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Blanchisserie

Journées d'Études de l'URBH : Les blanchisseries hospitalières face au défi des économies énergétiques


Rédigé par Joëlle Hayek le Lundi 2 Octobre 2023 à 10:05 | Lu 1539 fois


Face à la nécessité de mieux maîtriser leurs consommations énergétiques, de limiter leur impact environnemental et de renforcer l’attractivité de leurs métiers, les responsables des blanchisseries hospitalières multiplient les pistes de réflexion, et mettront à profit leurs prochaines Journées d’Études de l’URBH pour les évoquer de manière plus concrète. Nous faisons le point avec Andy Nguyen, le président de l’URBH.



Quelles problématiques préoccupent la profession aujourd’hui ?

Andy Nguyen : L’enjeu principal, pour 2023 et certainement aussi 2024, a trait aux énergies, eu égard à l’inflation massive qui nous pénalise fortement. La situation actuelle est très préoccupante et entraîne des difficultés réelles au quotidien : dans les blanchisseries hospitalières, les coûts de fonctionnements liés au volet Énergie ont déjà augmenté de 15 %, malgré la stabilisation des tarifs accordés dans le cadre des contrats nationaux. C’est donc une donne que nous subissons mais à laquelle il nous faut aussi réagir, pour trouver de nouvelles sources d’économies énergétiques. Pour les blanchisseries existantes, les leviers sont principalement matériels et exigent des investissements lourds. Les projets de reconstruction, eux, sont plus que jamais pilotés par la nécessité de maîtriser les consommations énergétiques.

Quelles sont aujourd’hui les principales pistes privilégiées ?

En ce qui concerne l’électricité, je pense surtout au déploiement de panneaux solaires photovoltaïques, qui permettraient de bénéficier d’une production relativement autonome. Il n’existe en revanche pas d’alternative technique équivalente pour le gaz. La solution idéale consisterait à raccorder la blanchisserie au réseau de chaleur des incinérateurs urbains, comme l’a fait avec succès le GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé. Mais, dans les faits, il est très rare de pouvoir jumeler la construction d’une blanchisserie industrielle avec celle d’un incinérateur urbain, pour créer un ensemble capable de s’auto-alimenter. Cette piste est en outre inapplicable dans les blanchisseries existantes, à moins que celles-ci ne soient effectivement situées à moins d’un kilomètre d’un incinérateur urbain – ou disposées à être reconstruites dans ce périmètre. 

Quelle serait alors l’option réaliste ? 

Il nous faut agir à la fois sur l’acquisition d’équipements plus performants, et le déploiement de systèmes de récupération de la chaleur. Sur ce dernier point, il est par exemple possible de chauffer les eaux de lavage avec les buées produites par les matériels séchants, plutôt que de laisser celles-ci s’évacuer en toiture. 

Ne pourrait-on pas également diminuer la température de lavage ?

Ce n’est pas forcément une solution recommandée pour des raisons de sécurité sanitaire, et ce n’est pas le poste le plus consommateur. D’ailleurs, la pandémie Covid nous a poussés à remettre en question le concept de lavage à basse température. Il est à mon sens préférable de maintenir une température de lavage à 65°C pour maîtriser le risque infectieux, tout en cherchant à l’atteindre sans gaspillage énergétique. J’ai évoqué l’extraction des buées, mais d’autres possibilités existent et sont considérées avec beaucoup d’attention par les responsables de blanchisseries hospitalières – d’autant que les innovations technologiques sont ici légion. Le choix des textiles a également un rôle à jouer et peut même parfois permettre de réaliser des économies substantielles. En diminuant le poids d’un article de seulement 10 %, sans réduire la qualité de service, nous pouvons optimiser le chargement des machines et donc utiliser moins d’énergie, moins d’eau et moins de produits lessiviels – ce qui est également très intéressant sur le plan environnemental. Et le marché est ici particulièrement dynamique, car nous observons régulièrement l’arrivée de textiles novateurs.

Les prochaines Journées d’Études de l’URBH seront d’ailleurs l’occasion de faire le point sur ces questions.

Les innovations technologiques, qu’elles soient matérielles ou textiles, permettant des économies d’énergie seront en effet mises en lumière car il y a ici de réelles attentes de la part de nos confrères et collègues. Nous proposerons également trois parcours de formation Développement Durable, dont l’un se concentrera exclusivement sur les économies d’énergie en lien avec nos propres process. Le deuxième parcours sera pour sa part plutôt dédié aux enjeux environnementaux – éco-nettoyage, économies d’eau et de produits chimiques et modalités de mesures des consommations, impact carbone des textiles et pistes d’amélioration –, et le troisième au volet social, en particulier en ce qui concerne la prévention des risques psycho-sociaux et l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail en blanchisserie.

Ce dernier point fait écho aux travaux de l’URBH pour améliorer l’attractivité des métiers de la blanchisserie hospitalière. Pourriez-vous nous en parler ?

C’est effectivement un autre enjeu, également préoccupant car il se traduit par des difficultés de recrutements. Cela dit, la situation s’est légèrement améliorée ces derniers mois avec les évolutions statutaires, l’augmentation du point d’indice et les primes, ce qui a d’ailleurs vu les coûts liés au volet Ressources Humaines augmenter de 10 %. Mais les valorisations salariales ne peuvent à elles seules améliorer l’attractivité des blanchisseries hospitalières, et nous en sommes bien conscients. Certains de nos confrères se sont d’ailleurs engagés, avec succès et de manière tout à fait remarquable, dans une certification ISO 45001, relative à la mise en œuvre d’un système de management de la santé et de la sécurité au travail. Une initiative qui gagnerait à s’étendre…

Un mot, peut-être, sur les temps forts de vos prochaines Journées d’Études ?

Au-delà de ce qui a déjà été évoqué, nous avons cette année véritablement mis l’accent sur les ateliers, qui seront pour beaucoup pilotés par nos partenaires techniques – que nous remercions. Cette édition 2023 sera également l’occasion de dévoiler l’outil Benchmark, conçu par l’URBH et développé avec un éditeur spécialisé. Une blanchisserie pourra, plus concrètement, renseigner ses données financières et logistiques pour visualiser la répartition de ses dépenses, disposer d’un ratio comparatif avec des structures de taille similaire selon une approche Business model, et identifier de potentielles pistes d’amélioration. L’outil Benchmark sera donc librement mis à disposition de tous les adhérents de l’URBH car plus nous serons nombreux à l’alimenter, plus il sera efficace sur la finesse des ratios proposés. L’anonymat sera toutefois de mise pour que les données soient les plus objectives possibles. 

D’autres événements notables ?

Parmi les autres temps forts, je retiendrai aussi la mise à jour du guide RABC, qui se fera cette année sous format électronique avec l’ajout de plusieurs Questions/Réponses remontées par les utilisateurs, blanchisseurs hospitaliers comme formateurs. Sans oublier les élections professionnelles, pour renouveler quatre postes dans notre conseil d’administration et élire un nouveau président. Et, bien sûr, la traditionnelle soirée de gala de l’URBH, sur le thème du carnaval. En tout état de cause, ces 38èmes Journées s’annoncent une fois de plus comme un rendez-vous convivial, festif et riche en échanges.

> Article publié dans le Hors-série #3 à lire ici.






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