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Le magazine de l'innovation hospitalière
Blanchisserie

À la découverte du GCS Sud Lorraine


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 11 Octobre 2023 à 09:55 | Lu 1164 fois


Traitant une vingtaine de tonnes de linge par jour, le GCS Blanchisserie Sud-Lorraine – constitué autour du GHT du même nom – s’est récemment restructuré pour spécialiser ses flux, mettant ces travaux à profit pour également mieux maîtriser ses consommations énergétiques et limiter son impact environnemental. Les explications d’Éric Untereiner, son directeur technique.



Éric Untereiner, directeur technique du GCS Blanchisserie Sud-Lorraine
Éric Untereiner, directeur technique du GCS Blanchisserie Sud-Lorraine
Pourriez-vous, pour commencer, nous présenter le GCS Blanchisserie Sud-Lorraine ?

Éric Untereiner : Ce groupement de coopération sanitaire est né en 2018, l’année de la création des groupements hospitaliers de territoire, pour justement répondre aux besoins du GHT Sud-Lorraine, constitué autour du CHRU de Nancy et réunissant onze établissements publics de santé [voir encadré]. L’objectif étant de mutualiser les coûts d’investissement et de fonctionnement, et pouvoir ainsi offrir un service unique de mise à disposition, marquage, collecte, traitement et livraison du linge. Nous avions ici retenu le principe d’une montée en charge graduée, intégrant progressivement les adhérents entre 2018 et 2021, le temps de finaliser les travaux de restructuration initialement programmés pour le printemps 2020, mais retardés pour cause de pandémie Covid.

Ces travaux visaient justement à spécialiser et mieux dimensionner les deux sites du GCS. Pourriez-vous nous en parler ?

Nous disposons en effet de deux sites, Brabois à Vandœuvre-lès-Nancy et Ravenel à Mirecourt, à l’origine tous deux généralistes. Il nous a donc fallu restructurer le site de Brabois pour le dédier au traitement exclusif du linge industriel – linge plat, linge séché et linge en forme –, mais aussi augmenter sa capacité de production afin de passer de 12 tonnes/jour à près de 19 tonnes/jour. Le site de Mirecourt a pour sa part été recentré sur le traitement du linge à part et des vêtements des résidents, soit 2 tonnes/jour, ce qui nécessitait également des adaptations. Aujourd’hui, l’activité de Brabois s’appuie sur des process totalement industrialisés, opérés par près de 80 agents – contre une quinzaine pour Mirecourt. Sans surprise, le linge plat représente entre 75 et 80 % de nos volumes, et le CHRU de Nancy constitue à lui seul près de la moitié de notre activité.

Fait notable, le site de Brabois est certifié RABC depuis le 4 avril 2022…

Les deux sites sont bien entendu organisés selon le principe de la marche en avant, elle-même au cœur de la démarche RABC. Nous avons toutefois effectivement souhaité aller plus loin à Brabois en nous engageant dans un process de certification selon la norme EN NF 14085 qui, si elle n’est pas obligatoire à ce jour, n’en demeure pas moins gage de qualité de service pour nos adhérents. C’était également, à notre sens, l’occasion de valoriser le travail et l’engagement des agents. L’obtention de cette certification est d’ailleurs une réussite collective. 

Pourriez-vous nous détailler votre organisation ?

Nous avons adopté un process de lavage à 40°C, complété par l’adjonction d’acide péracétique pour assurer une désinfection optimale du linge. Pour le reste, notre organisation est somme toute classique : le GCS offre une prestation globale et, hormis le linge des résidents et certains textiles spécifiques, nous fournissons nous-mêmes le linge industriel. Nous disposons ici d’un atelier de marquage, afin d’équiper les textiles plats de puces RFID UHF et pouvoir ainsi mieux suivre les volumes collectés et livrés. Nous puçons également les vêtements professionnels des établissements disposant de distributeurs automatiques de vêtements (DAV). En ce qui concerne le suivi des dotations et la passation de commandes, un logiciel accessible en mobilité est mis à disposition des adhérents, pour faciliter l’échange d’informations et améliorer notre réactivité.

Avez-vous mis en œuvre des actions particulières pour maîtriser l’impact environnemental de la blanchisserie ?

Parallèlement à l’adoption du lavage à 40°C, effectif depuis la fin des travaux de restructuration, nous chauffons désormais les eaux de lavage par biomasse à Brabois, et via une méthanisation à Mirecourt. Nous pouvons ainsi mieux maîtriser nos consommations énergétiques tout en sécurisant nos approvisionnements. À titre d’exemple, la méthanisation nous garantit un coût stable, ce qui est particulièrement précieux dans le contexte actuel. Grâce à ces initiatives, mais aussi à l’acquisition d’équipements peu énergivores et à une réflexion plus globale sur la vitesse de traitement des différents articles, nous avons pu réaliser des gains énergétiques conséquents entre 2018 et 2021. 

Par exemple ?

Les chiffres sont assez éloquents. Les consommations calorifiques (eau chaude et gaz) ont diminué de 58 % à Brabois, et de 59 % à Mirecourt, soit près du double par rapport à notre objectif initial de 30 %. Les consommations électriques ont pour leur part baissé de 40 % à Brabois et de 15 % à Mirecourt. La consommation d’eau n’est pas en reste, avec une diminution de l’ordre de 35 % à Brabois et de 41 % à Mirecourt. Et nous ne nous en tenons pas là : nous nous sommes récemment équipés d’un échangeur de chaleur pour refroidir nos eaux de rejets, et avons depuis peu lancé une pré-étude pour évaluer la faisabilité d’une utilisation plus large de nos eaux usées. 

Quid des actions menées en faveur de la qualité de vie et des conditions de travail de vos agents ?

C’est là une démarche au long cours : nous essayons d’apporter une amélioration notable par an et par site. Ainsi, en 2022, nous nous sommes équipés de rafraîchisseurs d’air adiabatiques, qui reposent sur le principe d’un refroidissement par évaporation. En 2021, nous avions acquis des équipements plus ergonomiques pour le pliage du linge plat, permettant un engagement déporté. Dans cette même optique de prévention des troubles musculo-squelettiques, nous avons également déployé des lecteurs codes-barres multidirectionnels pour les postes d’accrochage, afin de limiter les mouvements inutiles. Nous nous sommes également renseignés sur les exosquelettes, dont certains de nos confrères commencent à s’équiper, mais préférons attendre l’arrivée de technologies plus abouties, et surtout mieux adaptées à notre activité. 

Un mot, peut-être, sur vos projets à court terme ?

Nous comptons emmener notre démarche environnementale plus loin encore, en y intégrant un volet sur les achats textiles. Nous avons ici identifié deux axes : le sourcing de textiles innovants, qui par exemple sèchent plus vite, mais aussi se tâchent et s’usent moins, et une meilleure prise en compte de leur cycle de vie global, c’est-à-dire depuis leur conception jusqu’à leur valorisation finale. La force d’une structure juridique comme le GCS nous permet d’avoir ici une vision à 360° sur l’ensemble des coûts et impacts environnementaux, pour mettre en œuvre les actions adaptées. Sur un autre registre, et l’instar de nombreux acteurs industriels, nous sommes confrontés à de réelles difficultés de recrutement, quel que soit le type de poste. Nous avons donc lancé un chantier Attractivité, et travaillons en parallèle à mieux faire connaître notre secteur et ses métiers, dans les écoles mais aussi dans les médias. C’est également pour nous l’occasion de valoriser les agents déjà en poste, en mettant en lumière leurs propres compétences.

Et à plus long terme ?

Nous ambitionnons d’avoir des procédés toujours plus verts, et toujours plus vertueux, mais aussi d’être peut-être plus présents auprès des services de soins. Ceux-ci peuvent déjà faire appel à nous pour des problématiques spécifiques, et nous aimerions renforcer encore cet appui. Cela dit, nous nous en tiendrons toujours à un rôle de conseil, sans chercher à peser sur les spécificités locales, car chaque établissement a des organisations et des pratiques qui lui sont propres. Tous ont toutefois les mêmes attentes en termes de qualité de service, et c’est là-dessus que nous continuerons de nous concentrer.


> Article publié dans le Hors-série #3 à lire ici.

Le GHT Sud Lorraine

Il réunit 11 établissements publics de santé :

• Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy (établissement support)
• Centre Hospitalier Saint-Jacques - Dieuze (direction commune CHRU)
• Centre Hospitalier Intercommunal Pompey - Lay-Saint-Christophe (direction commune CHRU)
• Centre Hospitalier de Pont-à-Mousson (direction commune CHRU)
• Centre Hospitalier 3H Santé - Cirey-sur-Vezouze
• Centre Hospitalier de Lunéville
• Centre Hospitalier Ravenel - Mirecourt
• Centre Hospitalier Saint-Charles - Commercy
• Centre Hospitalier Saint-Charles - Toul
• Centre Hospitalier de Saint-Nicolas-de-Port
• Centre psychothérapeutique de Nancy






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