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Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

Hervé Soule, objectif « hygiène » depuis plus de 25 ans


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 1 Décembre 2021 à 14:54 | Lu 493 fois


Alliant recherche et sensibilisation dans les Alpes, en Suisse et en Bretagne, le Docteur Hervé Soule a dévoué plus de vingt années de sa carrière à l’hygiène hospitalière. Pharmacien chef de projet adjoint aux Hôpitaux Universitaires de Genève, il a notamment travaillé dans le service du Professeur Didier Pittet, spécialiste mondial de l’hygiène des mains.



Le Docteur Hervé Soule, pharmacien hygiéniste et futur directeur d’hôpital. ©DR
Le Docteur Hervé Soule, pharmacien hygiéniste et futur directeur d’hôpital. ©DR
Pharmacien hygiéniste depuis plus de vingt ans, le Dr Hervé Soule a assisté à l’essor et au développement de l’hygiène hospitalière dans sa forme actuelle. Originaire du Sud-Ouest, il s’intéresse tout d’abord à la virologie environnementale pour se pencher, à la fin de son internat, sur l’hygiène. « Auparavant présente dans quelques CHU, la spécialité s’est généralisée au cours des années 90 », se souvient-il, énumérant les principales crises de cette décennie : l’affaire du sang contaminé, la vache folle, la recrudescence des résistances bactériennes aux antibiotiques… « Initié dans les années 80 avec la prise en charge des patients séropositifs, l’établissement de précautions d’hygiène “universelles”, par la suite dites “standard”, s’est poursuivi tout au long de cette époque », raconte-t-il.
 

Premiers pas dans le monde de l’hygiène

Au début des années 2000, l’épidémie de légionellose à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, à Paris, fait aussi bouger les lignes en accentuant la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’hygiène strictes. « Un gros travail a alors été effectué pour assurer la bonne hygiène des différents circuits au sein des hôpitaux et, plus tard, des EHPAD, hôtels, établissements sportifs... », poursuit Hervé Soule qui intervient alors en tant que consultant auprès d’établissements thermaux, tout en exerçant en tant que praticien hospitalier au Centre Hospitalier d’Annecy. Il rejoint peu après l’Unité Départementale de Lutte contre les Infections Nosocomiales (UDLIN) de Haute-Savoie, aujourd’hui intégrée au CPias Auvergne-Rhône-Alpes. « Le changement de statut, entre “centre de lutte contre les infections nosocomiales” à “centre de lutte contre les infections associées aux soins” nous a permis d’élargir nos champs d’action, d’intervenir hors de l’hôpital », commente-t-il.
 

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En Suisse, des travaux autour de l’hygiène des mains

« Il existe cinq missions principales pour un hygiéniste, complète le praticien. L’organisation des process, la formation des professionnels, la surveillance des infections, l’évaluation de la mise en application des recommandations et la communication ». En poste à temps partiel au Centre Hospitalier Centre Bretagne depuis 2013 – et poursuivant ses missions de consultant –, Hervé Soule a toujours eu à cœur de relever ces cinq enjeux, naturellement assortis d’une part de recherche. Entre 2014 et 2021, il a ainsi travaillé une semaine par mois aux Hôpitaux Universitaires de Genève, en tant que chef de projet adjoint. Au sein du service du Pr Didier Pittet, il s’est alors intéressé à l’amélioration de l’hygiène des mains.

« La méthode promue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n’est pas entièrement appliquée à chaque fois. Nous avons donc cherché à la simplifier. Et, grâce à ce travail et à celui d’autres équipes à travers le monde, les recommandations de l’OMS pourraient bien être amenées à évoluer d’ici cinq ans », annonce le spécialiste qui s’est donc penché sur tous les aspects de la désinfection des mains, de la quantité de Solution Hydro-Alcoolique (SHA) utilisée au temps de friction, en passant par la gestuelle et la présentation des produits. Ainsi, concernant le volume, il recommande d’utiliser « entre 1 et 4 ml suivant la taille des mains ». Il explique : « C’est au final la même méthode que lorsque l’on se lave les mains sous un robinet : il faut qu’elles soient mouillées, mais pas trop pour qu’elles sèchent rapidement ». Le temps de friction peut pour sa part « être réduit à 15 secondes ». Quant à la forme du produit en tant que tel, l’hygiéniste recommande d’utiliser des solutions gel ou mousse. « Les lingettes permettent d’essuyer les mains mais pas d’effectuer une réelle friction. Elles sont donc, en moyenne, 10 fois moins efficaces que les SHA ou gel », détaille-t-il.
 

Bientôt directeur

Après plusieurs années de recherche et de conseils, Hervé Soule quitte aujourd’hui ses différents postes « mais pas le monde de la santé », assure-t-il. En décembre 2020, il a en effet accédé aux fonctions de directeur d’hôpital via le tour extérieur. « J’ai commencé à travailler sur l’hygiène hospitalière il y a plus de 25 ans, et souhaite aujourd’hui me consacrer à des volets plus stratégiques et organisationnels », ajoute celui qui aime à revenir sur ces années consacrées à une spécialité alors en plein essor. « Pour ma génération, qui a vu l’hygiène hospitalière s’installer puis devenir incontournable en temps de Covid, je pense que la situation a été plus confortable que celle vécue par la génération qui arrive actuellement et qui doit intégrer de nombreux facteurs venus s’ajouter avec le temps : réglementation, hygiène environnementale, écologie… », note Hervé Soule en soulignant que « les recommandations continuent d’évoluer ». Il met également en lumière une autre tendance : « Si l’on a, par le passé, insisté pour mettre en place des process très stricts, nous avons désormais tendance à les simplifier, quitte à parfois susciter des incompréhensions de la part des professionnels et du grand public ». Un constat qu’il illustre en images : « de nombreux travaux ont montré que la cerise sur le gâteau n’était pas forcément utile, et peut même desservir l’ensemble ».
 

Quelle hygiène demain ?

En matière de réglementation et d’assimilation de nouvelles pratiques, ces derniers mois ont été, sans conteste, exceptionnels, estime-t-il, les professionnels et le grand public appliquant « en un an et demi autant de nouvelles règles qu’en 25 ans de carrière ! », s’étonne encore Hervé Soule. S’il ne doute pas qu’il y aura assurément un « après » Covid, l’un des changements majeurs aura certainement trait à la généralisation du numérique et de l’intelligence artificielle, qui « favoriseront les courts séjours, les méthodes peu invasives mais aussi le développement d’une protection “à la carte”, en fonction du risque spécifique à une personne », détaille-t-il. « Les hygiénistes seront là pour développer des recommandations simples, basiques et adaptées à tous, comme ils l’ont toujours fait, prédit Hervé Soule. C’est après tout l’objectif premier de notre mission : chercher, adapter et expliquer, pour que les bonnes pratiques soient appliquées ».
 

Fingertips first, une nouvelle gestuelle pour la désinfection des mains

Point central des travaux de l’équipe Hygiène des Mains des Hôpitaux Universitaires de Genève, la gestuelle a notamment été simplifiée. S’intéressant à la friction du bout des doigts, qui arrive en 4ème position dans la technique de l’OMS alors qu’elle est « pourtant l’une des zones les plus importantes à désinfecter », les chercheurs ont développé la technique dite « Fingertips first ». Concrètement, et comme l’indique son nom, elle prévoit de désinfecter en priorité le bout des doigts en les trempant directement dans le produit, au creux de la main opposée.
 






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