À l’occasion de la sortie de son baro- mètre du moral des soignants 2018 , prenant en compte 6 195 répondants, 360 medics dresse le portrait d’un système de santé qui s’enfonce dans la dépression et qui conduit à des incidents médicaux de sécurité sur les patients. De fait, 1 soignant sur 2 a déjà subi un burn-out et dans quasiment 1 cas sur 10, ce burn-out a conduit à au moins 1 incident médical de sécurité sur un patient.
De fait, les chiffres du baromètre du moral des soignants 2018 sont plus qu’alarmistes. Parmi les médecins en exercice se disant touchés par le burn-out, ils sont 11 % en France à reconnaître que cet état a induit au moins un incident médical de sécurité sur un patient et 70 % à indiquer que, si ce n’est pas encore arrivé, le risque existe. Et selon les régions, la situation peut même être pire. Ainsi, en Occitanie, ce ne sont pas 11 % mais 23 % des médecins qui indiquent que leur burn-out a pu conduire à un incident médical de sécurité sur un patient.
“ Ce ne sont pas nous les premières victimes !
Ce sont les patients !
Vous n’imaginez pas toutes les erreurs ou les retards de prise en charge à cause de ça.”
Infirmier en hôpital public (Hauts-de-France)
En 2017, 41 % des soignants (étudiants en santé et professionnels de santé en exercice) esti- maient que leurs conditions de travail étaient insatisfaisantes. 12 mois après, ils sont 68 % soit 27 % de plus. À noter, ce sont les aides-soignants qui témoignent le plus de ce sentiment avec 77 % d’insatisfaits (versus 74 % des infirmiers, 64 % des étudiants en santé et 57 % des médecins).
Au-delà des conditions de travail, la reconnaissance de ce dernier à sa juste valeur n’évolue pas d’une année sur l’autre, avec 90 % des soignants en manque de reconnaissance. Pouvait-il en être autrement ?
Seules améliorations : une évolution du comportement des patients et un épuisement ressenti en légère évolution. Pour le premier, si, en 2017, 87 % des soignants indiquaient avoir fait face à un comportement violent de la part d’un patient, ils sont 83 % cette année (79 % des médecins, 90 % des infirmiers... mais 95 % des aides-soignants).
Sur le versant de l’épuisement ressenti, qu’il soit moral ou physique, 2018 montre également une évolution au global, et pour chaque sous-po- pulation de soignants. De fait, ils sont 87% à ressentir un épuisement quel que soit sa forme, soit 13% de moins que l’année dernière ; une légère baisse mais un chiffre qui reste inquiétant.
Pourtant face à ce péril (1 soignant sur 10 en burn-out reconnaissant que cet état a pu conduire à un incident médical de sécurité sur un patient) il semble que la société ne soit pas consciente de l’enjeu. Ainsi, plus de 50 % des soignants estiment que, non seulement la société n’est pas consciente de leurs difficultés, et qu’ils sont livrés à eux-mêmes.
“ 2 burn-out et une totale démotivation... Ça craque ! Quel gâchis, c’était un si beau métier.”
Médecin en hôpital public (Hauts-de-France)
changements.
Les basses pressions régnant sur le système de santé français ne sont pas inéluctables.
Désormais, on améliorera la qualité des soins apportés aux patients que si on adresse les difficultés des soignants ; ils ne peuvent plus être une variable d’ajustement du système de santé ! ».