Rédaction
Le 30 janvier dernier, une délégation rennaise (cf. photo ci-après) composée de quatre professionnels du CHU – Yves Dubourg, Christophe Filande, Pr Erwan Flécher, Dr Linda Lassel - et du Dr Anthony Chapron, directeur du département de médecine générale de la faculté de médecine de l’Université de Rennes, s’est envolée pour Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel français d’Amérique du Nord de 6 000 habitants situé à quelque 4 000 km de Rennes. Accueillis à leur arrivée par M. Patrick Lambruschini et le Dr Claire Letournel, respectivement directeur et présidente de la CME du centre hospitalier François Dunan, ils ont signé le 1er février une convention de coopération renouvelant pour quatre ans le partenariat qui lie les deux établissements depuis 2016. A l’aube de cette nouvelle étape, le présent communiqué met en lumière les nouveautés apportées à cette convention au bénéfice des patients comme des professionnels.
Voilà qui résume bien la nature des liens qui unissent le CHU de Rennes et le centre hospitalier François Dunan depuis près de dix ans. A Saint-Pierre-et-Miquelon, ce dernier est en effet le seul à pouvoir offrir aux habitants un premier niveau de soins en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) avec 35 lits ; en service d'accueil des urgences avec trois médecins urgentistes (dix à quinze passages par jour) ; en gériatrie avec deux unités de soins de longue durée de 18 et 17 lits et une maison de retraite de 25 lits ; en psychiatrie avec un CMP adultes et un pour les enfants et adolescents ; en soins infirmiers à domicile avec 25 places réparties entre les deux îles ; ainsi qu’un plateau technique complet pour les examens. Le centre hospitalier prend également en charge les patients dialysés de l’archipel en s’appuyant sur un dispositif de télé-dialyse. Enfin, l’île de Miquelon accueille un centre médical et l’organe de sous-gouvernance hospitalière associé.
Mais sur cet archipel isolé, l’accès à l’expertise médicale reste problématique vis-à-vis de certaines spécialités et pathologies malgré le recours à de nombreuses missions de spécialistes chaque année.

Ainsi depuis 2016, de nombreuses actions ont pu voir le jour et se renforcer au fil des ans dans des domaines aussi variés que le partage d’avis et la téléexpertise ; le transfert de patients vers le CHU ; l’accueil de médecins et d’assistants spécialistes d’un site à l’autre ; l’organisation de stages d’externat... « Organiser la venue de médecins et soignants de différentes spécialités est pour nous un exercice stratégique d’accès à la meilleure offre de soins. Cela nécessite de prendre en compte de très nombreux paramètres tels que les besoins de la population, la régularité de l’accueil fait à chaque spécialité, la disponibilité des missionnaires, celle de nos blocs... », explique le Dr Claire Letournel, présidente de la CME du centre hospitalier François Dunan. « C’est une véritable richesse de pouvoir accéder à près d’une vingtaine de spécialités dans des délais raisonnables alors même que nous sommes isolés », complète Patrick Lambruschini.

En effet, sur les 200 personnes (patients et accompagnants) faisant l’objet d’une évacuation sanitaire de Saint-Pierre-et-Miquelon vers le CHU de Rennes ou le Centre Eugène Marquis chaque année, on estime que 10 % d’entre elles (soit 15 à 20 personnes par an) présenteraient un tel besoin durant les deux à trois semaines passées sur place. « Pour les patients de Saint-Pierre-et-Miquelon et leurs accompagnants, c’est rassurant de savoirqu’ils peuvent accéder à un médecin généraliste sur Rennes en cas de problème de santé intercurrent », précise le Dr Anthony Chapron, directeur du département de médecine générale à la Faculté de Médecine. « C’est extrêmement réconfortant de se savoir accueilli à Rennes dans le cadre de ce partenariat et de pouvoir, une fois de retour à Saint-Pierre-et-Miquelon, garder un lien avec les spécialistes de métropole grâce à la télémédecine », ajoute Patrick Lambruschini.
En adhérant au Réseau de périnatalité de Bretagne, le CH François Dunan devient la 23e maternité du réseau et répond ainsi à l’obligation légale voulant que chaque maternité soit rattachée à un réseau régional. Cette adhésion permet au centre hospitalier de bénéficier du soutien du réseau sur un large panel de sujets : accompagnements aux revues de morbidité et de mortalité (RMM) annuelles, gestion des données épidémiologiques périnatales, participation aux projets du réseau sur des thématiques telles que les achats ou l’écologie, etc.
Cette visite fut également l’occasion de présenter au centre hospitalier l’organisation et les modalités d’adhésion au réseau régional EndoBreizh que le CH F. Dunan s’apprête à rejoindre. Soutenue par l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne, la filière de santé EndoBreizh pour la prise en charge de l’endométriose a vu le jour grâce à la mobilisation de près de 120 professionnels de santé bretons. Ils sont désormais plusieurs centaines réparties sur toute la Bretagne à proposer un accompagnement sur-mesure aux femmes touchées par cette maladie. Le réseau répond aux questions des femmes mais également à celles des professionnels de santé pour organiser la filière de soins, former et développer la recherche.

« Nous sommes très heureux de pouvoir accueillir chez nous ces externes et bientôt des internes. Notre hôpital étant petit, tout y est concentré et c’est pour les futurs médecins l’opportunité d’embrasser une très grande variété de situations », rappellent avec enthousiasme Claire Létournel et Patrick Lambruschini. Ainsi, chaque semestre, deux internes s’envoleront pour Saint-Pierre afin d’y effectuer un stage partagé entre le CH François Dunan et la médecine de ville, participant ainsi à renforcer l’offre de soins à destination de la population de l’archipel. « Le futur stage pour les internes de médecine générale sera très formateur et bien encadré. Il leur permettra d’apprendre à gérer les situations médicales dans un contexte singulier où la télé-expertise occupe une place importante mais également de participer à l’organisation des parcours de soins avec la métropole et le Canada », ajoute le Dr Chapron.