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« Le numérique en santé n'est plus une option »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 31 Janvier 2024 à 10:08 | Lu 1535 fois


Poursuivant sa mutation, le monde de la santé laisse désormais une large place aux technologies numériques, qui font l’objet d’usages chaque jour plus nombreux. Une transformation étroitement accompagnée par l’Agence du numérique en santé (ANS), qui mise notamment sur le développement de la formation et de la sécurité informatique. Le point avec Isabelle Adenot, présidente de l’ANS depuis le 12 octobre dernier.



« Le numérique en santé n'est plus une option »
Pour commencer, pourriez-vous nous détailler vos missions au sein de l’ANS ? 

Isabelle Adenot : Au quotidien, c’est Annie Prévot, la directrice de l’Agence, qui gère le volet opérationnel et les équipes. Étant moi-même sensible aux sujets du numérique et de l’innovation – auxquels j’étais notamment confrontée au sein de la Haute Autorité de Santé [voir encadré] –, je m’intéresse tout naturellement aux travaux de l’ANS, mais mon rôle est essentiellement de présider les assemblées générales et le conseil d'administration. Je rappellerai, à cet égard, que les axes de travail de l’Agence sont définis par le ministère de la Santé et de la Prévention, ainsi que par la Délégation au numérique en santé (DNS), via les feuilles de route du numérique en santé. L’ANS est à la fois un opérateur et un régulateur de ces feuilles de route, en vue de leur mise en œuvre concrète. Et elle fait ici un travail remarquable, pour lequel je félicite toutes ses équipes. En témoignent le rythme de progression important des technologies numériques, et une appropriation en plein essor, par les professionnels de santé comme par les usagers, y compris les personnes âgées. Il n'y a plus de retour en arrière possible : le numérique en santé n'est plus une option, il est déjà une réalité aujourd'hui et le sera encore plus demain.

Justement, où en sommes-nous aujourd’hui en matière de transition numérique ? 

Un cap important a été franchi dernièrement avec la fin du déploiement de la vague 1 du Ségur. L’impact est conséquent, puisque des millions de documents médicaux arrivent aujourd'hui automatiquement dans Mon Espace Santé. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents : pas moins de 15 millions de documents sont insérés tous les mois dans Mon Espace Santé, soit plus que les 11 millions de documents qui, en 15 ans, ont été enregistrés dans le Dossier Médical Partagé. Près de 10 millions d'usagers ont également activé leur Espace Santé, et l'application mobile est aujourd’hui l’une des plus téléchargées de France. Tous ces chiffres montrent bien qu’une page s’est tournée en matière de numérique en santé. 

Quelles sont les prochaines pages « à tourner » ? 

Un enjeu majeur a désormais trait au développement des usages, à la fois en ce qui concerne Mon Espace Santé que les messageries sécurisées, ou encore la télémédecine avec la télésurveillance médicale et la téléconsultation. Cela dit, je suis persuadée que ces nouveaux outils – qui rendent service – seront progressivement plus et mieux utilisés. L’ANS accompagnera bien sûr ce changement, en organisant notamment des réunions locales et nationales en fonction du type et du lieu d’exercice. Notre objectif est ici d’informer les professionnels, mais aussi et surtout de recueillir leurs retours terrain afin de co-construire des solutions pertinentes. Encore une fois, je suis persuadée que les usages numériques se développeront au fur et à mesure que les usagers y trouveront un intérêt.

L’ANS s’est-elle déjà fixé des objectifs pour l’année 2024 ? 

Les priorités pour l’année 2024 seront adoptées lors de la prochaine assemblée générale de l’Agence. Si je ne peux pas encore les dévoiler en détail, je peux déjà annoncer un important volet autour de la cybersécurité, qui reste un enjeu essentiel. Cela devrait notamment se traduire sur le plan budgétaire, de manière à pouvoir proposer des formations et la réalisation d'audits, mais aussi accompagner la mise en œuvre du programme Cybersécurité, accélération et résilience des établissements (CaRE), objectif prioritaire de la feuille de route du numérique en santé 2023-2027. Dans les autres projets majeurs de l’ANS pour 2024, j’évoquerai aussi plusieurs axes autour du développement des usages, ainsi qu’un appui apporté aux actions de formation. Celles-ci voient le jour un peu partout en France, et sont à mon sens essentielles que chacun puisse véritablement comprendre le numérique en santé et appréhender ses différentes composantes, telles que l’éthique des données, leur utilisation, leur transmission... L’ANS entend bien contribuer à leur développement, afin que chacun puisse en bénéficier en fonction de ses besoins et pouvoir ainsi devenir acteur de la santé numérique et des nombreux usages qu’elle a à offrir.

Parcours

Ancienne pharmacienne, Isabelle Adenot a été, en 2009, la première femme élue à la présidence du Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens. Après avoir porté plusieurs dossiers, dont la mise en place du projet pionnier du Dossier Pharmaceutique, elle quitte cette fonction en avril 2017, date à laquelle elle est nommée membre du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS). De 2017 à 2023, elle préside sa Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS), qui s’intéresse notamment aux dispositifs médicaux connectés et aux algorithmes d’intelligence artificielle pouvant y être intégrés. Elle prend la présidence de l’Agence du Numérique en Santé le 12 octobre 2023. Une « opportunité » dont s’était aussitôt félicitée Annie Prévot, directrice de l’ANS : « Professionnelle de santé chevronnée, experte du numérique et engagée sur les enjeux de santé publique, [Isabelle Adenot] renforcera notre capacité à relever les défis et faire avancer nos projets », avait-elle notamment indiqué dans un communiqué.

> Article paru dans Hospitalia #63, édition de décembre 2023, à lire ici
 






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