Parmi les 10 recommandations développées au sein de ce Livre Blanc, cette sélection révèle plusieurs pistes d’actions concrètes :
• La déprogrammation des soins, qui a été remise sur la table en décembre 2021 lors du dernier Plan Blanc, mérite une attention immédiate de la part des pouvoirs publics et de la profession et
doit être repensée de manière raisonnée. Le Plan Blanc précédent a duré 15 mois. Les déprogrammations massives qui en ont résulté ont entrainé, et entrainent encore, de nombreuses conséquences négatives, tant pour les patients qui voient leur chance réduite, que pour l’économie de la santé. Pour ne donner que deux exemples : l’activité de transplantation rénale a chuté de 30% en 2020 (cf. étude de la FHF du 30 mars 2021 et retour d'expérience de la FHP) et l’institut Gustave Roussy prévoit plus de 130 000 cancers surnuméraires dans les cinq années, du fait du retard des dépistages et prises en charge.
Il est urgent de revoir le système de déprogrammations, car toutes ne sont pas nécessaires : avec le Plan Blanc actuel, les cliniques qui n’ont pas de services de réanimation sont traitées sans distinction, alors qu’elles pourraient accepter les patients déprogrammés par celles qui ont de tels services.
Le collectif signataire du Livre blanc recommande de
gérer les déprogrammations selon un modèle médicalisé, inspiré par les sociétés savantes, intégré dans un Plan Blanc plus spécifique aux types de crises pandémiques et plus flexible, afin de donner une marge de manœuvre suffisante aux professionnels de santé de terrain
(recommandation 6).
• Doter l’Etat d’une nouvelle
organisation permanente de veille et de gestion des risques de crise sanitaire, de nature interministérielle et interdisciplinaire
(recommandation 1) et concevoir une
déclinaison régionale de cette cellule nationale pour décentraliser davantage le pilotage opérationnel et répondre mieux aux spécificités territoriales
(recommandation 2). En effet, l’analyse de ces deux années de crise sanitaire appelle à laisser davantage d’initiatives et de responsabilités au terrain, car l’Etat ne peut pas tout. Au niveau territorial, il ne s’agit pas de déléguer totalement la gestion de crise aux régions mais de les rendre plus autonomes opérationnellement, en cogestion avec l’ARS.
• Piloter les réserves sanitaires (humaine et en matériel) régionalement : l’objectif est de pouvoir disposer en permanence des capacités humaines et logistiques pour être plus réactif lors des crises sanitaires. Les réserves sanitaires seraient créées dans chaque région et pilotées régionalement selon un cahier des charges national. Elles seraient ainsi dimensionnées en fonction des besoins spécifiques de chaque région
(recommandation 4).
• Revoir la carte de France des capacités en réanimation : cette crise a montré que plus la capacité d’accueillir massivement des patients en réanimation est faible, plus le risque de confinement collectif et l’impact économique et social sont élevés, il est urgent de revoir les capacités existantes de réanimation du public et du privé, établissement par établissement, puis de former un pool de personnels et de matériels annexes qui sera mobilisable à tout moment
(recommandation 7).
• La crise sanitaire nous a permis de mieux comprendre la
vulnérabilité des soignants et leurs souffrances psychologiques. Aujourd’hui, le secteur connait encore aujourd’hii de nombreux départs de personnels, déçus et découragés, ce qui rend la situation sur le terrain encore plus tendue. Pourtant, il serait possible de concevoir un programme de formation continue pour mieux préparer les soignants à gérer une situation épidémique. De plus, la mise en place d’un service national de gestion de crise sanitaire dédié aux soignants, géré par la cellule de crise, accessible par téléphone et internet, permettrait aux soignants, y compris dans le secteur libéral d’obtenir informations et réponses pratiques en temps réel
(recommandation 8).