La restauration hospitalière se saisit du développement durable
Rédaction
Lancée en 2016 par le réseau Restau’Co et la Fondation Nicolas Hulot, l’opération « Mon Restau Responsable » valorise les initiatives de développement durable portées par les restaurants collectifs. Près de 230 structures, dont seize hôpitaux, se sont déjà inscrites dans la démarche. Exemple avec le CHU d’Angers.
« Aider les structures de restauration collective à s’engager dans une démarche de progrès ». Telle est l’ambition de « Mon Restau Responsable », une initiative issue de plusieurs années de travail au sein du secteur de la restauration collective. « Nous travaillons depuis 12 ans sur l’accompagnement des restaurants collectifs », raconte Patrice Raveneau, en charge de l’opération au sein de la Fondation Nicolas Hulot, engagée de longue date dans la sensibilisation à l’environnement.« Cette démarche n’est pas un label, tient à préciser Mylène Bliard, responsable du projet pour Restau’Co, le réseau interprofessionnel de la restauration collective en gestion directe. Le système participatif de garantie, qui a été choisi lors de la création de Mon Restau Responsable, est très particulier et permet à tous une participation active ».
Une démarche basée sur la co-construction

Patrice Raveneau, de la Fondation Nicolas Hulot. ©DR
Des exemples concrets…

Pierre Madiot, responsable des cuisines du CHU d’Angers. ©DR
Affichages clairs des menus, petit-déjeuner en libre-service à la maternité, création de salles à manger dans l’unité de soins de suite, emplois en lien avec des associations de réinsertion… À Angers, les exemples de projets ne manquent pas. Sur la question spécifique du développement durable, les équipes ont notamment cherché à réduire l’usage des barquettes en plastique. En regroupant viandes et légumes, ils ont ainsi pu le diminuer de 30 % en seulement deux ans. « Outre son impact environnemental, cette action offre également une plus grande convivialité et une présentation plus appétissante pour les patients », précise Pierre Madiot.
… aussi en lien avec l’UNIHA
Passionné, l’ingénieur en restauration a également choisi d’appliquer ces principes au sein d’UNIHA, la coopérative des acheteurs hospitaliers français, pour laquelle il supervise notamment les achats de surgelés. « La communauté des acheteurs est sensibilisée à ces questions depuis de nombreuses années et a déjà pu mettre en place plusieurs initiatives allant dans ce sens », explique l’intéressé. Il évoque notamment le contrat concernant les filets de poisson en « simple congélation », qui a obtenu, l’an dernier, un trophée de l’achat public et bénéficie du logo WWF. « En temps normal, le poisson pêché est congelé, puis traité en usine, la plupart du temps en Asie, pour être détaillé en filets avant d’être recongelé avec des polyphosphates permettant une meilleure rétention de l’eau », détaille Pierre Madiot. Autorisé mais limité par les normes européennes, ce procédé pose donc entre autres un problème de taille : la distance parcourue par les poissons. « La simple congélation permet de garantir une transformation et une congélation soit à bord du navire, soit à terre, dans des centres de traitements côtiers proches du lieu de pêche », note l’ingénieur.
« L’agriculture française est de qualité, il faut en profiter »
Pour aller plus loin cette année, et notamment respecter les exigences de la loi EGalim*, le responsable de la cuisine angevine compte augmenter sa part de produits sous Signes d'Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO)** ou élaborés en France car, insiste-t-il, « l’agriculture française est de qualité, il faut en profiter ». Ainsi, à Angers, les cuisines ne traitent plus de fraises d’Espagne, basculent sur de la tomate de pleine terre en saison, ne servent que des agrumes non-traités après récolte et des raisins exclusivement issus de cépages muscat et chasselas, récoltés en France. « Par rapport à du raisin Italia, le coût passe de 1€/kg à 3 ou 4€/kg », concède Pierre Madiot. Alors, pour faire face à ce surcoût, le responsable intervient sur deux autres paramètres : la compensation avec d’autres repas moins chers, et surtout la réduction du gaspillage alimentaire, s’équipant de fiches, logiciels et services de commandes de repas ultra-précis qui permettent « une élaboration au gramme près ». Un point essentiel pour offrir à tous, patients comme personnels, une alimentation de qualité tout en garantissant un budget maîtrisé.
*Loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, également appelée « loi Alimentation ».
**Soit l’Indication Géographique Protégée (IGP), l’Appellation d’Origine Protégée ou Contrôlée (AOP ou AOC), l’Agriculture Biologique, le Label Rouge et la Spécialité Traditionnelle Garantie (STG).
Article publié dans le numéro de décembre d'Hospitalia à consulter ici.