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À Reims, un chantier hospitalier qui redessine l’avenir du CHU


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 25 Novembre 2025 à 13:45 | Lu 70 fois


Un an après l’ouverture du bâtiment Christian-Cabrol, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims poursuit sa métamorphose. Cette réalisation majeure, qui concentre désormais une grande partie des activités chirurgicales et de soins critiques, constitue la première étape d’un vaste programme de reconstruction engagé jusqu’en 2031. Modernisation des infrastructures, amélioration de l’accueil, innovations organisationnelles et intégration des enjeux environnementaux en sont les piliers.



© CHU de Reims
Le mois de septembre 2024 a marqué un tournant pour le CHU de Reims avec l’ouverture du bâtiment Christian-Cabrol. Érigé en moins de quatre ans, cet édifice de 58 000 m² symbolise la modernisation et le renouveau de l’établissement. Le « Nouvel hôpital de Reims », dont l’investissement global s’élève à 564 millions d’euros, s’inscrit dans une stratégie de long terme, avec une mise en service complète prévue à l’horizon 2031. 

Un projet nécessaire

Pensé pour améliorer l’offre de soins, mais aussi renforcer l’attractivité médicale avec de meilleures conditions de travail, le projet entend répondre aux grands défis de l’hôpital. « Les activités étaient encore exercées dans un bâtiment inauguré dans les années 1930, l’hôpital Maison-Blanche, et un autre datant des années 1970, l’hôpital Robert Debré », explique Marie Henry, directrice adjointe du pôle Investissements, logistique, achats, transition écologique et directrice adjointe du projet Nouvel hôpital.  

Des locaux devenus vétustes, qui n’étaient plus adaptés ni aux pratiques médicales modernes, ni aux attentes des patients. « Le bâtiment Christian-Cabrol a ainsi permis d’intégrer de nouveaux équipements, d’augmenter considérablement le nombre de chambres individuelles, d’aménager des espaces adaptés aux personnes obèses et, plus largement, d’améliorer nettement les conditions de travail », poursuit-elle. 

Un transfert orchestré au millimètre

Réalisé en 2024, le déménagement des activités depuis les hôpitaux Maison-Blanche et Robert-Debré a représenté un défi logistique de taille. « Il a fallu un an et demi de préparation et un mois complet de transfert », souligne Thierry Brugeat, coordonnateur général des soins. La proximité entre anciens et nouveaux bâtiments a facilité la transition, les sites n’étant distants que de quelques dizaines de mètres.  

« Nous avons défini les modalités de transfert par étapes. Une activité pouvait basculer sur le nouveau site en une semaine, avec ouverture progressive des consultations, des hospitalisations et des blocs », ajoute Marie Henry. Le plus grand défi fut celui des blocs chirurgicaux. « Nous avons ici procédé par filière, en utilisant temporairement les deux sites de manière quasi simultanée pour éviter qu’un patient ne soit opéré dans un bâtiment et hospitalisé dans un autre », précise Thierry Brugeat. 

Anticiper l’hôpital de demain

Le nouveau bâtiment, en service depuis plus d’un an, regroupe 30 salles de blocs, deux étages de consultations, trois d’hospitalisation et 68 lits de soins critiques. Il propose désormais 85 % de chambres individuelles, contre 30 % auparavant, offrant une amélioration notable du confort des patients, comme de celui des soignants. Une meilleure isolation thermique, un raccordement au chauffage urbain ainsi que des équipements à la fois plus performants et moins énergivores, permettent en outre de réduire les dépenses énergétiques.  

« Combinés, tous ces éléments garantissent une meilleure prise en compte des enjeux de développement durable », résume Marie Henry. Une anticipation des besoins dès le départ perçue comme essentielle, rappelle Thierry Brugeat : « L’une de nos préoccupations majeures, lors de la préparation de ce projet d’envergure, était que le nouveau bâtiment corresponde aux besoins au moment de son ouverture, alors même qu’il a été conçu dix ans plus tôt. Il nous fallait donc anticiper l’évolutivité des prises en charge et des organisations internes, afin de répondre aux besoins futurs »

Les « logistisoins », une innovation organisationnelle

Une attention particulière a ainsi été portée à l’accueil des patients et à l’organisation du travail. Pour libérer du temps médical, le CHU a ainsi créé un nouveau métier : les « logistisoins ». Ces logisticiens d’étage prennent en charge les tâches autrefois dévolues aux infirmiers et aides-soignants. « Ceux-ci peuvent se recentrer sur le cœur du soin, laissant aux logisticiens la gestion des stocks, du linge, des repas et des déchets, explique Thierry Brugeat. Cela limite les interruptions de tâches et renforce la fluidité des organisations, tout en permettant la montée en compétence des logisticiens volontaires. » De la même manière, au bloc opératoire, des préparateurs de commandes assurent désormais la préparation du matériel chirurgical, soulageant ainsi les infirmiers de bloc, un métier particulièrement en tension. 

Un projet toujours en cours

Près d’un an après son ouverture, le nouveau bâtiment fait l’objet de retours très positifs, tant de la part des professionnels de santé que des patients. « Nous avons conçu un hall lumineux et végétalisé qui rompt avec l’image classique de l’hôpital, donnant l’impression d’entrer dans un lieu accueillant », se félicite Thierry Brugeat. « Les patients apprécient le confort hôtelier des chambres individuelles et la luminosité, tandis que les équipes saluent des conditions de travail nettement améliorées et l’accès à de nouvelles technologies », confirme Marie Henry. 

Mais l’édification du bâtiment Christian-Cabrol ne représentait que la première étape du projet « Nouvel hôpital de Reims ». La démolition de l’hôpital Maison-Blanche est déjà engagée et, entre 2024 et 2028, le bâtiment Madeleine-Brès, dédié aux activités de médecine, verra le jour. Enfin, entre 2029 et 2031, les derniers bâtiments anciens seront déconstruits et remplacés par des espaces paysagers. « Nous travaillons déjà sur l’organisation interne du futur bâtiment », indique Thierry Brugeat, qui souhaite capitaliser sur l’expérience acquise avec le bâtiment Christian Cabrol : « Notre objectif est de prolonger la logique initiée : recentrer les soignants sur le soin et améliorer les parcours des patients. » 

> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, à lire ici 




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