
Quels sont, aujourd’hui, les principaux axes de réflexion des ingénieurs hospitaliers de France ?
Bruno Cazabat : Nous faisons actuellement face à des défis majeurs liés au contexte actuel. L’ingénierie hospitalière traverse une période de fortes tensions, accentuées par le déploiement massif de programmes d’investissement immobilier dans le cadre du Ségur de la Santé. Ces projets ambitieux, lancés à l’échelle nationale, viennent s’ajouter aux nombreux projets courants menés localement. Cette accumulation génère une demande croissante de compétences sur le terrain, créant un véritable défi pour notre profession qui doit à la fois attirer de nouveaux talents tout en développant les compétences existantes. C’est un travail de fond qui demande du temps, d’autant plus dans un secteur aussi technique et exigeant que l’ingénierie hospitalière. Nous avons cependant un soutien de taille : la réforme de nos métiers, mise en œuvre progressivement depuis janvier 2024. Celle-ci aligne désormais nos carrières avec celles de la fonction publique territoriale et de la fonction publique d’État, ce qui nous apporte une reconnaissance indispensable, permettant de stabiliser les compétences en place et d’attirer de nouveaux profils – même si les effets concrets ne se feront pleinement sentir qu’à moyen et long terme.
Quels sont autres les leviers pour renforcer cette attractivité ?
Nous travaillons aussi activement à mieux faire connaître nos métiers. L’ingénierie hospitalière, c’est bien plus qu’une simple gestion technique : c’est un environnement où toutes les sciences de l’ingénierie se croisent et s’enrichissent mutuellement. Nous intervenons sur des domaines variés, de l’énergie aux infrastructures, en passant par les technologies médicales. Pour réussir, il nous faut à la fois des compétences spécialisées et une vision transversale afin de dialoguer avec les autres métiers de l’hôpital. Cette richesse, nous voulons la mettre en avant, car elle constitue un véritable atout dans un environnement complexe et en constante évolution. Notre priorité est donc de continuer à valoriser la diversité de nos métiers. Il nous faut aussi renforcer les liens avec les écoles d’ingénieurs et les universités, afin de susciter des vocations et de montrer l’importance de nos missions. Plus largement, il s’agit de faire comprendre que l’ingénierie hospitalière n’est pas seulement un métier de l’ombre, mais un pilier indispensable au bon fonctionnement de nos établissements de santé.
Travaillez-vous également sur l’impact des avancées technologiques sur les métiers de l’ingénierie hospitalière ? Je pense notamment ici à l’intelligence artificielle…
L’intelligence artificielle est en train de transformer progressivement le secteur hospitalier, et cela se ressent à plusieurs niveaux. Sur le plan clinique, elle permet de développer des applications innovantes, facilitant par exemple le diagnostic, la prise en charge des patients ou encore l’analyse prédictive. Ces avancées technologiques sont déjà largement explorées dans les établissements de santé. En ce qui concerne spécifiquement les métiers de l’ingénierie hospitalière, l’IA ouvre également de nouvelles perspectives, notamment en matière de gestion des données. Nous utilisons déjà des systèmes de gestion technique centralisée (GTC), qui collectent et analysent un grand nombre de données en temps réel : consommation énergétique, maintenance des équipements, suivi des infrastructures, etc. Cependant, les progrès récents de l’intelligence artificielle nous laissent entrevoir un potentiel encore plus vaste.
Qu’entendez-vous par là ?
Nous pourrions, à terme, disposer de systèmes prédictifs capables non seulement de détecter les anomalies avant qu’elles ne se transforment en pannes, mais aussi d’optimiser l’ensemble des opérations techniques de manière proactive. La technologie est donc prometteuse, mais nous n’en sommes qu’aux prémices. Ce sont toutefois des perspectives que nous suivons de près, car elles représentent une réelle opportunité pour rendre nos infrastructures hospitalières plus intelligentes, plus durables et surtout plus sûres. D’ailleurs, lors des prochaines Journées d’études et de formation IHF, un atelier sera justement consacré à la révolution digitale au service du monde hospitalier. Y seront notamment évoqués l’hypervision des bâtiments mise en œuvre au CHU de Nantes, les jumeaux numériques utilisés au GHU Paris psychiatrie & neurosciences, et les apports de l’IA pour le BIM du futur.
Vous évoquez la durabilité, un autre axe de réflexion majeur qui sera largement abordé au cours des prochaines Journées IHF. Pourriez-vous nous en parler ?
La durabilité est un enjeu central pour nos métiers depuis plusieurs années. Longtemps, nos efforts se sont concentrés sur ce que l’on appelle les quick-wins : des actions ciblées et ponctuelles permettant de réaliser des économies d’énergie rapides et mesurables. Cette approche a été largement adoptée par les établissements de santé, créant ainsi une dynamique vertueuse à court terme. Nous avons, depuis, franchi un nouveau cap : les hôpitaux s’inscrivent désormais dans des stratégies de long terme, beaucoup plus ambitieuses, orientées vers le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Il ne s’agit plus seulement d’optimiser ponctuellement les consommations énergétiques, mais de réduire l’empreinte environnementale de manière durable et significative. Cette évolution sera notamment mise en lumière lors des prochaines Journées d’étude et de formation IHF, à travers plusieurs retours d’expérience concrets qui viendront illustrer les bénéfices d’une approche plus intégrée et pérenne. Ce sera, aussi, l’occasion de montrer que le secteur hospitalier peut être un acteur exemplaire en matière de transition énergétique et environnementale.
Pourriez-vous citer quelques exemples concrets ?
Lors de la première conférence plénière du mercredi 4 juin, nous mettrons en avant plusieurs projets illustrant cette vision à long terme de l’optimisation des performances énergétiques dans les établissements de santé. Parmi eux, l’EHPAD de Montbrison est un exemple remarquable. Construit avec des matériaux biosourcés, il intègre un système de monitoring environnemental complet permettant un suivi précis de ses consommations et de son empreinte carbone. Cette approche innovante reflète parfaitement l’engagement vers une conception plus durable et vertueuse des infrastructures de santé. Nous aborderons également le cas de l’hôpital de la Croix-Rousse, aux Hospices Civils de Lyon, qui a récemment été raccordé au réseau de chauffage urbain. Ce projet a été mené en partenariat étroit avec la collectivité territoriale, permettant à l’établissement de se chauffer à 95 % grâce à de la biomasse plutôt qu’au pétrole. Cette initiative réduit considérablement l’empreinte carbone de l’hôpital tout en générant de véritables économies d’énergie.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple de coopération réussie entre un établissement de santé et son territoire pour une transition énergétique durable…
En effet, lors de l’atelier sur la gestion patrimoniale, nous mettrons en lumière un autre projet emblématique : le programme BAURéaLS des Hospices Civils de Lyon, qui vise à moderniser les blocs opératoires, les services d’urgences et les unités de réanimation de l’Hôpital Lyon Sud. Au-delà du volet technique, une action conjointe a été menée entre le CHU et la Ville de Lyon pour implanter une station de métro juste en face de l’hôpital. Cette initiative répond à un double objectif : soutenir les mobilités douces, conformément à la politique de la ville, tout en renforçant l’accessibilité et l’attractivité de l’hôpital pour les patients et les professionnels de santé. Ce projet illustre parfaitement les bénéfices des actions concertées entre un établissement de santé et son territoire. En pensant stratégie environnementale et aménagement urbain de manière cohérente, les effets de levier se multiplient, générant des avantages partagés. Ce type de coopération ne se limite pas à l’efficacité énergétique : il contribue aussi à l’amélioration du cadre de vie, au renforcement de l’attractivité et à l’engagement vers un développement durable à long terme.
D’autres interventions s’arrêteront aussi sur le projet BAURéaLS. Lesquelles ?
Plusieurs moments forts du congrès seront consacrés au projet BAURéaLS. Pour les congressistes intéressés, une visite technique du chantier sera organisée, permettant de découvrir concrètement les avancées et les choix architecturaux de ce projet ambitieux. Mais ce n’est pas tout : les défis rencontrés lors de la mise en œuvre de BAURéaLS seront également abordés lors de la seconde conférence plénière, qui portera spécifiquement sur les clés de réussite des projets de construction. Ce sera l’occasion de revenir en détail sur les enjeux ayant jalonné le développement de ce programme. Autre temps marquant de cette plénière : pour la première fois, des représentants des Agences Régionales de Santé (ARS) seront présents pour exposer les étapes du processus de validation des projets immobiliers. Nous nous réjouissons de cette participation, car elle témoigne d’un changement de posture : les ARS se positionnent désormais comme de véritables partenaires, capables d’accompagner concrètement les réflexions architecturales et techniques des établissements de santé.
Pour en revenir au volet Développement durable : cette thématique fera également l’objet d’un atelier. Que pourriez-vous nous en dire ?
Cet atelier sera l’occasion de mettre en lumière trois sujets majeurs qui illustrent notre engagement pour un développement durable dans les établissements de santé. Le premier concerne la certification HQE BD (Haute Qualité Environnementale – Bâtiment Durable), que nous souhaitons ériger en référence pour évaluer les performances des infrastructures hospitalières. Cette certification ne se limite pas à la consommation énergétique : elle prend également en compte des critères comme le confort acoustique, l’accessibilité ou encore la qualité de l’air intérieur. Notre ambition est claire : encourager les établissements de santé à s’engager dans cette démarche dès la phase de conception des projets immobiliers. Cela permettrait de bénéficier de conseils techniques en amont et d’optimiser le choix entre différentes solutions aux performances similaires. Par ailleurs, cette certification offrirait un outil de mesure partagé, créant une base de données commune où chaque établissement pourrait se comparer objectivement aux autres et affiner ainsi sa stratégie environnementale.
Quid des autres sujets ?
Le deuxième sujet abordé portera sur la valorisation des déchets immobiliers. À l’AP-HP, par exemple, des filières innovantes ont été créées en partenariat avec un acteur majeur du secteur, illustrant une dynamique collective et une prise de conscience accrue. L’objectif est clair : transformer les déchets issus des chantiers en ressources réutilisables, favorisant ainsi l’économie circulaire. Cette initiative témoigne de l’engagement croissant des établissements de santé pour réduire leur empreinte écologique de manière tangible. Enfin, nous aborderons le thème de la durabilité sous l’angle du low-tech et du design circulaire. Si la technologie offre d’immenses possibilités, elle n’est pas toujours la solution la plus appropriée. Parfois, des approches plus simples et rustiques répondent mieux aux besoins identifiés, tout en étant plus économes en ressources. L’idée est de promouvoir un pragmatisme éclairé : savoir choisir entre haute technologie et solutions plus sobres, selon le contexte et les objectifs visés.
Les 65èmes Journées d’Études et de Formation des Ingénieurs Hospitaliers de France s’annoncent donc, cette année encore, comme un événement incontournable pour la profession…
Au-delà des plénières et des ateliers consacrés au développement durable, au numérique et à la gestion patrimoniale, de nombreux autres thèmes classiques de l’ingénierie hospitalière seront également à l’honneur. Nous aborderons notamment la maîtrise d’ouvrage, avec un focus particulier sur le contrôle des coûts dans les projets de construction hospitalière, un enjeu crucial dans le contexte actuel. Côté équipements techniques, trois retours d’expérience illustreront des réalisations concrètes : la conception d’une centrale de secours, la mise en place d’un système de protection contre la foudre, et l’optimisation des transports verticaux. L’atelier dédié à l’architecture hospitalière mettra en avant des innovations inspirantes, comme la construction d’hôpitaux régénératifs en bois-béton en Belgique, ou encore la création d’un campus santé en Suisse. Nous traiterons également de la conduite de projet, depuis la phase de programmation jusqu’à la livraison, ainsi que de la conception technique d’un hall opératoire, un espace stratégique nécessitant une ingénierie de pointe. Du côté des visites techniques, en plus de la découverte du chantier de BAURéaLS, nous aurons l’opportunité de visiter une structure impressionnante de production, stockage et distribution de froid. Construite en sous-sol près de la gare de Lyon Part-Dieu, cette installation est, à mes yeux, un véritable bijou technique qui mérite le détour. Nous vous attendons nombreux pour partager ces moments d’échange et de découverte !
> Plus d’informations sur https://www.journees-ihf.com
Bruno Cazabat : Nous faisons actuellement face à des défis majeurs liés au contexte actuel. L’ingénierie hospitalière traverse une période de fortes tensions, accentuées par le déploiement massif de programmes d’investissement immobilier dans le cadre du Ségur de la Santé. Ces projets ambitieux, lancés à l’échelle nationale, viennent s’ajouter aux nombreux projets courants menés localement. Cette accumulation génère une demande croissante de compétences sur le terrain, créant un véritable défi pour notre profession qui doit à la fois attirer de nouveaux talents tout en développant les compétences existantes. C’est un travail de fond qui demande du temps, d’autant plus dans un secteur aussi technique et exigeant que l’ingénierie hospitalière. Nous avons cependant un soutien de taille : la réforme de nos métiers, mise en œuvre progressivement depuis janvier 2024. Celle-ci aligne désormais nos carrières avec celles de la fonction publique territoriale et de la fonction publique d’État, ce qui nous apporte une reconnaissance indispensable, permettant de stabiliser les compétences en place et d’attirer de nouveaux profils – même si les effets concrets ne se feront pleinement sentir qu’à moyen et long terme.
Quels sont autres les leviers pour renforcer cette attractivité ?
Nous travaillons aussi activement à mieux faire connaître nos métiers. L’ingénierie hospitalière, c’est bien plus qu’une simple gestion technique : c’est un environnement où toutes les sciences de l’ingénierie se croisent et s’enrichissent mutuellement. Nous intervenons sur des domaines variés, de l’énergie aux infrastructures, en passant par les technologies médicales. Pour réussir, il nous faut à la fois des compétences spécialisées et une vision transversale afin de dialoguer avec les autres métiers de l’hôpital. Cette richesse, nous voulons la mettre en avant, car elle constitue un véritable atout dans un environnement complexe et en constante évolution. Notre priorité est donc de continuer à valoriser la diversité de nos métiers. Il nous faut aussi renforcer les liens avec les écoles d’ingénieurs et les universités, afin de susciter des vocations et de montrer l’importance de nos missions. Plus largement, il s’agit de faire comprendre que l’ingénierie hospitalière n’est pas seulement un métier de l’ombre, mais un pilier indispensable au bon fonctionnement de nos établissements de santé.
Travaillez-vous également sur l’impact des avancées technologiques sur les métiers de l’ingénierie hospitalière ? Je pense notamment ici à l’intelligence artificielle…
L’intelligence artificielle est en train de transformer progressivement le secteur hospitalier, et cela se ressent à plusieurs niveaux. Sur le plan clinique, elle permet de développer des applications innovantes, facilitant par exemple le diagnostic, la prise en charge des patients ou encore l’analyse prédictive. Ces avancées technologiques sont déjà largement explorées dans les établissements de santé. En ce qui concerne spécifiquement les métiers de l’ingénierie hospitalière, l’IA ouvre également de nouvelles perspectives, notamment en matière de gestion des données. Nous utilisons déjà des systèmes de gestion technique centralisée (GTC), qui collectent et analysent un grand nombre de données en temps réel : consommation énergétique, maintenance des équipements, suivi des infrastructures, etc. Cependant, les progrès récents de l’intelligence artificielle nous laissent entrevoir un potentiel encore plus vaste.
Qu’entendez-vous par là ?
Nous pourrions, à terme, disposer de systèmes prédictifs capables non seulement de détecter les anomalies avant qu’elles ne se transforment en pannes, mais aussi d’optimiser l’ensemble des opérations techniques de manière proactive. La technologie est donc prometteuse, mais nous n’en sommes qu’aux prémices. Ce sont toutefois des perspectives que nous suivons de près, car elles représentent une réelle opportunité pour rendre nos infrastructures hospitalières plus intelligentes, plus durables et surtout plus sûres. D’ailleurs, lors des prochaines Journées d’études et de formation IHF, un atelier sera justement consacré à la révolution digitale au service du monde hospitalier. Y seront notamment évoqués l’hypervision des bâtiments mise en œuvre au CHU de Nantes, les jumeaux numériques utilisés au GHU Paris psychiatrie & neurosciences, et les apports de l’IA pour le BIM du futur.
Vous évoquez la durabilité, un autre axe de réflexion majeur qui sera largement abordé au cours des prochaines Journées IHF. Pourriez-vous nous en parler ?
La durabilité est un enjeu central pour nos métiers depuis plusieurs années. Longtemps, nos efforts se sont concentrés sur ce que l’on appelle les quick-wins : des actions ciblées et ponctuelles permettant de réaliser des économies d’énergie rapides et mesurables. Cette approche a été largement adoptée par les établissements de santé, créant ainsi une dynamique vertueuse à court terme. Nous avons, depuis, franchi un nouveau cap : les hôpitaux s’inscrivent désormais dans des stratégies de long terme, beaucoup plus ambitieuses, orientées vers le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Il ne s’agit plus seulement d’optimiser ponctuellement les consommations énergétiques, mais de réduire l’empreinte environnementale de manière durable et significative. Cette évolution sera notamment mise en lumière lors des prochaines Journées d’étude et de formation IHF, à travers plusieurs retours d’expérience concrets qui viendront illustrer les bénéfices d’une approche plus intégrée et pérenne. Ce sera, aussi, l’occasion de montrer que le secteur hospitalier peut être un acteur exemplaire en matière de transition énergétique et environnementale.
Pourriez-vous citer quelques exemples concrets ?
Lors de la première conférence plénière du mercredi 4 juin, nous mettrons en avant plusieurs projets illustrant cette vision à long terme de l’optimisation des performances énergétiques dans les établissements de santé. Parmi eux, l’EHPAD de Montbrison est un exemple remarquable. Construit avec des matériaux biosourcés, il intègre un système de monitoring environnemental complet permettant un suivi précis de ses consommations et de son empreinte carbone. Cette approche innovante reflète parfaitement l’engagement vers une conception plus durable et vertueuse des infrastructures de santé. Nous aborderons également le cas de l’hôpital de la Croix-Rousse, aux Hospices Civils de Lyon, qui a récemment été raccordé au réseau de chauffage urbain. Ce projet a été mené en partenariat étroit avec la collectivité territoriale, permettant à l’établissement de se chauffer à 95 % grâce à de la biomasse plutôt qu’au pétrole. Cette initiative réduit considérablement l’empreinte carbone de l’hôpital tout en générant de véritables économies d’énergie.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple de coopération réussie entre un établissement de santé et son territoire pour une transition énergétique durable…
En effet, lors de l’atelier sur la gestion patrimoniale, nous mettrons en lumière un autre projet emblématique : le programme BAURéaLS des Hospices Civils de Lyon, qui vise à moderniser les blocs opératoires, les services d’urgences et les unités de réanimation de l’Hôpital Lyon Sud. Au-delà du volet technique, une action conjointe a été menée entre le CHU et la Ville de Lyon pour implanter une station de métro juste en face de l’hôpital. Cette initiative répond à un double objectif : soutenir les mobilités douces, conformément à la politique de la ville, tout en renforçant l’accessibilité et l’attractivité de l’hôpital pour les patients et les professionnels de santé. Ce projet illustre parfaitement les bénéfices des actions concertées entre un établissement de santé et son territoire. En pensant stratégie environnementale et aménagement urbain de manière cohérente, les effets de levier se multiplient, générant des avantages partagés. Ce type de coopération ne se limite pas à l’efficacité énergétique : il contribue aussi à l’amélioration du cadre de vie, au renforcement de l’attractivité et à l’engagement vers un développement durable à long terme.
D’autres interventions s’arrêteront aussi sur le projet BAURéaLS. Lesquelles ?
Plusieurs moments forts du congrès seront consacrés au projet BAURéaLS. Pour les congressistes intéressés, une visite technique du chantier sera organisée, permettant de découvrir concrètement les avancées et les choix architecturaux de ce projet ambitieux. Mais ce n’est pas tout : les défis rencontrés lors de la mise en œuvre de BAURéaLS seront également abordés lors de la seconde conférence plénière, qui portera spécifiquement sur les clés de réussite des projets de construction. Ce sera l’occasion de revenir en détail sur les enjeux ayant jalonné le développement de ce programme. Autre temps marquant de cette plénière : pour la première fois, des représentants des Agences Régionales de Santé (ARS) seront présents pour exposer les étapes du processus de validation des projets immobiliers. Nous nous réjouissons de cette participation, car elle témoigne d’un changement de posture : les ARS se positionnent désormais comme de véritables partenaires, capables d’accompagner concrètement les réflexions architecturales et techniques des établissements de santé.
Pour en revenir au volet Développement durable : cette thématique fera également l’objet d’un atelier. Que pourriez-vous nous en dire ?
Cet atelier sera l’occasion de mettre en lumière trois sujets majeurs qui illustrent notre engagement pour un développement durable dans les établissements de santé. Le premier concerne la certification HQE BD (Haute Qualité Environnementale – Bâtiment Durable), que nous souhaitons ériger en référence pour évaluer les performances des infrastructures hospitalières. Cette certification ne se limite pas à la consommation énergétique : elle prend également en compte des critères comme le confort acoustique, l’accessibilité ou encore la qualité de l’air intérieur. Notre ambition est claire : encourager les établissements de santé à s’engager dans cette démarche dès la phase de conception des projets immobiliers. Cela permettrait de bénéficier de conseils techniques en amont et d’optimiser le choix entre différentes solutions aux performances similaires. Par ailleurs, cette certification offrirait un outil de mesure partagé, créant une base de données commune où chaque établissement pourrait se comparer objectivement aux autres et affiner ainsi sa stratégie environnementale.
Quid des autres sujets ?
Le deuxième sujet abordé portera sur la valorisation des déchets immobiliers. À l’AP-HP, par exemple, des filières innovantes ont été créées en partenariat avec un acteur majeur du secteur, illustrant une dynamique collective et une prise de conscience accrue. L’objectif est clair : transformer les déchets issus des chantiers en ressources réutilisables, favorisant ainsi l’économie circulaire. Cette initiative témoigne de l’engagement croissant des établissements de santé pour réduire leur empreinte écologique de manière tangible. Enfin, nous aborderons le thème de la durabilité sous l’angle du low-tech et du design circulaire. Si la technologie offre d’immenses possibilités, elle n’est pas toujours la solution la plus appropriée. Parfois, des approches plus simples et rustiques répondent mieux aux besoins identifiés, tout en étant plus économes en ressources. L’idée est de promouvoir un pragmatisme éclairé : savoir choisir entre haute technologie et solutions plus sobres, selon le contexte et les objectifs visés.
Les 65èmes Journées d’Études et de Formation des Ingénieurs Hospitaliers de France s’annoncent donc, cette année encore, comme un événement incontournable pour la profession…
Au-delà des plénières et des ateliers consacrés au développement durable, au numérique et à la gestion patrimoniale, de nombreux autres thèmes classiques de l’ingénierie hospitalière seront également à l’honneur. Nous aborderons notamment la maîtrise d’ouvrage, avec un focus particulier sur le contrôle des coûts dans les projets de construction hospitalière, un enjeu crucial dans le contexte actuel. Côté équipements techniques, trois retours d’expérience illustreront des réalisations concrètes : la conception d’une centrale de secours, la mise en place d’un système de protection contre la foudre, et l’optimisation des transports verticaux. L’atelier dédié à l’architecture hospitalière mettra en avant des innovations inspirantes, comme la construction d’hôpitaux régénératifs en bois-béton en Belgique, ou encore la création d’un campus santé en Suisse. Nous traiterons également de la conduite de projet, depuis la phase de programmation jusqu’à la livraison, ainsi que de la conception technique d’un hall opératoire, un espace stratégique nécessitant une ingénierie de pointe. Du côté des visites techniques, en plus de la découverte du chantier de BAURéaLS, nous aurons l’opportunité de visiter une structure impressionnante de production, stockage et distribution de froid. Construite en sous-sol près de la gare de Lyon Part-Dieu, cette installation est, à mes yeux, un véritable bijou technique qui mérite le détour. Nous vous attendons nombreux pour partager ces moments d’échange et de découverte !
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