Connectez-vous S'inscrire
MENU
Biologie

JFBM 2025 : La biologie médicale face aux défis d’aujourd’hui et aux innovations de demain


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 24 Septembre 2025 à 10:00 | Lu 98 fois


Du 8 au 10 octobre 2025, le Centre d’exposition et des congrès de Cannes-Mandelieu accueillera les 8èmes Journées francophones de biologie médicale (JFBM), organisées par le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH). Ce rendez-vous incontournable proposera un programme dense et varié, mêlant grandes thématiques transversales et ateliers spécialisés, pour explorer les multiples dimensions de la biologie médicale et accompagner ses évolutions. Nous faisons le point avec le Docteur Raphaël Bérenger, président du SNBH, et le Professeur Pierre Flori, président du comité scientifique des JFBM 2025.



Quels sont les principaux axes de travail du SNBH cette année ?

Dr Raphaël Bérenger : Une part importante de nos efforts s’est portée sur le volet numérique de notre spécialité, notamment sur les modalités d’alimentation de Mon Espace Santé. Si l’intégration des résultats biologiques est relativement simple pour les patients externes, elle devient complexe pour les patients hospitalisés, soumis à un grand nombre d’examens. Tout transmettre serait à la fois illisible et peu pertinent. C’est pourquoi nous avons lancé une réflexion approfondie, aboutissant à des recommandations de bonnes pratiques qui seront présentées aux JFBM 2025. En parallèle, nous travaillons à l’évolution de nos logiciels, afin de générer des comptes-rendus plus pertinents à partir des bilans biologiques effectués durant l’hospitalisation.

Pr Pierre Flori : Un autre enjeu majeur est l’attractivité de notre spécialité. En 2024, la biologie médicale figurait au 4ème rang des spécialités les moins choisies à l’issue des épreuves classantes nationales. En 2025, elle est passée à l’avant-dernière place. Ce désintérêt est préoccupant, il est essentiel de rendre notre spécialité plus visible, plus attractive et plus accueillante. Deux sessions des JFBM 2025 y seront consacrées. L’une réunira le Dr Elsa Maitre (CHU de Caen), auteure d’une étude sur la valorisation de la biologie médicale auprès des étudiants, et le Dr Tanguy Leroux, biologiste médical et Youtubeur engagé dans la promotion de notre discipline auprès du grand public. L’autre donnera la parole à trois jeunes biologistes exerçant en milieu hospitalo-universitaire, hôpital général ou établissement privé, pour confronter leurs expériences.

Ce ne sont là que quelques-unes des thématiques transversales qui seront abordées…

Pr Pierre Flori : En effet, nous évoquerons aussi la valorisation de nos travaux de recherche appliquée. Dans tous les laboratoires de biologie médicale (LBM), y compris non-universitaires, des cas cliniques intéressants émergent. Pourtant, ils restent souvent invisibles, faute de diffusion. Nous souhaitons aider les biologistes à s’approprier les outils de communication scientifique afin de mieux faire connaître leurs travaux, enrichir les connaissances et valoriser la spécialité. Dans cette même logique, nous aborderons la nécessité de renforcer nos liens avec les industriels. Les défis de demain, en matière de réactifs, de bio-réactifs ou de nouvelles technologies, exigent des collaborations plus étroites pour faire évoluer nos pratiques et améliorer la prise en charge des patients.

Qu’en est-il des enjeux liés au financement de la biologie médicale ?

Dr Raphaël Bérenger : C’est une réelle source d’inquiétude, en particulier depuis la réforme du Référentiel des actes innovants hors nomenclature (RIHN), qui était jusqu’alors un levier important de financement pour les LBM des CHU. L’intégration de ces actes dans la nomenclature signifie qu’ils sont désormais absorbés dans les forfaits des séjours hospitaliers. Cela ampute directement les marges budgétaires des LBM, alors même que les CHU ont souvent financé les phases d’évaluation préalable. Si l’inscription dans la nomenclature permet aux LBM de ville d’accéder à ces examens – ce qui est positif pour les patients –, il est crucial d’encadrer leur usage pour éviter les dérives. Surtout, cette évolution doit être accompagnée de nouveaux dispositifs pour soutenir l’innovation en biologie médicale, au risque de freiner les avancées futures.

La transition écologique est un autre axe fort. Où en est-on ?

Dr Raphaël Bérenger : La décarbonation des LBM est un enjeu prioritaire, autour duquel il y a de nombreuses attentes, notamment chez les jeunes biologistes. Un groupe de travail dédié au sein du SNBH pilote ce sujet, et nous voulons aussi faire des JFBM un événement exemplaire. Une application de co-voiturage sera mise en place pour favoriser des modes de transports plus écologiques, des actions seront menées avec les traiteurs pour limiter le gaspillage alimentaire, et les impressions de flyers et la distribution de goodies seront fortement réduites. Plus symbolique encore, pour la première fois, un prix poster « Décarbonation » sera décerné. Cela permettra de valoriser les initiatives déjà en place et de favoriser le partage des bonnes pratiques. Nous misons notamment sur des actions de type « quick-wins », c’est-à-dire simples à mettre en œuvre mais très impactantes. Certaines avancées sont déjà identifiées, l’objectif à terme est de les compiler dans une publication nationale, afin de créer un référentiel commun et stimuler une dynamique collective.

Mais cette transition écologique ne repose pas uniquement sur les biologistes…

Dr Raphaël Bérenger : En effet, certains leviers, comme la réduction de la consommation d’eau pour les réactifs, ou la valorisation des déchets actuellement classés en DASRI, nécessitent une coopération étroite avec l’industrie. Plusieurs LBM collaborent déjà avec leurs fournisseurs pour envisager le recyclage des boîtes en polystyrène ou des pains de glace utilisés pour le transport des réactifs. Nous pourrions aussi repenser la fabrication des échantillons afin de les rendre plus universels, réduisant ainsi le nombre de tubes nécessaires et la production de déchets. Nous pouvons également tirer parti des pistes explorées par d’autres spécialités. Par exemple, certaines études comparent l’impact environnemental de médicaments équivalents sur le plan thérapeutique. En biologie médicale, un raisonnement similaire pourrait nous amener à privilégier l’examen le plus vertueux sur le plan écologique. Mieux encore, nous pourrions imaginer, à terme, de choisir celui qui permettrait de réduire la consommation médicamenteuse, adoptant ainsi une démarche vertueuse à 360°.

Quels seront les autres temps forts des JFBM 2025 ?

Dr Raphaël Bérenger : Je retiendrais les conférences inaugurale et de clôture, toutes deux centrées sur la thématique Sport et Santé. La conférence d’ouverture, notamment, rassemblera deux intervenants de renom : l’athlète français Stéphane Diagana, champion du monde de 400 mètres haies, et le Pr Guillaume Millet, ancien sportif de haut niveau et aujourd’hui professeur à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Directeur du Laboratoire inter-universitaire de biologie de la motricité, et titulaire de la chaire ActiFS (Activité physique, Fatigue et Santé), il est l’auteur de plus de 260 articles scientifiques. Ce sera aussi l’occasion de mettre en lumière les initiatives Sport et Santé menées par la ville de Mandelieu-La-Napoule, qui accueille le congrès.

Pr Pierre Flori : J’ajouterais la session internationale, qui permettra de découvrir des pratiques de la biologie médicale ailleurs dans le monde et de mieux cerner les forces et les singularités du système français. Autre sujet fort : l’élargissement des compétences des aides-soignants et auxiliaires de puériculture pour la mesure de la glycémie capillaire. Cet acte doit bien sûr rester encadré, mais il est temps de repenser l’accessibilité aux soins, notamment pour des pathologies comme le diabète qui, mal maîtrisé, peut avoir des conséquences dramatiques. Nous avons la responsabilité de rendre la santé accessible à tous, sans corporatisme.

Pourriez-vous développer cette idée ?

Pr Pierre Flori : Défendre un métier bien fait, c’est essentiel, et c’est ce que permet un certain corporatisme. Mais ce dernier ne doit pas devenir un frein à l’innovation ou à l’adaptation. Lors de la crise sanitaire, nous avons su faire évoluer nos pratiques dans l’urgence, et cela a permis de limiter les dégâts. Cette capacité à coopérer avec tous les acteurs du parcours de soins doit perdurer. Il existe d’autres modèles dans le monde, dans des contextes différents, mais dont nous pouvons nous inspirer. Par exemple, lorsque j’étais président de l’association Biologistes sans frontières, nous avons participé en Afrique à un programme des « médecins aux pieds nus », des professionnels non médicaux formés à la prise en charge du diabète, pour répondre aux besoins locaux. En France aussi, nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons adapter à notre contexte, en tenant compte des ressources limitées et des besoins de santé croissants.

Le mot de la fin ?

Pr Pierre Flori : Les JFBM 2025 s’annoncent une fois de plus comme un grand cru. Au-delà des sujets transversaux déjà évoqués, le programme comportera de nombreux ateliers de spécialités, organisés en partenariat avec des sociétés savantes. Certains aborderont des thématiques très actuelles, comme le cannabis et ses dérivés, ou la soumission chimique, pour le volet biochimie ; mais aussi les arboviroses émergentes, ou les punaises de lit et autres nuisances entomologiques, pour la partie microbiologie. D’autres sessions ouvriront une fenêtre sur l’avenir. En hématologie, nous parlerons par exemple des thérapies ciblées pour les hémopathies malignes, un domaine en pleine révolution thérapeutique. Des innovations majeures, comme les CAR-T cells, sont en train de changer la donne en cancérologie hématologique, et sans doute demain en cancérologie tout court. C’est cela aussi, l’ambition des JFBM : partager les savoirs, faire dialoguer les pratiques, et tracer ensemble les chemins du futur de la biologie médicale.

Plus d’informations sur https://snbh.org  et https://www.jfbm.fr

JFBM 2025 : le programme en un coup d’œil 

• Sessions plénières : Le sport comme capital santé - Attractivité métier (SNBH, FNSIP BM) - Bienfaits physiologiques de l’activité sportive.
• Ateliers Biochimie (CNBH, SFTA, SFBC) : Parathormone - Glycémie capillaire - Génotypage HIV et HVC - Iono - Soumission chimique - Vascularités à Anca - Cannabis et ses dérivés - Dépistage des trisomies.
• Ateliers Microbiologie (Col BVH, CNBH, FIFBCML) : Arboviroses émergentes - Test IGRA - Infections urinaires - Nuisances entomologiques - Pseudomonas aeruginosa - Dermatophytes - Hémoculture.
• Ateliers Hématologie (CHH) : Hémophilie acquise - Hémopathies malignes - Monomères de fibrine - Urgences cytologiques - Hémovigilance - Allo-immunisation plaquettaire - Hémoglobinurie paroxystique nocturne - AOD et héparine.
• Ateliers transversaux (SNBH, SNMB CHU, SFBC, ECFM, Bio-Med J) : Pratiques hors de France - Numérique - Facettes métier et attractivité - Établissements vertueux - Financement - Collaborations avec l’industrie - Valorisation des travaux de recherche appliquée - Prévention, dépistage, innovation et numérique.
JFBM 2025 : La biologie médicale face aux défis d’aujourd’hui et aux innovations de demain

> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, à lire ici 






Nouveau commentaire :
Facebook Twitter









CONTACT

HOSPITALIA

Immeuble Newquay B / B35
13 rue Ampère
35800 Dinard 
Tél : 02 99 16 04 79
Email : contact@hospitalia.fr

Abonnement :
abonnement@hospitalia.fr