Ce livre blanc est l’aboutissement d’un cycle de sept conférences organisées en 2024 par la Fondation de l’Académie de Médecine, coordonné par le Dr Elisabeth Elefant et le Pr Richard Villet et parrainé par Marina Carrère d’Encausse.
Médecins, chercheurs, experts en sciences sociales et patientes ont dressé un état des lieux multidisciplinaire de la santé des femmes, qui ne se limite pas aux aspects biologiques ou reproductifs mais intègre également les dimensions mentale, sociale et psychologique, comme le recommande l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’objectif : proposer des solutions concrètes pour mieux accompagner les femmes à chaque étape de leur vie et réduire les inégalités de santé.
Un état des lieux préoccupant
Le constat est sans appel : malgré les progrès médicaux, de nombreux aspects de la santé féminine restent encore méconnus, mal diagnostiqués ou ignorés.
- Bien que les femmes vivent plus longtemps que les hommes (85,7 ans contre 80), elles ne vivent pas mieux. L’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire sans incapacité, est presque la même.
- En France, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité des femmes, avec 200 décès par jour. Pourtant, la mortalité à trentejours après un infarctus est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (6,5 % contre 2,5 %), notamment à cause d’une sous-évaluation de leurs symptômes.
- L’endométriose touche environ 10 % des femmes, mais elles doivent souvent attendre 7 ans avant que le diagnostic ne soit posé.
- 14 millions de Françaises connaissent des troubles liés à la ménopause, mais seule une infime minorité emploie un traitement hormonal pour soulager ses effets.
- Même les adolescentes ne sont pas épargnées. Ces dernières années, le taux de dépression et d'automutilation est 35 % plus élevé chez les filles que chez les garçons.
- La santé mentale des femmes en période périnatale n’est pas non plus suffisamment prise en compte : la dépression post-partum touche une femme sur 6 en France, et le suicide est désormais la première cause de mortalité maternelle en France jusqu’à un an après la naissance.
- L’accès aux soins reste inégal et difficile, surtout pour les femmes en situation de précarité ou de handicap : près de 40 % des femmes en situation de précarité déclarent avoir renoncé à des soins pour des raisons financières.
- Les conditions de travail et le sexisme au quotidien ont un impact direct sur la santé physique et mentale des femmes, mais restent largement ignorés par les politiques publiques.
Des pistes d’action concrètes pour transformer la santé des femmes
Pour améliorer la prise en charge de la santé des femmes, le livre blanc propose 114 pistes d’action à destination des décideurs publics, des professionnels de santé mais aussi du grand public et des entreprises, couvrant cinq axes prioritaires :
- Reconnaître les spécificités de la santé des femmes : mieux prévenir, diagnostiquer, et traiter les pathologies comme l’infarctus, l’endométriose, les troubles liés à la ménopause ou les douleurs chroniques
- Intégrer systématiquement le sexe dans la recherche biomédicale et les essais cliniques pour garantir des traitements adaptés aux femmes comme aux hommes
- Informer sans tabou et sensibiliser dès l’adolescence : contraception, fertilité, sexualité, ménopause, santé mentale
- Améliorer l’accès aux soins pour toutes : réduire les inégalités qui touchent particulièrement les femmes en situation de précarité, de handicap ou victimes de violences
- Prendre en compte la santé des femmes au travail dans les politiques de prévention, en luttant contre les risques médicaux, psychosociaux et les discriminations sexistes
Une campagne d’information sur la ménopause
Du lundi 13 octobre au dimanche 19 octobre, la Fondation de l’Académie de Médecine lance également une campagne d’information sur la ménopause et les traitements hormonaux, en partenariat avec Doctolib. Cette initiative vise à mieux informer les femmes de 45 à 55 ans et à briser les idées reçues, notamment celle selon laquelle les traitements hormonaux augmenteraient le risque de cancer du sein. En s’appuyant sur la dynamique d’Octobre rose, la campagne entend briser les tabous autour de la ménopause et encourager les femmes à en parler avec leurs professionnels de santé, tout en les orientant vers des ressources fiables comme le livre blanc de la Fondation.
> Téléchargez le livre blanc : Santé des femmes - Regards croisés et pistes d'actions
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