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Blanchisserie

Blanchisserie du CHU de Poitiers : un mastodonte innovant


Rédigé par Admin le Lundi 25 Juin 2018 à 10:52 | Lu 3044 fois


Le CHU de Poitiers a su prendre la mesure de la mise en œuvre des GHT avec une nouvelle blanchisserie dimensionnée pour prendre en charge l'activité de l'ensemble de son territoire. Au-delà, c'est tout une nouvelle approche du traitement du linge qui a été pensée en vue d'améliorer le travail de ses agents. Par Anaïs Guilbaud



Plus grande, plus performante, plus économe, plus écologique, les superlatifs ne manquent pas pour qualifier la nouvelle blanchisserie du CHU de Poitiers. Mise en service le 29 mai 2017, l'unité se distingue premièrement par sa taille. Car se sont désormais 18 tonnes de linge qui pourront être traitées dans ses murs. De quoi doubler la capacité de son prédécesseur devenu trop petit et énergivore. « Quitte à investir, il fallait prendre en considération la mise en place des GHT. En tant qu'établissement support, nous sommes désormais parés pour traiter le linge de l'ensemble de notre groupement » explique Hervé Dumoulin, responsable de la nouvelle structure qui traite aussi bien les tenues professionnelles que le linge hôtelier et celui des résidents des EHPAD. A l'heure actuelle, seule l'unité de Châtellerault manque encore à l'appel mais l'intégration de son activité devrait s'opérer à plus ou moins long terme, parallèlement à la mise en place de la direction commune. « Nous sommes prêts à l'accueillir » poursuit Hervé Dumoulin, « ce qui nous permettra d'atteindre notre charge maximale ».
 

Tri au propre

Ce qui frappe également dans ce nouveau bâtiment, c'est l'absence de calandres. Une organisation rendue possible par l'adoption d'une démarche innovante de traitement du linge. Son principe repose sur deux éléments clés : le tri au propre et le concept de « lit facile » ou « tout séché » venu du Canada. Ainsi, lorsque tri il y a, celui-ci s'effectue après le lavage. « L'idée de base est que plus aucun agent de la blanchisserie n'ait à toucher de linge sale » précise son responsable. 
 
Pour cela, un système de couleurs de sacs a été mis au point et le linge a été mutualisé par le biais d'un contrat de location-entretien. Un pré-tri est effectué dans chaque établissement et les éléments à laver arrivent dans des sacs de différentes couleurs, chacune correspondant à un type de linge. Au total, sept grandes familles ont été déterminées - dont vêtements professionnels, tenues de bloc, draps, etc. « Grâce à ce système, la majorité des pièces n'ont même plus besoin de passer par une étape de tri avant leur réexpédition. Seuls le petit plat et le linge soumis à décontamination sont triés après lavage et séchage » souligne Hervé Dumoulin. 
 
Chaque sac de couleur qui entre dans la blanchisserie est associé à un numéro de lot afin d'être tracé jusqu'à son renvoi dans les services. Le linge contenu dans les rolls est déversé dans d’énormes sacs de stockage pouvant contenir jusqu’à 50 kg, soit la contenance des machines à laver. Après un lavage d'une demi-heure et un essorage à 1 000 tours/min pendant 2 minutes 30, le linge est acheminé jusqu’aux séchoirs, avant son reconditionnement.

« Lit facile »

L'autre aspect de la démarche repose sur l'utilisation de draps pour « lits faciles », à savoir des draps housse associés à des semi-housses et des couvre-lits polaires, auxquels s'ajoutent des taies d'oreiller en jersey. Ces éléments ont l'avantage d'être entièrement lavables et séchables en machine. « À leur sortie du séchoir, nous les conditionnons et livrons en boule dans des sacs plastiques par unités de cinq. Comme ils sont élastiques, ils se défroissent tout seul au moment de leur utilisation » précise le responsable de la blanchisserie.
 
Plus simples à traiter pour les agents de la blanchisserie, ces pièces simplifient également le travail des personnels des services de soins. « Les lits sont beaucoup plus faciles à faire qu'avec des draps plats et ne nécessitent pas la présence de deux personnes. D'ailleurs, les services qui les ont eus en test n'ont jamais pu se résoudre à repasser à l'ancien modèle » souligne encore Hervé Dumoulin. Le confort de l'usager n'est pas en reste puisque les draps se défont moins et le patient bénéficie du contact soft propre au jersey.
 
Au final, cette nouvelle organisation représente un véritable gain pour tous : confort du patient, gain de temps dans les services de soins, conditions de travail des agents de la blanchisserie améliorées. Comme le souligne Hervé Dumoulin : « Rien que pour ces bénéfices le changement d'habitudes et de processus vaut la peine. Mais en plus, il permet des gains environnementaux et économiques importants ». « Le seul inconvénient de ces draps est qu'ils prennent un peu plus de place à stocker » concède-t-il néanmoins. Cette idée révolutionnaire séduit d'ailleurs au-delà de la Vienne, puisque de nombreux responsables d'autres établissements demandent à venir visiter la blanchisserie poitevine. 
 

Performances et confort de travail accrus

L'absence de calandres joue pour beaucoup dans ces améliorations : réduction du bruit, de la température, baisse des coûts d'exploitation et de maintenance sont des conséquences directes du virage organisationnel pris par le CHU de Poitiers. À cela s'ajoute une meilleure gestion du bâtiment et une baisse des consommations énergétiques. « Au total, nous avons baissé nos consommations de près de 40% » précise encore Hervé Dumoulin.
 
Pour leur part, l'automatisation et la nouvelle organisation des flux se traduisent par la suppression des chariots au sein de la blanchisserie, de quoi contribuer encore au confort des agents. Désormais, plus besoin pour eux de pousser de lourdes charges, ni d'effectuer de déplacements intempestifs pour véhiculer le linge d'un poste à l'autre.
 
En parallèle, les responsables de la structure ont également effectué tout un travail sur les transports entre les établissements et la blanchisserie. Grâce à un système d'armoires propres qui reviennent avec le linge sale, ces derniers ont pu être divisés par deux. De quoi assurer, en outre, un lavage quotidien des armoires.
 
Après six mois d'ajustements, la nouvelle structure fonctionne actuellement de manière quasi optimale. Dans un souci d'amélioration continue, le responsable de la blanchisserie souhaite désormais s'attaquer à la gestion des systèmes de traitement de la commande. « Notre prochain défi est de parvenir à les rendre encore plus interactifs et réactifs » conclut-il.

Article publié dans le numéro 41 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici.
 






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