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Biologie

Pour la HAS, doser la vitamine C chez un patient n’est éventuellement utile que pour confirmer un scorbut


Rédigé par Rédaction le Vendredi 8 Juin 2018 à 13:13 | Lu 2113 fois


Le dosage de la vitamine C est un examen sanguin permettant de confirmer une carence en cette vitamine lorsque certains éléments (cliniques, socio-économiques...) peuvent faire envisager un diagnostic de scorbut (1). Bien que cette maladie soit devenue très rare aujourd’hui, plus de 40 000 dosages ont été réalisés par les établissements de santé français en 2016 (2). Face à ce constat, la HAS fait le point sur l’utilité de ce dosage et conclut que celle-ci se limite aux patients présentant des symptômes cliniques évocateurs de scorbut, en vue d’une confirmation diagnostique.



Le dosage sanguin de la vitamine C, ou acide ascorbique, est un examen biologique réalisé à des fins de détection de déficit, voire de carence en cette vitamine. En 2016, plus de 40 000 dosages ont été réalisés par les établissements de santé, qui disposent d’un financement dérogatoire pour ce test. Ce nombre de dosages ne peut être expliqué par la recherche d’un diagnostic de scorbut étant donnée la très faible fréquence de sa survenue.
 
La HAS a donc mené une enquête auprès des établissements de santé réalisant le plus grand nombre de dosages afin d’identifier les situations cliniques donnant lieu à sa prescription. Cette enquête a montré un recours fréquent lors de bilans nutritionnels réalisés avant et après une chirurgie bariatrique, ou pour des patients atteints de maladie malabsorptive, dénutris, sous nutrition artificielle ou dialysés. La HAS rend aujourd’hui son avis sur l’intérêt de ce dosage. 

Suspicion de scorbut : l’utilité du dosage de vitamine C limitée aux patients présentant des symptômes cliniques évocateurs d’une carence prolongée


Selon la HAS, l’utilité du dosage de la vitamine C est fortement limitée en l’absence de standardisation des conditions de réalisation de ce dosage, pouvant entrainer un risque de surdiagnostic de déficits ou de carences mais aussi une variabilité du résultat en fonction du laboratoire où l’examen est réalisé. C’est pourquoi la HAS considère que le recours au dosage de vitamine C doit être limité aux patients pour lesquels une carence vitaminique profonde et prolongée est suspectée du fait de l’existence de symptômes évocateurs de scorbut (principalement hémorragies diffuses, saignements des gencives, arthralgies, troubles de la cicatrisation).
 
En d’autres termes, le dosage de la vitamine C n’a d’intérêt que pour confirmer un diagnostic de scorbut déjà envisagé sur la base de l’examen clinique du patient.

Autres indications évaluées : absence d’utilité démontrée du dosage de vitamine C

Sur la base des rares données disponibles de la littérature conjointement à l’interrogation des principaux Conseils nationaux professionnels concernés (3), la HAS conclut à l’absence d’intérêt du dosage de la vitamine C dans les autres situations cliniques qu’elle a évaluées (chirurgie bariatrique, maladie malabsorptive, dénutrition, nutrition artificielle, dialyse), et qui font régulièrement l’objet de ce dosage dans les établissements de santé. 

L’alimentation ou la supplémentation : une alternative efficace et sans danger

De manière générale, la HAS relève qu’un traitement empirique, c’est-à-dire un apport de vitamine C sans dosage préalable, est dans la majorité des cas, adapté en présence d’une suspicion de carence. La restauration d’une alimentation équilibrée (fruits, légumes...) ou la supplémentation constituent ainsi de bonnes alternatives.
 
Consulter l’argumentaire et la fiche de bon usage édités par la HAS.
 
  1. Le scorbut est une pathologie résultant d’une carence profonde et prolongée en vitamine C, qui peut se manifester notamment par un syndrome hémorragique, des troubles de la cicatrisation, des signes rhumatismaux ou encore des atteintes gingivales. L’évolution peut être létale en l’absence de traitement (apport de vitamine C).

  2. Source : Ministère chargé de la Santé, Direction générale de l’offre de soins.
  3. CNP de biologie médicale, CNP d’endocrinologie, diabétologie et maladies métaboliques, CNP de gériatrie, CNP d’hépato- gastroentérologie, CNP de néphrologie et CNP de nutrition. 






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