Quel a été votre parcours pour devenir ingénieure biomédicale ?
Alexandra Léocadie : J’ai suivi une formation d’ingénieure en optronique, axée sur l’optique et l’électronique, à l’université Paris Sud - Paris XI, à Orsay. À l’époque, je ne connaissais pas le domaine biomédical. Mais au fil des projets, j’ai souvent choisi des sujets portant sur des dispositifs médicaux utilisant l’optronique, et j’ai trouvé cela passionnant. Lorsque s’est posée la question de ma spécialisation, j’ai approfondi mes recherches et découvert le secteur biomédical. J’ai alors décidé de poursuivre avec le master IBMH de l’Université Technologique de Compiègne.
Comment êtes-vous arrivée à votre poste actuel ?
À la fin de mes études, j’ai exploré les opportunités du moment et postulé à Versailles, où j’ai été recrutée en 2004. J’ai commencé à mi-temps, avant de passer rapidement à un temps plein. Cette transition fluide m’a permis de m’intégrer sans période d’adaptation difficile. J’ai d’abord été adjointe à la responsable du service, puis j’ai pris la relève à son départ en 2010. Mes missions n’ont pas été profondément bouleversées, car nous ne sommes que deux ingénieurs biomédicaux au sein de l’établissement, mais j’ai progressivement assumé davantage de responsabilités managériales.
Quelles sont vos missions en tant que responsable du service biomédical ?
Mes missions recouvrent celles d’un ingénieur biomédical classique. Outre le volet managérial, elles incluent la gestion du parc d’équipements, de l’achat à la maintenance, le suivi de projets et la participation à la démarche qualité. Cette dernière dimension occupe une place importante au service biomédical du CH de Versailles, qui est certifié ISO 9001, ce qui structure fortement nos pratiques et a un impact sur nos méthodes de gestion. Je suis également impliquée dans la formation, dans l’élaboration des projets d’établissement et, plus largement, dans la dynamique du groupement hospitalier de territoire (GHT), comme c’est le cas pour la plupart des hôpitaux en France.
Quelles sont vos responsabilités au sein du GHT ?
Nous appartenons au GHT Yvelines Sud, composé de 9 établissements, dont deux établissements autorisés à la fois en médecine, en chirurgie et en obstétrique, les CH de Rambouillet et de Versailles (établissement support), qui disposent d’un parc plus significatif et d’un service biomédical structuré. Les autres établissements sont autorisés en psychiatrie, en médecine, en soins médicaux et de réadaptation, et en prises en charge médico-sociales, avec moins d’équipements biomédicaux. Nous avons donc réparti les missions entre nos deux établissements pour optimiser les ressources : achats mutualisés – ce qui permet aussi d’harmoniser le parc –, formations partagées et répartition géographique des interventions. Nous fonctionnons en véritable synergie.
Vous travaillez donc en lien étroit avec le CH de Rambouillet ?
Oui, tout à fait. Nous avons adapté une GMAO [Gestion de maintenance assistée par ordinateur, NDLR] commune il y a déjà plusieurs années, ce qui avait nécessité un gros travail d’harmonisation. Aujourd’hui, chaque établissement reste autonome pour la gestion de ses équipements, mais nous échangeons très régulièrement, au moins une fois par semaine. Il y a une réelle entraide. S’il manque des techniciens sur un site, nous pouvons mettre nos ressources en commun pour réaliser des maintenances. Nous avons aussi une approche commune des achats : lorsqu’un appel d’offres est lancé par un établissement, l’autre est systématiquement consulté, tout en gardant la liberté d’y adhérer ou non.
Êtes-vous également en lien avec l’AP-HP, compte tenu de votre proximité avec Paris ?
Oui, la proximité géographique facilite les échanges. En cas de besoin, il nous arrive de nous prêter du matériel entre établissements. Lors de situations exceptionnelles, comme la crise sanitaire liée au Covid-19, ou encore de la cyberattaque que nous avions subie fin 2022, nous avons notamment pu bénéficier du soutien de l’AP-HP qui, face à l’urgence, nous a prêté des équipements.
Vous évoquez la cyberattaque dont le CH de Versailles a été victime en 2022. Quel a été son impact dans votre activité ?
L’ensemble de l’établissement a été touché. Travailler sans informatique est très complexe. Les ingénieurs biomédicaux peuvent temporairement s’appuyer sur un carnet et un crayon, mais les services cliniques comme l’imagerie ou le laboratoire dépendent fortement des systèmes numériques pour stocker et transmettre les données nécessaires au diagnostic. Notre rôle a été de les aider à mettre en place des solutions de secours, parfois rudimentaires mais opérationnelles, pour assurer la continuité des soins. Cet épisode a été extrêmement formateur, et son impact se fait toujours ressentir. Nous avons d’ailleurs profondément modifié notre approche de la sécurité informatique : la cybersécurité est désormais devenue un critère prioritaire lors de l’achat de tout équipement, bien plus qu’auparavant.
Collaborez-vous ici avec la Direction des systèmes informatiques et numériques (DSIN) et le Responsable de la sécurité des systèmes informatiques (RSSI) ?
Absolument. Nous travaillons main dans la main avec le RSSI et le responsable des infrastructures pour sécuriser nos équipements. Plus largement, nous sommes en contact constant avec les directions des investissements, des achats et de la qualité (notamment dans le cadre de la certification ISO 9001), mais aussi avec la pharmacie ou encore le service de prévention des risques infectieux. Nous sommes une fonction support au rôle extrêmement transversal, ce qui implique une collaboration avec de nombreux interlocuteurs. Chacun apporte une expertise indispensable.
Vous êtes en poste depuis 2004. Quelles grandes évolutions avez-vous observées en vingt ans de carrière ?
Le rythme de travail s’est nettement intensifié. Il y a vingt ans, les périodes plus calmes permettaient d’avancer sur des tâches de fond, ce qui est aujourd’hui devenu rare. Il n’y a quasiment plus de pause. La charge administrative a explosé, en particulier avec la numérisation des processus : il faut renseigner et valider une multitude de documents en interaction avec le RSSI, compte tenu du durcissement des règles de sécurité, tout en assurant la coordination des fournisseurs et des services internes. Par ailleurs, l’usage du mail s’est largement ajouté aux échanges directs, avec un flot constant de messages à gérer, même en réunion. Cela complique la gestion des priorités, tandis que la multiplication des processus, probablement nécessaires, mais chronophages alourdit considérablement nos démarches.
Vous êtes également engagée dans l’AFIB. Pourquoi ce choix ?
L’AFIB est la structure de référence pour notre profession. Il m’a semblé naturel d’y adhérer pour échanger, apprendre et progresser. Bien que je ne sois pas membre du conseil d’administration, j’ai accepté, cette année, de prendre la tête du comité d’organisation des Journées nationales 2025. C’était un défi, mais je me sentais prête à coordonner une équipe et à faire avancer les projets.
En quoi consistent vos missions à la tête de ce comité d’organisation ?
Je pilote principalement la partie logistique/organisation : choix des hôtels, sélection des traiteurs, organisation des animations et soirées, modération des exposants et des congressistes… le tout, en lien direct avec la présidente des journées et la pilote du comité scientifique, et puis aussi en collaboration avec la société événementielle Formule Magique, qui nous accompagne depuis trois ans. Nous sommes 34 bénévoles répartis entre le comité d’organisation et le comité scientifique, dont 17 dans mon équipe. L’investissement est conséquent, principalement sur notre temps personnel, avec de nombreuses réunions sur la pause déjeuner pour limiter l’impact professionnel. Mais l’ambiance est très collaborative et bienveillante, chacun contribue en laissant de la place aux autres.
Quels seront les temps forts des prochaines journées ?
Les Journées 2025 s’annoncent très prometteuses, même si je ne peux pas encore révéler tous les détails, notamment le lieu des soirées, qui promet d’être marquant. Le thème retenu, « Connaître et transmettre », met l’accent sur le lien avec les écoles, avec un référent très impliqué sur ce sujet dans le comité d’organisation. Toute l’équipe est d’ailleurs très engagée et soudée, chacun prend ses responsabilités à cœur. Grande nouveauté cette année, les techniciens biomédicaux pourront participer sur une demi-journée ou une journée entière, afin de favoriser leur implication et renforcer cette dynamique de transmission. Une belle manière d’élargir notre audience tout en valorisant toutes les facettes du métier.
> Article paru dans le Hors-série AFIB 2025, à lire ici
Alexandra Léocadie : J’ai suivi une formation d’ingénieure en optronique, axée sur l’optique et l’électronique, à l’université Paris Sud - Paris XI, à Orsay. À l’époque, je ne connaissais pas le domaine biomédical. Mais au fil des projets, j’ai souvent choisi des sujets portant sur des dispositifs médicaux utilisant l’optronique, et j’ai trouvé cela passionnant. Lorsque s’est posée la question de ma spécialisation, j’ai approfondi mes recherches et découvert le secteur biomédical. J’ai alors décidé de poursuivre avec le master IBMH de l’Université Technologique de Compiègne.
Comment êtes-vous arrivée à votre poste actuel ?
À la fin de mes études, j’ai exploré les opportunités du moment et postulé à Versailles, où j’ai été recrutée en 2004. J’ai commencé à mi-temps, avant de passer rapidement à un temps plein. Cette transition fluide m’a permis de m’intégrer sans période d’adaptation difficile. J’ai d’abord été adjointe à la responsable du service, puis j’ai pris la relève à son départ en 2010. Mes missions n’ont pas été profondément bouleversées, car nous ne sommes que deux ingénieurs biomédicaux au sein de l’établissement, mais j’ai progressivement assumé davantage de responsabilités managériales.
Quelles sont vos missions en tant que responsable du service biomédical ?
Mes missions recouvrent celles d’un ingénieur biomédical classique. Outre le volet managérial, elles incluent la gestion du parc d’équipements, de l’achat à la maintenance, le suivi de projets et la participation à la démarche qualité. Cette dernière dimension occupe une place importante au service biomédical du CH de Versailles, qui est certifié ISO 9001, ce qui structure fortement nos pratiques et a un impact sur nos méthodes de gestion. Je suis également impliquée dans la formation, dans l’élaboration des projets d’établissement et, plus largement, dans la dynamique du groupement hospitalier de territoire (GHT), comme c’est le cas pour la plupart des hôpitaux en France.
Quelles sont vos responsabilités au sein du GHT ?
Nous appartenons au GHT Yvelines Sud, composé de 9 établissements, dont deux établissements autorisés à la fois en médecine, en chirurgie et en obstétrique, les CH de Rambouillet et de Versailles (établissement support), qui disposent d’un parc plus significatif et d’un service biomédical structuré. Les autres établissements sont autorisés en psychiatrie, en médecine, en soins médicaux et de réadaptation, et en prises en charge médico-sociales, avec moins d’équipements biomédicaux. Nous avons donc réparti les missions entre nos deux établissements pour optimiser les ressources : achats mutualisés – ce qui permet aussi d’harmoniser le parc –, formations partagées et répartition géographique des interventions. Nous fonctionnons en véritable synergie.
Vous travaillez donc en lien étroit avec le CH de Rambouillet ?
Oui, tout à fait. Nous avons adapté une GMAO [Gestion de maintenance assistée par ordinateur, NDLR] commune il y a déjà plusieurs années, ce qui avait nécessité un gros travail d’harmonisation. Aujourd’hui, chaque établissement reste autonome pour la gestion de ses équipements, mais nous échangeons très régulièrement, au moins une fois par semaine. Il y a une réelle entraide. S’il manque des techniciens sur un site, nous pouvons mettre nos ressources en commun pour réaliser des maintenances. Nous avons aussi une approche commune des achats : lorsqu’un appel d’offres est lancé par un établissement, l’autre est systématiquement consulté, tout en gardant la liberté d’y adhérer ou non.
Êtes-vous également en lien avec l’AP-HP, compte tenu de votre proximité avec Paris ?
Oui, la proximité géographique facilite les échanges. En cas de besoin, il nous arrive de nous prêter du matériel entre établissements. Lors de situations exceptionnelles, comme la crise sanitaire liée au Covid-19, ou encore de la cyberattaque que nous avions subie fin 2022, nous avons notamment pu bénéficier du soutien de l’AP-HP qui, face à l’urgence, nous a prêté des équipements.
Vous évoquez la cyberattaque dont le CH de Versailles a été victime en 2022. Quel a été son impact dans votre activité ?
L’ensemble de l’établissement a été touché. Travailler sans informatique est très complexe. Les ingénieurs biomédicaux peuvent temporairement s’appuyer sur un carnet et un crayon, mais les services cliniques comme l’imagerie ou le laboratoire dépendent fortement des systèmes numériques pour stocker et transmettre les données nécessaires au diagnostic. Notre rôle a été de les aider à mettre en place des solutions de secours, parfois rudimentaires mais opérationnelles, pour assurer la continuité des soins. Cet épisode a été extrêmement formateur, et son impact se fait toujours ressentir. Nous avons d’ailleurs profondément modifié notre approche de la sécurité informatique : la cybersécurité est désormais devenue un critère prioritaire lors de l’achat de tout équipement, bien plus qu’auparavant.
Collaborez-vous ici avec la Direction des systèmes informatiques et numériques (DSIN) et le Responsable de la sécurité des systèmes informatiques (RSSI) ?
Absolument. Nous travaillons main dans la main avec le RSSI et le responsable des infrastructures pour sécuriser nos équipements. Plus largement, nous sommes en contact constant avec les directions des investissements, des achats et de la qualité (notamment dans le cadre de la certification ISO 9001), mais aussi avec la pharmacie ou encore le service de prévention des risques infectieux. Nous sommes une fonction support au rôle extrêmement transversal, ce qui implique une collaboration avec de nombreux interlocuteurs. Chacun apporte une expertise indispensable.
Vous êtes en poste depuis 2004. Quelles grandes évolutions avez-vous observées en vingt ans de carrière ?
Le rythme de travail s’est nettement intensifié. Il y a vingt ans, les périodes plus calmes permettaient d’avancer sur des tâches de fond, ce qui est aujourd’hui devenu rare. Il n’y a quasiment plus de pause. La charge administrative a explosé, en particulier avec la numérisation des processus : il faut renseigner et valider une multitude de documents en interaction avec le RSSI, compte tenu du durcissement des règles de sécurité, tout en assurant la coordination des fournisseurs et des services internes. Par ailleurs, l’usage du mail s’est largement ajouté aux échanges directs, avec un flot constant de messages à gérer, même en réunion. Cela complique la gestion des priorités, tandis que la multiplication des processus, probablement nécessaires, mais chronophages alourdit considérablement nos démarches.
Vous êtes également engagée dans l’AFIB. Pourquoi ce choix ?
L’AFIB est la structure de référence pour notre profession. Il m’a semblé naturel d’y adhérer pour échanger, apprendre et progresser. Bien que je ne sois pas membre du conseil d’administration, j’ai accepté, cette année, de prendre la tête du comité d’organisation des Journées nationales 2025. C’était un défi, mais je me sentais prête à coordonner une équipe et à faire avancer les projets.
En quoi consistent vos missions à la tête de ce comité d’organisation ?
Je pilote principalement la partie logistique/organisation : choix des hôtels, sélection des traiteurs, organisation des animations et soirées, modération des exposants et des congressistes… le tout, en lien direct avec la présidente des journées et la pilote du comité scientifique, et puis aussi en collaboration avec la société événementielle Formule Magique, qui nous accompagne depuis trois ans. Nous sommes 34 bénévoles répartis entre le comité d’organisation et le comité scientifique, dont 17 dans mon équipe. L’investissement est conséquent, principalement sur notre temps personnel, avec de nombreuses réunions sur la pause déjeuner pour limiter l’impact professionnel. Mais l’ambiance est très collaborative et bienveillante, chacun contribue en laissant de la place aux autres.
Quels seront les temps forts des prochaines journées ?
Les Journées 2025 s’annoncent très prometteuses, même si je ne peux pas encore révéler tous les détails, notamment le lieu des soirées, qui promet d’être marquant. Le thème retenu, « Connaître et transmettre », met l’accent sur le lien avec les écoles, avec un référent très impliqué sur ce sujet dans le comité d’organisation. Toute l’équipe est d’ailleurs très engagée et soudée, chacun prend ses responsabilités à cœur. Grande nouveauté cette année, les techniciens biomédicaux pourront participer sur une demi-journée ou une journée entière, afin de favoriser leur implication et renforcer cette dynamique de transmission. Une belle manière d’élargir notre audience tout en valorisant toutes les facettes du métier.
> Article paru dans le Hors-série AFIB 2025, à lire ici










