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À Nantes, une logistique repensée pour anticiper l’ouverture du nouveau CHU


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 4 Novembre 2025 à 15:57 | Lu 58 fois


À l’approche de la mise en service du nouveau CHU sur l’île de Nantes, prévue fin 2026, l’établissement amorce une transformation majeure. Le déménagement, programmé pour l’été 2027, s’accompagnera d’une profonde réorganisation des fonctions support et de la création de trois nouveaux métiers – référent hôtelier, référent logistique et préparateur en pharmacie de service – pour recentrer les soignants sur leur mission première, le soin. Pierre Nassif, directeur du pôle investissement, logistique et nouvel hôpital du CHU de Nantes, nous détaille les grandes lignes de cette mutation.



Comment se présente la future plateforme logistique du CHU sur l’île de Nantes ?  

Pierre Nassif : Le nouveau CHU bénéficiera d’une véritable plateforme logistique conçue pour répondre aux besoins d’un hôpital de cette envergure. Située à l’extrémité du site, cette zone dédiée – occupant presque un bâtiment entier – comprendra neuf quais de livraison et alimentera l’ensemble de l’établissement via un réseau centralisé. Neuf ascenseurs logistiques permettront d’acheminer les flux jusqu’au 2ème étage, niveau stratégique où les douze bâtiments du CHU seront reliés entre eux par des passerelles. Le rez-de-chaussée, entièrement piéton à l’exception de la cour des urgences, garantira une logistique discrète, fluide et sans circulation motorisée en surface. Fortement expérimentée dans la gestion multisite, notre équipe logistique actuelle aborde ce changement avec confiance et sérénité.  

Quels sont les principaux bouleversements organisationnels côté logistique ?  

L’un des changements les plus structurants est que le futur hôpital ne comportera pas de fonctions supports lourdes telles que la blanchisserie, la cuisine, la stérilisation ou la pharmacie. Ces activités resteront concentrées sur le site de Saint-Jacques, situé à moins d’un kilomètre, qui continuera à jouer un rôle de base arrière logistique. Le site de l’île de Nantes, limité en surface, sera quant à lui entièrement dédié aux soins. Cette séparation fonctionnelle nécessite des flux réguliers et maîtrisés entre les deux sites, s’appuyant sur des liaisons logistiques déjà éprouvées. Concernant la restauration, les repas ne seront plus préparés sur place : ils seront acheminés depuis Saint-Jacques jusqu’à des mini-plateformes au sein de chaque unité d’hospitalisation, permettant d’optimiser le circuit tout en recentrant l’espace disponible sur le soin. 

Justement, quelles évolutions sont prévues pour le pôle restauration ?  

Une nouvelle cuisine centrale est en construction sur le site de Saint-Jacques. Elle alimentera l’ensemble des établissements du CHU, y compris le futur hôpital de l’île de Nantes. Réalisée via un concours de conception-réalisation, cette infrastructure intègrera notamment un transstockeur réfrigéré à -18°C pour le stockage des plats individuels. Les repas seront essentiellement préparés à Saint-Jacques, avec une part de produits surgelés issus de l’agroalimentaire. Ce nouveau modèle permet une meilleure individualisation des repas en fonction des préférences des patients, et assure une continuité de service durant la période de transition. Les travaux de la nouvelle cuisine ont débuté en juin et devraient s’étendre sur environ 18 mois. 

Cette réorganisation donnera lieu à un nouveau métier, celui de référent hôtelier. Pourriez-vous nous en parler ?

Le référent hôtelier jouera un rôle central dans la nouvelle organisation de la restauration hospitalière. Sa mission consistera à recueillir les préférences alimentaires des patients dès leur arrivée, à préparer les plateaux dans chaque service (pour 64 à 92 patients), et à superviser leur distribution. Cette fonction permettra de proposer une offre alimentaire plus variée, plus personnalisée et plus réactive. Environ 70 agents issus de l’actuelle cuisine centrale seront formés à ces nouvelles missions, dans une logique de proximité et non plus de production centralisée. Une phase d’expérimentation est prévue en fin d’année afin de tester l’organisation et valider les fiches de poste avant le déploiement généralisé du dispositif, qui permettra de libérer un temps précieux pour les équipes soignantes.

Des référents logistiques seront également intégrés. En quoi consisteront leurs missions ?

À l’instar du référent hôtelier, le référent logistique sera directement intégré aux unités de soins. Aujourd’hui, les services doivent gérer eux-mêmes les livraisons : réceptionner les palettes, déballer, ranger, suivre les stocks. Demain, ce sera le rôle du référent logistique. Il assurera la réception des livraisons, la gestion des stocks, le passage des commandes, et veillera à l’approvisionnement continu du service. Cela permettra, une fois de plus, de décharger les soignants qui pourront ainsi se concentrer pleinement sur leurs missions de soins. Cette évolution s’accompagne d’un redéploiement des équipes en place, facilité par l’arrivée de véhicules à guidage automatique (AGV) qui prendront en charge une partie des flux internes.  

Quelles technologies seront mises en œuvre dans le nouveau CHU ?

Le nouveau CHU misera sur une logistique largement automatisée, en s’appuyant sur des technologies déjà éprouvées à Nantes. Parmi elles, les AGV, qui circuleront sur des trajets dédiés pour le transport des charges lourdes. Les petits robots autonomes (AMR), déjà utilisés pour la gestion des endoscopes, passeront pour leur part de deux à une dizaine d’unités, capables de circuler seuls dans l’hôpital, y compris de prendre l’ascenseur. Ils seront progressivement intégrés aux circuits des laboratoires pour limiter les déplacements humains. Le transport pneumatique, utilisé pour l’acheminement rapide d’échantillons ou de médicaments, sera lui aussi renforcé. Ces technologies visent à fluidifier les flux, sécuriser les approvisionnements et dégager du temps pour les équipes, dans le cadre d’une réorganisation logistique globale.  

La pharmacie est-elle également concernée par cette réorganisation ?

Tout à fait. L’objectif est, là aussi, d’alléger la charge pesant sur les équipes soignantes, notamment les équipes infirmières. Des préparateurs en pharmacie de service interviendront directement dans les unités. À partir des prescriptions médicales, ils prépareront les traitements pour chaque patient. Les infirmiers restent responsables de la distribution au lit, mais bénéficieront d’un gain de temps conséquent.  

Un mot de conclusion ?

La force de ce projet réside dans une organisation recentrée sur l’essentiel : permettre aux soignants de se consacrer exclusivement au soin. Cela implique une refonte en profondeur, car toutes les fonctions périphériques seront désormais assurées par des professionnels dédiés, à travers la création de nouveaux métiers. C’est cette nouvelle répartition des rôles, claire et structurée, qui garantira une efficacité collective renforcée au sein du futur CHU. 

> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, à lire ici 






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