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L’infirmier(ère) au cœur de la télémédecine : quelle place et quels enjeux pour ces professionnels au plus près du patient ?


Rédigé par Rédaction le Mardi 8 Juillet 2014 à 11:54 | Lu 4894 fois


L’infirmier(ère) est le professionnel de santé dont les missions s’exercent au plus près du patient, par exemple en intervenant de façon quotidienne à son domicile. Ce qui explique pourquoi il est au cœur des dispositifs de télémédecine. En effet, les nouvelles pratiques médicales impactent l’exercice quotidien de cette profession, et soulèvent de nombreuses questions, liées autant à la formation qu’à l’approche du patient ou encore à la place laissée à l’infirmier(ère) dans le parcours de santé. Un sujet trop rarement abordé, auquel l’Université d’été de la e-santé, qui s’était tenue du 2 eu 4 juillet 2014 à Castres-Mazamet, a consacré une table ronde faisant intervenir plusieurs experts.



L’infirmier(ère) au cœur de la télémédecine : quelle place et quels enjeux pour ces professionnels au plus près du patient ?

La télémédecine, ou quand le téléphone devient le nouvel outil professionnel de l’infirmier(ère)

La profession des infirmiers(ères) est, au même titre que les autres, impactée à plusieurs niveaux par la télémédecine. Différents projets présentés au cours de l’Université d’été de la e-santé en ont plus particulièrement témoigné, à l’image de la solution e- santé du centre Cordiva qui accompagne les patients souffrant d’insuffisance cardiaque grâce à un suivi téléphonique régulier des patients, réalisé par les infirmiers(ères) conseils du centre.
 
Viviane Centaure, infirmière coordinatrice de Cordiva, explique : « Aujourd’hui, je n’ai plus une seringue à la main mais un téléphone, ce qui est plutôt inhabituel pour une infirmière. Nous disposons d’un espace temps inédit qui nous permet d’échanger avec nos patients, d’écouter ce que la pathologie représente pour eux et ce qu’elle implique dans leur quotidien. Cordiva a engendré une nouvelle approche du métier d’infirmière ».

Nouveaux actes, nouvelles expertises : le numérique impacte la formation

Si les jeunes diplômés infirmiers sont davantage au fait des nouvelles technologies, c’est toute une profession qui doit aujourd’hui faire face à de nouvelles pratiques et de nouvelles responsabilités. La question de la formation des professionnels infirmiers devient dès lors primordiale.
 
Martine Baurin, infirmière responsable de la formation des infirmiers pour la Croix Rouge, française, apporte son avis sur le sujet : « Je pense que, grâce aux nouveaux outils de la télémédecine, les infirmiers ne sont plus des exécutants et voient leurs connaissances et compétences reconnues à part entière. Néanmoins, cette évolution du rôle de l’infirmière doit aller de pair avec l’évolution de la formation : nous avons le devoir de transmettre le savoir à nos étudiants ainsi qu’aux professionnels pendant leur exercice. Et la télémédecine nous impose de nous former véritablement au numérique pour être compétents ».

L’évolution de la relation de l’infirmier(ère) avec le médecin est inévitable

Avec la télémédecine, l’infirmier(ère) acquiert un véritable rôle de coordination et devient le pivot entre le médecin généraliste et l’expert médical. Comme l’a rappelé Martine Baurin, « la place des médecins change également : en ayant recours à la téléconsultation, un médecin remet lui aussi en cause sa propre façon d’exercer et son expertise. On lui enlève une part de son pouvoir, de sa compétence immédiate, et il doit avoir une confiance absolue envers la personne qui est de l’autre côté de la caméra ».
 
À l’inverse, pour Lydie Canipel, Secrétaire générale de l’ANTEL, on peut compter sur la télémédecine, qui porte intrinsèquement cette dimension de travail collectif et collaboratif, pour élever tous les acteurs vers plus d’efficacité, de communication, et tendre vers un vrai parcours de soins où tous les acteurs sont reliés : « De mon point de vue, la télémédecine redonne son vrai pouvoir au médecin et renforce son rôle d’expert ».
 
En dernier lieu, c’est bien le rapport de l’infirmier(ère) au patient qui évolue inévitablement avec la télémédecine, comme l’explique Lydie Canipel : « Pour beaucoup d’infirmières, le deuil du face à face et de la proximité physique avec le patient est difficile à faire. Il y a, je crois, une réflexion à mener sur les différents profils d’infirmières, entre celles qui sont faites pour rester au chevet du patient et celles qui peuvent être à distance ».
 
Pour conclure, ajoute-t-elle, il est primordial « qu’on n’oublie pas de transmettre la passion de l’humain et du patient dans les écoles d’infirmières. Tous ces outils sont merveilleux mais ils doivent avant tout être à notre disposition pour mieux soigner demain ».

À propos de l’Université d’été de la e-santé

Organisée par Castres-Mazamet Technopole et le Centre e-santé / Platinnes, l’Université d’été de la e-santé rassemble chaque année à Castres plus de 500 participants, acteurs et décideurs du secteur santé/social et innovation technologique, pour débattre des usages, technologies et applications sur l’utilisation des TIC dans le domaine de la santé et du bien-être.
 
La 8ème édition s’est tenue du 2 au 4 juillet 2014 autour de 4 grandes thématiques :
- SANTÉ 3.0 : Quantified-Self, Santé 3.0, quels enjeux pour le patient de demain ?
- BIG DATA & E-SANTÉ : Entre big data et open data, que faire de nos données de santé ?
- MARCHÉ E-SANTÉ : Quels mécanismes pour le financement de l’innovation en santé ?
- PARCOURS DE SANTÉ : Comment replacer le patient au cœur de l’organisation des soins ?
 
Elle fait une large place aux points de vue internationaux en s’interrogeant notamment sur « l’Europe et la e-santé : un temps d'avance ou un temps de retard ? ». De fait, les projets de e-santé fusent dans l'ensemble des pays européens mais peinent à passer les frontières et à trouver leur business model. Les gouvernements et institutions se déclarent tous intéressés par la e-santé, mais très peu franchissent le pas d’inscrire ces projets dans leurs systèmes d'assurance-maladie. Face à cela, hors Europe, d'autres pays n'hésitent pas à déployer des moyens importants pour mettre en œuvre des solutions e-santé. Ils sont donc venus témoigner directement et faire part de leurs avancées industrielles, économiques et des nouvelles stratégies dans le secteur de la e-santé. 


Plus d’informations sur www.universite-esante.com






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