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Hygiène

Bionettoyage : naissance d'une association professionnelle


Rédigé par Rédaction le Mercredi 25 Octobre 2023 à 15:44 | Lu 1399 fois


Premier maillon de la chaîne de soin, le bionettoyage en milieu hospitalier est pourtant méconnu et ses acteurs mal identifiés par les décideurs. Cherchant à gagner en visibilité, ils s’apprêtent donc à créer leur association professionnelle*, dont le coup d’envoi sera donné à Valenciennes début octobre durant les 2èmes Journées d’Études du Bionettoyage, elles-mêmes organisées en marge des 38èmes Journées d’Études et de Formation de l’URBH. Les explications de Stéphanie Burel, responsable de la filière Bionettoyage et gestion des déchets au CHU de Toulouse.



Dans quel contexte est née l’idée de cette future association professionnelle ?

Stéphanie Burel : Tout a commencé en 2021 lorsque, avec Marc Drezen, directeur technique opérationnel du Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) Blanchisserie Toulousaine de Santé, et vice-président de l’Union des Responsables de Blanchisserie Hospitalière (URBH), nous évoquions le manque de visibilité de la fonction bionettoyage en milieu hospitalier. Nous avions alors constaté que ce métier essentiel au bon fonctionnement d’un établissement de santé était méconnu, mais aussi qu’il avait de nombreuses similitudes avec le monde de la blanchisserie hospitalière, dans le sens où il s’agit également d’une fonction support qui participe à la prévention du risque infectieux, au confort hôtelier des patients et à l’attractivité d’un établissement auprès de ses usagers. Néanmoins, là où nos homologues dans les blanchisseries sont fédérés en association professionnelle et de fait mieux identifiés par les directions, les tutelles et les pouvoirs publics, c’est loin d’être le cas de la filière bionettoyage. Nous avons donc eu l’idée de répliquer leur modèle.

Le conseil d’administration de l’URBH a aussitôt proposé ici son appui…

Nos collègues dans les blanchisseries ont en effet une réelle expertise en la matière, avec une association professionnelle désormais bien implantée dans le monde hospitalier, qui prend une part active aux réflexions nationales et contribue au partage des expériences et des bonnes pratiques. Ses publications font aujourd’hui référence, et ses Journées d’Études et de Formation annuelles sont non seulement très courues, mais aussi certifiées Qualiopi. L’URBH peut donc être de bon conseil ! Son accompagnement est aujourd’hui précieux, d’autant que nous pouvons également compter sur l’appui de l’un de ses contributeurs historiques, le Docteur Philippe Carenco, chef du service d’hygiène hospitalière au CHU de Nice. En septembre 2022, le Dr Carenco a organisé les 1ères Journées d’Études du Bionettoyage, en marge des 37èmesJournées d’Études et de Formation de l’URBH. Cet événement fondateur avait alors accueilli une soixantaine de responsables du bionettoyage dans des CH et CHU, lançant véritablement la dynamique pour la création de notre future association.

Son noyau dur s’est d’ailleurs constitué à ce moment-là. Pourriez-vous nous en parler ?

Il s’agit en effet d’un autre jalon majeur. Bien que nous ayons la chance de pouvoir bénéficier du soutien de l’URBH et de celui du Dr Carenco, la future association a besoin de s’appuyer sur un groupe qui en sera le moteur. Nous sommes aujourd’hui une douzaine de volontaires impliqués dans l’animation de ce premier réseau. Outre moi-même, je peux citer ici Mathieu Guérinet (CHU de Montpellier), Béatrice Odin (CH de Libourne), Patrick Vulcano (CH de Valence), Élisabeth Pinson (CHRU de Tours), Barbara Acedo (CH de Chartres), Delphine Mameri et Cécile de Berranger (CH de Nevers), ainsi que Clémence Bories et Laurine Theau, toutes deux encadrantes au CHU de Toulouse. Nous pouvons également déjà compter sur une vingtaine de partenaires techniques, soit le double de ce que nous attendions au départ. 

L’attente est donc bien réelle sur le terrain…

Les acteurs du bionettoyage en milieu hospitalier semblent effectivement demandeurs. Nous le pressentions, et nous en avons désormais la confirmation. D’ailleurs, nous les invitons vivement à se joindre à nous, d’autant que les événements devraient s’accélérer dans les prochaines semaines. Toujours organisées sous l’égide du Dr Carenco, qui est une référence en la matière, les 2èmes Journées d’Études du Bionettoyage se tiendront une fois de plus en marge des Journées d’Études et de Formation de l’URBH, soit du 4 au 6 octobre 2023 au Palais des Congrès de Valenciennes. La création officielle de notre association professionnelle sera formalisée à ce moment-là, avec l’élection d’un conseil d’administration et d’un bureau national ! 

Pourriez-vous évoquer les thématiques qui seront abordées dans le cadre de ces 2èmes Journées ?

Nous en évoquerons plus particulièrement trois, qui nous semblent assez représentatives des préoccupations actuelles de nos collègues et confrères. Les deux premières sessions feront ainsi écho aux enjeux en matière de RSE, qui représentent aujourd’hui une tendance de fond à l’hôpital. En ce qui concerne les métiers du bionettoyage, ils portent, d’une part, sur la dématérialisation de la traçabilité, en écho aux démarches zéro papier. De plus en plus d’établissements font le choix de ce type d’outils, qui permettent en outre de suivre les opérations en temps réel et de renforcer la qualité des prestations – car il est alors plus aisé de dire ce que l’on fait et de faire ce que l’on dit, comme nous l’exigeons déjà de la part de nos agents. Les enjeux RSE concernent, d’autre part, la transition vers le nettoyage sans chimie, du moins dans les zones et secteurs où cet éco-nettoyage est possible. Les alternatives sont ici chaque jour plus nombreuses, par exemple avec les bandeaux 100 % microfibre pour un lavage des sols à l’eau claire, ou le nettoyage vapeur. À l’avenir, nous pourrions également recourir aux probiotiques, qui font actuellement l’objet de tests en France. Il s’agirait alors d’une véritable révolution, qui devra être accompagnée. Notre association professionnelle pourrait alors s’imposer comme force de proposition.

Quid de la troisième et dernière session ? 

Elle sera organisée en partenariat avec le CTTN-IREN et abordera la question de la formation de nos agents : la gestion des équipes, la bonne utilisation du matériel, l’acquisition des bons gestes, sont en effet des problématiques qui nous mobilisent au quotidien. Les métiers du bionettoyage ne sont pas simples : on ne nettoie pas une chambre d’hôpital comme on ferait le ménage chez soi ! Ils imposent de la rigueur et exigent un réel sens du détail. La formation des opérateurs est donc essentielle pour que la qualité de service escomptée soit au rendez-vous, mais aussi pour limiter certains risques inhérents à la fonction, comme les troubles musculo-squelettiques.

Le mot de la fin ?

La création de cette future association professionnelle fera certainement date. Notre métier est riche, il se situe au croisement de la prévention du risque infectieux, du service hôtelier, de la gestion des ressources humaines, de la logistique, etc. Il est en outre protéiforme, avec des organisations et des intitulés de poste qui diffèrent d’un établissement à l’autre. Par exemple, au CHU de Toulouse – où je gère à la fois la filière bionettoyage et celle des déchets, soit 240 agents en interne et trois prestataires extérieurs pour la première, et 21 filières et 52 sous-filières pour la seconde –, nous avons des terminologies qui nous sont propres, comme la fonction de gouvernante en milieu hospitalier : ses notions managériales et son souci du détail la positionnent comme un véritable relais de l’encadrement sur le terrain, pour assurer le confort du patient hospitalisé. Notre future association sera un vecteur idéal pour échanger autour de ces pratiques et organisations nouvelles, nous enrichir de l’expérience des uns et des autres, et mieux accompagner les mutations de nos métiers. 

*L'Association des Responsables de Bionettoyage en Santé a désormais vu le jour.

> Contact : urbh.bionettoyage@gmail.com

> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.

 







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