sur l'emploi en santé ?


Rédigé par Admin le Lundi 1 Avril 2019 à 13:42 | Lu 2468 fois


Spécialiste des politiques publiques de santé, David Gruson est notamment le fondateur de l’initiative académique et citoyenne ETHIK-IA, qui vise à élaborer des outils de régulation positive pour accompagner le déploiement de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotisation en santé. Publiée en janvier dernier sous l’égide de l’Institut Montaigne, sa note « IA et emploi en santé : quoi de neuf docteur ? » livre une analyse bien sentie des dynamiques à l’œuvre et formule deux propositions pour mieux les anticiper. Par Joyce Raymond



Cette publication s’inscrit dans un cadre particulièrement actuel : souligné par le député Cédric Villani dans son rapport « Donner un sens à l’intelligence artificielle », le caractère stratégique de l’IA en santé a porté le Président de la République à identifier son développement comme prioritaire. Un axe par ailleurs repris lors de la présentation du Plan « Ma Santé 2022 », qui comprend un important volet consacré au numérique. Les applications de l’IA en santé sont en effet « multiples et auront des effets sur l’ensemble du parcours de soins », estime David Gruson. Dans les établissements de soins, l’IA va sans nul doute faire progresser la médecine et la recherche en santé. « Ces technologies de pointe ne se substituent pas nécessairement à l’intervention humaine mais augmentent les capacités du médecin », assure-t-il en citant, notamment, l’analyse des symptômes, la pose de diagnostic ou la prise de décision thérapeutique. D’autres solutions, plus généralistes, « répondent à des besoins de santé courants et s’appuient sur la digitalisation de la prise en charge des patients », poursuit-il. Et nous ne sommes qu’aux prémices d’une révolution favorisée par le formidable potentiel des technologies d’intelligence artificielle.

Une méthodologie en six étapes

« Concernant les ressources humaines, les conditions d’exercice des spécialités médicales et des fonctions support aux soins vont durablement changer », estime David Gruson. Même si les impacts diffèrent selon les métiers, certains sont en première ligne : les disciplines médicales « dont la matière première est déjà du code numérique comme la radiologie ou l’ophtalmologie », qui verront leurs activités se déplacer « vers des actes à plus haute valeur ajoutée » – charge à la machine d’effectuer les tâches les plus « rébarbatives ». Si de nombreuses études se sont déjà intéressées à l’impact de l’IA sur l’emploi, aucune ne s’est concentrée sur un secteur particulier. C’est justement ce à quoi s’est attaché David Gruson, en proposant une méthodologie en six étapes : recenser les effectifs par catégories professionnelles, répertorier les métiers s’y rapportant, identifier les activités ou tâches correspondants à chaque métier, déterminer le taux de substitution pour chacune d’entre elles, mesurer le taux de substitution par métier, et enfin réaliser des scénarii d’impact. 

Les fonctions supports aux soins principalement impactées

Cette approche lui a ainsi permis « d’aboutir à une première estimation du taux de substitution (rapport entre le nombre d’activités considérées comme fortement substituables et le nombre total d’activités du métier) moyen pour l’ensemble des métiers des fonctions de support en santé, qui s’établit autour de 15% » soit « environ 40 000 à 80 000 emplois qui pourraient faire l’objet d’une automatisation », note-t-il. La même méthodologie peut être mise en œuvre pour également obtenir un taux de substitution moyen pour les spécialités médicales. Il n’existe toutefois pas, ici, de registre recensant les activités associées. Celui-ci devra donc « être construit en concertation avec les professionnels de santé », insiste-t-il. Cela dit, « l’IA ne menace pas directement les médecins à court terme », souligne David Gruson, contrairement aux fonctions supports aux soins, d’autant que « plusieurs solutions d’IA en matière de gestion des tâches administratives et logistiques existent déjà dans d’autres secteurs ». 

David Gruson, fondateur d’ETHIK-IA
David Gruson, fondateur d’ETHIK-IA

RSE et cadrages éthiques

Sa note a donc pour objectif de « proposer une stratégie d’accompagnement des métiers du secteur de la santé et des fonctions support aux soins », tout en sensibilisant à la nécessité de développer une méthodologie d’évaluation adéquate quant aux impacts de l’IA et de la robotisation en santé afin de « rendre effective la transformation des métiers du soin ». On l’a vu, en ce qui concerne la méthodologie de chiffrage, David Gruson a pris les devants en proposant une approche en six étapes-clés. Il a appelé les pouvoirs publics à s’en saisir et à l’inscrire dans un « cadre de dialogue associant les représentants de patients, les professionnels de santé, les partenaires sociaux et les acteurs économiques ».

L’auteur formule une autre proposition, articulée cette fois autour de la mise en œuvre d’une « RSE digitale » au sein des établissements de santé. En effet, estime-t-il, « l’investissement dans l’anticipation du déploiement de l’IA et de la robotisation doit pouvoir être reconnu comme une nouvelle forme d’exercice de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) », qui consistera à encadrer, de façon éthique et responsable, les conséquences de ces technologies sur la société. Il convient, là aussi, « d’inciter les établissements de soins à étudier la transformation des métiers », mais aussi de « les encourager à développer des méthodologies d’évaluation des compétences et des nouveaux besoins de formation ». David Gruson n’oublie pas les patients, dans l’intérêt desquels cette RSE consisterait à s’assurer du respect du principe de « garantie humaine », soit la garantie d’une supervision humaine de toute utilisation de l’IA visant à prendre une décision médicale. C’est d’ailleurs là une vision défendue par l’initiative citoyenne et académique ETHIK-IA, et qui trouve un écho certain auprès des acteurs du changement.

À lire de toute urgence sur www.institutmontaigne.org/publications/ia-et-emploi-en-sante-quoi-de-neuf-docteur  

Article réalisée par Joyce Raymond dans le numéro 44 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici


 






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