Hygiène

L’ASPEC accompagne les hôpitaux face à de nouveaux défis


Rédigé par Joëlle Hayek le Mardi 11 Novembre 2025 à 16:48 | Lu 57 fois


Acteur de référence pour la maîtrise de la contamination dans les environnements à atmosphère contrôlée, l’ASPEC fédère un réseau pluridisciplinaire pour accompagner les établissements de santé dans l’amélioration continue de leurs pratiques. Elle leur offre, notamment, un appui précieux pour conjuguer sécurité sanitaire et performance énergétique, comme nous l’explique son directeur général, Stéphane Ortu.



L’ASPEC est solidement implantée dans le monde hospitalier, où de plus en plus d’établissements sollicitent son expertise. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Stéphane Ortu : Créée il y a plus de 50 ans et reconnue d’utilité publique en 2012, l’ASPEC s’est d’abord consacrée à l’industrie, avant de s’ouvrir il y a une dizaine d’années aux établissements de santé. Cette orientation s’est accélérée ces trois dernières années, portée par les enjeux de performance énergétique des salles propres, qui constituent désormais un levier essentiel pour renforcer les bonnes pratiques de maîtrise de la contamination. 

Votre réseau s’élargit aussi avec l’arrivée de pharmaciens hospitaliers…

Historiquement impliquée auprès des blocs opératoires et des zones à risque – hématologie, oncologie, stérilisation –, l’ASPEC est aujourd’hui davantage sollicitée par les pharmacies hospitalières. Les activités à risque augmentent, mais les infrastructures sont parfois vieillissantes, voire non conformes. Nous les aidons donc à mettre en place des solutions techniques adaptées. Cette collaboration est doublement bénéfique : nous apportons notre expertise, et eux enrichissent nos travaux par leur expérience de terrain. Deux pharmaciens hospitaliers viennent d’ailleurs de rejoindre nos instances : le Dr Laëtitia Lê (Hôpital européen George Pompidou, AP-HP) au conseil d’administration, et le Dr Mathieu Wasiak (CHU de Clermont-Ferrand) au conseil scientifique, illustrant la volonté d’une nouvelle génération de faire évoluer les pratiques.

Quelle est la principale force du réseau ASPEC ?

Elle réside dans la diversité des métiers représentés, ce qui nous confère une expertise globale et sectorielle. Nous apportons ainsi des recommandations techniques sur les aspects normatifs communs à l’ensemble des salles propres, mais aussi sur les spécificités règlementaires propres à chaque domaine, comme les règles de l’art. Notre présence régulière à des congrès comme le GERPAC (Société européenne des technologies de pharmacie hospitalière) ou de la SF2H (Société française d’hygiène hospitalière) montre à quel point les établissements de santé sont en quête de solutions concrètes, dans un environnement règlementaire et financier contraint. Ils se tournent vers l’ASPEC en raison de notre indépendance vis-à-vis des constructeurs et fournisseurs. Cette objectivité est au cœur de notre légitimité.

Sur la question de l’efficacité énergétique des salles propres, quelle est la situation sur le terrain ? 

Depuis la norme NF S 90-351 de 2013, il est possible de mettre les blocs opératoires en mode veille lors des périodes d’inactivité. Pourtant, cette option reste peu utilisée, faute de connaissances pratiques ou d’inquiétude de « mal faire » au sein des hôpitaux. L’ASPEC les accompagne donc pour identifier les économies d’énergie possibles, sans compromettre la sécurité des soins. Ce sujet sera d’ailleurs au cœur de notre prochaine Journée technique, le 6 novembre 2025 à Marseille, où des établissements viendront partager leurs retours d’expérience chiffrés. Au-delà du mode veille, il est possible parfois d’ajuster les réglages des systèmes de traitement d’air pour réduire de 30 à 50 % la consommation énergétique des installations.

Il n’est donc pas surprenant que l’efficacité énergétique des salles propres soit devenue stratégique pour les hôpitaux…

C’est un levier financier évident, mais aussi un facteur d’attractivité pour les nouvelles générations, attentives à l’impact environnemental. Il s’agit donc d’une démarche gagnant-gagnant, à condition d’opérer des choix éclairés et de garder un esprit critique. Dans ce cadre, l’ASPEC favorise la mise en commun des savoirs, le partage d’expériences et la montée en compétences des équipes locales. Car cette expertise devient de plus en plus stratégique et sera demain incontournable. Les cas industriels vécus sont aussi de bonnes sources d’inspiration et de modèle à suivre – ainsi est la force de l’approche transverse et multifilière chère à l’ASPEC.

Vous évoquiez la norme NF S 90-351, en cours de révision. Pourriez-vous nous en parler ?

Publiée en avril 2013, cette norme encadre la conception, l’exploitation et la maintenance des installations d’air en milieu hospitalier. Sa révision, engagée en 2023 par l’AFNOR et pilotée par Denis Lopez – expert reconnu du traitement de l’air, notamment grâce à son expérience du CHU de Bordeaux, et également vice-président des opérations de l’ASPEC – vise une publication d’ici deux ans. Parmi les évolutions attendues, on peut citer l’intégration de recommandations opérationnelles pour faciliter la conception architecturale et les économies d’énergie, et une approche plus pragmatique de la définition de la classe de risque et du risque infectieux, afin de rendre la norme plus lisible et plus facilement applicable.

L’ASPEC travaille aussi sur un carnet sanitaire « Air », attendu à l’été 2025. De quoi s’agit-il ?

En 2024, Loïc Simon, responsable du Centre de prévention des infections associées aux soins (CPias) Grand Est et membre actif de la SF2H, Denis Lopez, et moi-même, sommes intervenus à une conférence et, au travers des besoins, il est ressorti une idée : créer, pour l’air, un outil équivalent au carnet sanitaire « Eau », devenu incontournable pour la sécurité des réseaux d’eau. Cet outil méthodologique permettra de suivre et de tracer l’ensemble des installations techniques de traitement de l’air, et pourra être accompagné d’un dispositif de formation développé par l’ASPEC. Ce projet illustre le rapprochement nécessaire entre hygiénistes et services techniques, dans une logique d’amélioration continue et de complémentarité des compétences et des forces.

Cette démarche s’inscrit aussi dans une dynamique de collaboration déjà engagée avec la SF2H…

En effet, c’est une société savante incontournable dans le domaine de l’hygiène hospitalière et nous avons depuis de nombreuses années des sujets communs. Avec la SF2H, nous avons commencé par créer une formation commune sur la maîtrise du risque aéroporté dans les blocs opératoires. Nous avons aussi contribué à ses travaux sur la transmission respiratoire, qui ont abouti à de nouvelles recommandations en octobre 2024, et participé ensemble aux réflexions du CERES (Collectif Éco-Responsabilité en Santé) sur l’optimisation énergétique au bloc opératoire. Tous ces chantiers convergent vers un même objectif : articuler maîtrise de la contamination, efficacité énergétique et qualité des soins. Dans cette logique, l’ASPEC publie aussi des fascicules techniques, combinant exigences normatives et retours de terrain, afin de donner aux établissements de santé des règles de l’art directement applicables.

Quelles seront, selon vous, les prochaines évolutions pour les salles propres ?

L’efficacité énergétique restera une priorité. Les capteurs particulaires, jadis réservés au suivi de la contamination, sont désormais utilisés pour optimiser la consommation. Croisées avec d’autres données et analysées demain grâce à l’intelligence artificielle, ces mesures permettront d’anticiper les réglages optimaux des systèmes de traitement d’air, pour un fonctionnement adapté aux besoins réels et moins énergivore.

Un mot, pour conclure, sur la prochaine édition de Contamin@Lyon ?

Les 25 et 26 mars 2026, Contamin@Lyon reviendra avec un programme fidèle à son esprit, centré sur les fondamentaux de la maîtrise de la contamination. Les matinées seront consacrées aux conférences plénières – comptage particulaire, contrôles microbiologiques et aérauliques, analyse des résultats –, les après-midis à des ateliers pratiques de prise en main d’équipements. Ouvert à tous les métiers et secteurs, cet événement attire chaque année un public plus large. L’édition 2026 s’annonce encore plus riche, avec une exposition étendue et des échanges toujours plus concrets, des rendez-vous possibles sur place avec l’application mobile, sans oublier une soirée réseau conviviale toujours attendue ! 

> Plus d'informations sur le site de l'ASPEC

> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, 
à lire ici 
 




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