Les Echos Études : « Les enjeux de la prévention santé à l’ère de l’IA »

Comparativement à d’autres pays, l’engagement de l’Hexagone dans la prévention en santé est relativement récent. Depuis 2018 seulement, le sujet revêt un caractère prioritaire et constitue désormais un pilier central de la stratégie nationale de santé (SNS). Ainsi, pour la décennie en cours, les objectifs affichés par le gouvernement (augmentation de l’espérance de vie en bonne santé à la naissance et réduction des écarts d’espérance de vie entre les classes sociales) misent largement sur la prévention. Contenir les maladies chroniques, améliorer la santé mentale des Français, répondre aux besoins spécifiques des femmes, enrayer la progression de l’obésité, accompagner le bien-vieillir, réduire les facteurs environnementaux prédisposant à l’apparition de maladies… sont autant de priorités structurantes pour les politiques de prévention à l’échelle nationale.

En termes de couverture individuelle, l’offre préventive des mutuelles et assureurs santé est particulièrement hétérogène. Si certaines garanties sont proposées par la plupart des acteurs, à l’instar des consultations auprès de psychologues ou des forfaits de médecine douce, ces derniers se distinguent par la générosité des remboursements. D’autres prestations, comme la prise en charge d’une activité physique adaptée ainsi que de vaccins et de dépistages non remboursés, sont plus différenciantes.

Du côté de la prévention collective, près de 7 entreprises interrogées sur 10 (68 %) expriment leur volonté de développer d’avantage la prévention santé. Certains programmes sont déjà en place, et les organisations françaises semblent prêtes à accélérer. Ainsi, plus de la moitié des décideurs de notre échantillon considèrent que l’offre de services de prévention santé est un critère déterminant dans le choix d’une complémentaire santé. Par ailleurs, 58% des sociétés sondées déclarent être d’accord pour payer pour des services préventifs additionnels. Preuve que le sujet est devenu stratégique. Pourtant, 46 % estiment que les garanties disponibles sont peu utilisées par leurs employés. Un constat qui s’explique par un manque d’adéquation entre les besoins réels et les actions proposées.

Comment proposer des services de prévention réellement adaptés aux spécificités de chaque métier et de chaque salarié ? L’intelligence artificielle apporte une réponse prometteuse. Si seulement 17 % des entreprises sondées déclarent s’être vu offrir des solutions de prévention santé fondées sur l’IA par leur complémentaire santé, la grande majorité d’entre elles les ont adoptées. Une opportunité de se différencier que certains assureurs ont su saisir. Prévenir l’apparition d’une maladie, détecter précocement un trouble, assurer la télésurveillance médicale d’un patient… : cette étude révèle que nombre d’acteurs misent sur la polyvalence pour répondre aux attentes croissantes des employeurs, en quête de dispositifs de suivi personnalisés pour leurs collaborateurs. Un foisonnement d’innovations qui augure une nouvelle ère pour la prévention santé.