Deux infirmiers de l’Hôpital Foch innovent en matière d’enseignement en « recherche en soins infirmiers » afin de faire naitre des vocations
Rédaction
Alors que près de 22% des étudiants infirmiers abandonnent chaque année leur formation, la « recherche en soins infirmiers » demeure le parent pauvre du cursus suivi par ces étudiants. En cause : une disparité d’enseignement dans les IFSI mais également un fossé entre les apports théoriques et la pratique. Conscients de l’importance grandissante de la matière, deux infirmiers, coordonnateurs de la recherche en soins de l’Hôpital Foch, Flavie Barret et Garry Laudren, ont mis en place depuis la rentrée dernière un programme innovant et ludique d’enseignement, programme déjà commandé par plusieurs IFSI d’Ile-de-France pour cette rentrée 2025. Cet enseignement se décompose en 3 volets : un apport théoriqued ’initiation à la recherche, une évaluation via un escape game sur mesure et une mise en pratique à travers la réalisation de posters au format scientifique.
« Aujourd’hui, beaucoup d’établissements de santé souhaitent que les professionnels soignants fassent de la recherche, sauf qu’ils ne sont pas correctement formés à ce sujet. Dans les IFSI, l’enseignement en la matière reste très scolaire et théorique alors que les compétences demandées par la suite sont très hautes. Cela crée un déséquilibre important et les étudiants n’osent pas se lancer. Il y a un vrai manque d’ « universitarisation » de la formation infirmière », analyse le binôme d’infirmiers.
Un apport théorique via une diversification de l’enseignement
Dans la majorité des IFSI, même si les cours sont souvent relus par des universitaires, peu d’entre eux viennent réellement dispenser des enseignements aux étudiants. Sur les 700 000 infirmiers en France, seuls 20 sont maitres de conférences en sciences infirmières. La disparité de l’enseignement en matière de « recherche en soins infirmiers » est donc importante. Afin de dispenser un enseignement théorique concret et ancré dans la pratique, Flavie Barret et Garry Laudren interviennent accompagnés de deux professionnelles spécialisées dans la recherche : Mme Mathilde LABRO, méthodologiste biostatisticienne et de Mme Nathalie MARCHAND, Infirmière de recherche clinique.
« La recherche en soins infirmiers comporte un biais pour de nombreux étudiants : ils croient qu’ils mènent leur projet seul, et qu’ils ne disposent d’aucune aide extérieure pour les seconder. Nous voulons leur montrer que c’est faux ! Il y a une équipe qui est là pour les accompagner de l’idéation à la publication de leurs résultats en passant par toutes les démarches règlementaires, la mise en œuvre de l’étude et l’analyse statistique. Ceci dans le but de les soulager et de les sécuriser face à ces parties très techniques qui peuvent faire peur », explique Garry Laudren.
« La recherche en soins infirmiers comporte un biais pour de nombreux étudiants : ils croient qu’ils mènent leur projet seul, et qu’ils ne disposent d’aucune aide extérieure pour les seconder. Nous voulons leur montrer que c’est faux ! Il y a une équipe qui est là pour les accompagner de l’idéation à la publication de leurs résultats en passant par toutes les démarches règlementaires, la mise en œuvre de l’étude et l’analyse statistique. Ceci dans le but de les soulager et de les sécuriser face à ces parties très techniques qui peuvent faire peur », explique Garry Laudren.
Une évaluation ludique de l’apport théorique : la création d’un escape game
Pour « concrétiser » davantage l’apport théorique autour de la recherche en soins infirmiers, l’équipe de l’Hôpital Foch s’est interrogée : quelles sont les attentes minimales pour un infirmier en matière de recherche ? Comment homogénéiser le niveau des étudiants qui sortent d’un cursus infirmier par rapport aux étudiants qui sortent d’une licence en sciences humaines ?
Afin de répondre à ces enjeux, les 4 professionnels ont alors pensé conjointement l’élaboration d’un escape game, un dispositif novateur permettant d’évaluer les étudiants sous forme de jeu avec des énigmes et des défis Ils ont créé une série d’énigmes reprenant une partie des grandes thématiques abordées durant l’enseignement théorique : identifier un auteur, comprendre la structure d’un article scientifique, manipuler les chiffres et comprendre les schémas élémentaires de la présentation des données statistiques.
« L’objectif était de donner un côté très ludique à cet escape game, et identifier un fil conducteur pour que les énigmes s’enchainent bien. Nous voulions stimuler les étudiants en leur proposant quelque chose de « gamifié » sur des questions concrètes que nous avons abordé lors de notre intervention et surtout qui leur seront utiles pour comprendre un article scientifique », détaille Flavie Barret.
L’escape game se déroule dans une salle de cours fermée, en groupe de 10 étudiants de deuxième année. Ils ont une heure pour déchiffrer six énigmes, élaborées par nos spécialistes de la recherche à l’Hôpital Foch. Présenté sous format papier, les énigmes sont réparties dans 6 enveloppes, chacune permettant de déverrouiller des cadenas ouvrant l'accès à des données probantes. La session est suivie par une session questions / réponses, sur scène, autour d’un article scientifique publié. L’occasion pour les étudiants de mobiliser à nouveau leurs connaissances et de revenir sur les difficultés qu’ils ont pu rencontrer.
L’année dernière, ce sont près de 120 étudiants de deuxième année qui ont suivi cet escape game.
Afin de répondre à ces enjeux, les 4 professionnels ont alors pensé conjointement l’élaboration d’un escape game, un dispositif novateur permettant d’évaluer les étudiants sous forme de jeu avec des énigmes et des défis Ils ont créé une série d’énigmes reprenant une partie des grandes thématiques abordées durant l’enseignement théorique : identifier un auteur, comprendre la structure d’un article scientifique, manipuler les chiffres et comprendre les schémas élémentaires de la présentation des données statistiques.
« L’objectif était de donner un côté très ludique à cet escape game, et identifier un fil conducteur pour que les énigmes s’enchainent bien. Nous voulions stimuler les étudiants en leur proposant quelque chose de « gamifié » sur des questions concrètes que nous avons abordé lors de notre intervention et surtout qui leur seront utiles pour comprendre un article scientifique », détaille Flavie Barret.
L’escape game se déroule dans une salle de cours fermée, en groupe de 10 étudiants de deuxième année. Ils ont une heure pour déchiffrer six énigmes, élaborées par nos spécialistes de la recherche à l’Hôpital Foch. Présenté sous format papier, les énigmes sont réparties dans 6 enveloppes, chacune permettant de déverrouiller des cadenas ouvrant l'accès à des données probantes. La session est suivie par une session questions / réponses, sur scène, autour d’un article scientifique publié. L’occasion pour les étudiants de mobiliser à nouveau leurs connaissances et de revenir sur les difficultés qu’ils ont pu rencontrer.
L’année dernière, ce sont près de 120 étudiants de deuxième année qui ont suivi cet escape game.
Expérimenter le travail de synthèse à travers la réalisation de posters de recherche
Le dernier volet de l’enseignement s’appuie sur les travaux des étudiants effectués dans le cadre de leur service sanitaire. Ce service, d’une durée de 6 semaines, a pour objectif d’initier les étudiants en santé à la prévention et à la promotion de la santé, en les amenant à travailler sur des thèmes prioritaires de santé publique. Les étudiants collaborent avec diverses structures (crèches, service de police…) pour répondre à une problématique donnée – par exemple, la problématique de la nutrition en crèche municipale. Leur mission consiste à évaluer cette problématique et à y répondre par des actions de prévention. Chaque groupe d’étudiant réalise alors un travail de synthèse sous forme de poster scientifique, présentant leur service-sanitaire : problématique rencontrée, action(s) menée(s), résultat(s) obtenu(s). Les posters sont présentés par groupe lors d’un événement convivial, devant des professionnels de santé de l’Hôpital Foch et des représentants des structures partenaires. Cet évènement marque la clôture cet enseignement complet et innovant autour de la « recherche en soins infirmiers ».
Ce nouveau format d’enseignement, qui a fait ses preuves lors de l’année scolaire 2023-2024, est amené à être reconduit lors de la rentrée 2024-2025 auprès des étudiants de deuxième année. Le binôme d’infirmiers de l’Hôpital Foch a déjà été sollicité par deux autres IFSI pour venir dispenser son enseignement au global (cursus théorique via des intervenants extérieurs + escape game – seul le système de posters ne peut être transposable à d’autres établissements car il requiert des ressources internes et dépend de la politique spécifique de chaque établissement.).
Ce nouveau format d’enseignement, qui a fait ses preuves lors de l’année scolaire 2023-2024, est amené à être reconduit lors de la rentrée 2024-2025 auprès des étudiants de deuxième année. Le binôme d’infirmiers de l’Hôpital Foch a déjà été sollicité par deux autres IFSI pour venir dispenser son enseignement au global (cursus théorique via des intervenants extérieurs + escape game – seul le système de posters ne peut être transposable à d’autres établissements car il requiert des ressources internes et dépend de la politique spécifique de chaque établissement.).