À Grenoble, une blanchisserie engagée dans une démarche RSE

Basée sur le site de l’hôpital Sud du Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHUGA), la blanchisserie inter-hospitalière (BIH) du Groupement de coopération sanitaire (GCS) Alpes Santé assure chaque jour le traitement de 18 tonnes de linge, au service de 14 établissements sanitaires et médico-sociaux du territoire. « 80 % du volume traité provient toutefois des différents sites du CHUGA », précise Christophe Huet, le responsable de la blanchisserie. Les autres établissements GCS [le CHUGA, le CH rhumatologique d'Uriage, le CH Alpes-Isère (CHAI), le CH de Saint-Laurent-du-Pont, le CH gériatrique de Saint-Geoire-en-Valdaine, le CH de Rives, le CH Fabrice Marchiol - La Mure, le CH Michel Perret - Tullins, ainsi que trois EHPAD du département, font appel aux services de la BIH pour le traitement de leur linge plat et des tenues professionnelles - NDLR], de taille plus modeste, confient également le traitement de leur linge plat et de leurs tenues professionnelles à cette structure mutualisée, qui emploie 80 équivalents temps plein : techniciens, agents de maîtrise, chauffeurs, lingères… 

Inaugurée en 2009 avec une capacité initiale de 13 tonnes par jour, la blanchisserie a récemment vu ses infrastructures évoluer, notamment au niveau du quai dédié au linge propre. « Finalisée cette année, la création d’une extension de 150 m² nous permet désormais de disposer de deux quais agencés de manière plus fonctionnelle, offrant une meilleure ergonomie pour les chauffeurs et les agents en charge de l’accrochage », poursuit-il. 

Au sein de la blanchisserie, deux tunnels de lavage, de 70 kilogrammes chacun, assurent le traitement quotidien du linge, l’un équipé d’une presse, l’autre d’une centrifugeuse en fin de cycle. « Disposer de ces deux technologies nous permet de traiter plus facilement les différents types de textiles », précise Christophe Huet, qui ajoute : « l’installation est également dotée de six séchoirs, d’une calandre dédiée au petit linge d’hébergement et d’un train de calandre, capable de traiter jusqu’à 1 100 draps par heure, soit 8 500 draps par jour ». Pour les vêtements professionnels, la structure s’appuie aussi sur huit postes d’accrochage, deux tunnels de finition et trois robots de pliage, permettant de traiter 2 100 pièces par heure, soit 16 000 vêtements chaque jour.

Avec une telle activité, la blanchisserie du GCS Alpes Santé consomme en moyenne 4 litres d’eau par kilogramme de linge, soit environ 70 m³ par jour. « Comme l’ensemble du secteur, nous travaillons activement à la réduction de notre consommation d’eau », souligne Christophe Huet. Le circuit mis en place permet ainsi « une récupération de 20 % à 30 %, précise-t-il. Une fois le linge lavé, l’eau issue de la presse ou de la centrifugeuse est réinjectée en tête de tunnel pour effectuer les premiers mouillages ». Inscrite dans une démarche RSE, la BIH grenobloise multiplie les initiatives pour réduire son impact sur l’environnement. Elle s’est par exemple aussi dotée d’un échangeur thermique, permettant de préchauffer l’eau entrante grâce à la chaleur récupérée sur l’eau sortante.

Dans une logique d’optimisation énergétique, la blanchisserie a également adapté ses horaires de fonctionnement pour réduire sa consommation de gaz. Les plages d’ouverture ont ainsi été modifiées, passant de 7h-16h45 à 7h-15h, grâce à une réorganisation interne et à une réduction de la pause déjeuner de 20 minutes. « Cette évolution des horaires de travail et de la durée de déjeuner a bien sûr été discutée en amont avec les équipes, qui ont accepté cette adaptation pour pouvoir terminer plus tôt », se souvient Christophe Huet. Mise en place en 2022, cette mesure a aussi permis à la structure d’amortir partiellement l’impact de la flambée des prix de l’énergie. « Pour autant, cette année-là, nos factures de gaz et d’électricité sont passées d’un coût annuel moyen de 400 000 euros à près d’un million d’euros », poursuit le responsable. Pour faire face à cette hausse brutale, la structure a été contrainte d’augmenter le tarif de ses prestations de 15 %.

Mais la crise énergétique due à la guerre en Ukraine n’a pas été le seul défi de ces dernières années. Lors de la pandémie de Covid-19, les équipes de la blanchisserie ont également dû s’adapter pour répondre aux demandes. À Grenoble, les process n’ont pas été modifiés, mais la quantité de vêtements professionnels à traiter a augmenté de manière significative.« Les agents hospitaliers se changeaient beaucoup plus souvent, ce qui a mécaniquement accru le volume de tenues à traiter », explique Christophe Huet. Loin de faiblir, cette intensification s’est d’ailleurs installée dans la durée. Aujourd’hui encore, la BIH continue de traiter un volume de vêtements professionnels supérieur à celui observé avant 2020. 

Dans une volonté de renforcer le lien avec les services hospitaliers et les soignants, notamment autour de la gestion des vêtements professionnels, la BIH vient de lancer une campagne de communication interne. Conçue en collaboration avec le service communication du CHUGA, cette initiative s’appuie sur une vidéo, ainsi que des articles à paraître dans le magazine de l’hôpital, afin de faire découvrir la structure, ses missions et son fonctionnement. « Nous souhaitons valoriser nos métiers, encore trop méconnus au sein du monde hospitalier », souligne le responsable de la blanchisserie. 

Mais ce n’est pas le seul objectif de cette campagne, qui vise également à sensibiliser les soignants aux bonnes pratiques en matière d’utilisation et de présentation du linge. « Il nous arrive fréquemment de recevoir des draps encore pliés ou des tenues retournées, ce qui oblige nos agents à les déplier et les remettre à l’endroit manuellement. Cela représente chaque jour des centaines de pièces à retravailler ». Fait assez innovant, cette campagne combine donc à la fois un volet RSE et un volet QVT (qualité de vie au travail) à destination des équipes de la blanchisserie. Elle s’inscrit, à cet égard, dans la continuité d’actions initiées depuis déjà plusieurs années, telles que le changement régulier de poste afin de limiter la pénibilité pour les agents. 

En parallèle, la BIH a engagé une réflexion autour de l’automatisation du tri du linge, qui toutefois « ne devrait pas voir le jour avant plusieurs années, compte tenu de l’impact social d’un tel changement », indique Christophe Huet. En attendant, l’établissement grenoblois fourmille d’idées pour optimiser sa qualité de service. Parmi les projets en cours figurent, par exemple, la mise en place d’un nouveau système de traçabilité du linge, l’acquisition d’une nouvelle calandre ou l’installation de matelas calorifuges sur les zones de points chauds. « Même si chaque action ne permet de gagner que 1 à 2 % d’énergie, cumulées, elles nous permettent de réaliser de vraies économies et de mieux maîtriser notre impact environnemental, tout en assurant une qualité de prestation optimale », conclut le responsable. 

> Article paru dans Hospitalia #69, édition de mai 2025, à lire ici  
 

Un nouvel hôpital à l’horizon 2035

563 millions d’euros, c’est le montant prévu par le CHUGA pour son vaste projet de reconstruction immobilière. Officiellement lancé vendredi 4 avril lors d’une cérémonie en présence de Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, le chantier devrait bénéficier d’un soutien de l’État à hauteur de 201 millions d’euros. Déployée en trois phases entre 2027 et 2035, cette opération d’envergure prévoit notamment la construction d’un nouveau bâtiment de 46 000 m² répartis sur sept étages. 

Bien qu’elle ne soit pas directement concernée par les travaux, la blanchisserie du GCS Alpes Santé anticipe dès à présent l’arrivée du futur hôpital. Une réflexion a ainsi été engagée autour d’une gestion optimisée des vêtements professionnels. Parmi les pistes envisagées : l’automatisation du transport des armoires et l’installation de distributeurs automatiques de vêtement (DAV). « Ces équipements permettront de fluidifier les circuits et de simplifier la gestion des tenues au sein des services hospitaliers », souligne Christophe Huet, le responsable de la blanchisserie.