Imagerie et IA : l’Université de Paris forme les radiologues de demain
Aurélie Pasquelin
Alors que les applications de l’intelligence artificielle en imagerie médicale se développent chaque jour un peu plus, l’Université de Paris a créé dès 2019 une masterclass destinée aux radiologues, chefs de cliniques assistants et internes en radiologie. Visant en premier lieu à expliquer les fondements de ces technologies, cette formation ambitionne de faciliter la compréhension d’outils qui seront au cœur des pratiques médicales de demain.
« Imagerie médicale et intelligence artificielle, quel avenir pour le radiologue ? ». Telle est la question, très actuelle, posée par la masterclass créée en 2019 par l’Université de Paris. Proposée aux internes en DES de radiologie, mais aussi aux radiologues déjà en activité et aux chefs de clinique assistants, elle réunit, quatre jours durant, 15 à 30 stagiaires autour d’une thématique au cœur de leur spécialité. « Cette formation devrait permettre une meilleure compréhension des outils actuels et futurs, tout en offrant aux radiologues la possibilité de développer une lecture critique des publications autour des applications de l’IA en imagerie médicale », expliquent ses co-responsables, les Professeurs Stéphanie Allassonnière et Antoine Feydy. La première, mathématicienne actuellement en poste à l’Université de Paris et ancienne professeure associée à l’École Polytechnique, et le second, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier (PU-PH) par ailleurs coordonnateur du DES de Radiologie en Île-de-France, font aujourd’hui équipe pour développer et promouvoir cette masterclass qui recrute aussi au-delà de la région parisienne. « Bien qu’elle se déroule à Paris, la formation est bien entendu ouverte à tous », rappelle ainsi le Pr Antoine Feydy.
Une formation pratique…

Le Pr Antoine Feydy. ©DR
… pour mieux appréhender de nouveaux outils
« L’objectif n’est pas d’enseigner les mathématiques aux médecins, mais plutôt de leur expliquer le processus sous-jacent, pour qu’ils en aient une compréhension globale », complète le Pr Antoine Feydy. L’idée est donc bien d’offrir aux stagiaires une vision suffisamment large des outils intégrant des technologies d’IA pour qu’ils puissent les prendre en main, les tester et comprendre leur fonctionnement. Soit, en d’autres termes, de leur permettre de « challenger, comparer, voire créer », ajoute la mathématicienne. « Même si certains radiologues codent aujourd’hui un peu, ce n’est pas le but ici. D’autant qu’à terme, tous nos stagiaires ne seront pas forcément amenés à coder ! Mais avec cette formation, ils pourront mieux appréhender la technologie derrière le logiciel, mieux la maîtriser pour in fine développer une vision critique des outils qu’ils seront amenés à utiliser. Cette dimension est essentielle car ils ne seront pas toujours d’accord avec son observation », complète la professeure, persuadée que « comprendre et expliquer, c’est aussi rassurer et se rassurer » car « comprendre est essentiel pour faire confiance ».
Les avantages de l’IA
Cet enjeu est loin d’être anodin puisque, aujourd’hui encore, ces nouveaux outils ne suscitent pas toujours la confiance. Pourtant l’imagerie médicale a été la première spécialité à se confronter à l’IA, dont les premiers développements ont justement porté sur le traitement automatisé des images. Mais certaines inquiétudes subsistent. « L’IA n’annonce pas la fin du radiologue, c’est simplement une intelligence augmentée », rassure le Pr Stéphanie Allassonnière. « Les radiologues qui ont la cinquantaine, comme moi, savent bien que la médecine est évolutive, qu’elle change en permanence, comme c’est le cas ici avec l’arrivée de l’IA », abonde le Pr Antoine Feydy, persuadé que l’IA, en tant qu’outil d’aide au diagnostic et d’assistance, « apportera une interprétation plus homogène » et « permettra d’absorber de plus en plus d’images ». Un appui précieux eu égard aux défis auxquels la spécialité fait face. « Ces dernières années, le volume d’images a nettement augmenté, alors que le nombre de radiologue est resté sensiblement le même. Il nous faut donc traiter de plus en plus d’images à effectifs égaux, et nul doute que l’IA aura un rôle essentiel à jouer », note le radiologue.
« Les retours sont très positifs »

Le Pr Stéphanie Allassonnière. ©DR
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.