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Optic 2000 : un observatoire de la santé pour combattre les déficiences auditives


Rédigé par Suzanne Roussel le Mardi 14 Juin 2016 à 10:51 | Lu 137 fois


Les nouvelles habitudes d’écoute de la génération mp3 sont des pratiques à risques. Le groupe Optic 2000, qui compte aussi dans ses rangs les spécialistes de l’audition d’Audio 2000, a commandé une étude sur le sujet dont les résultats démontrent l’importance de relever notre niveau de vigilance.



Une nouvelle écologie techno-culturelle

En quelques décennies, notre environnement technologique et les pratiques qu’il induit ont subi un véritable bouleversement. Pour autant, les conséquences que cela peut entraîner sur la santé, notamment auditive, de la population et, plus encore, des jeunes générations, n’avaient pas encore été clairement évaluées.

L’étude commandée par le groupe Optic 2000 apporte désormais une vision précise sur le sujet. Dans la France contemporaine, les foyers avec enfants sont hyper-connectés, disposant d’une moyenne de 6,1 appareils électroniques. Les adolescents écoutent en moyenne 9 heures de musique par semaine au casque ou avec des écouteurs, et 74% d’entre eux ne se déplacent pas sans s’enfermer dans leur bulle auditive. Comme le résume la sociologue Monique Dagnaud : « Une partie importante de la jeunesse vit dans un bain musical presque constant, en particulier grâce aux instruments qui permettent d’écouter de la musique en nomadisme. » (1). Presque un tiers d’entre eux (31%) s’endorment même dans ces conditions, bercés par des mélodies diffusées à même les tympans et souvent à un volume bien supérieur au murmure…

Une tendance à l’excès

Non seulement, les techniques actuelles permettent ce genre de comportement, aisément addictif, mais il se trouve que la tendance naturelle des jeunes gens est d’en laisser accroître insidieusement la dangerosité. Pour preuve, une étude récente en Argentine s’est employée à suivre durant trois ans un groupe de 172 adolescents âgés de 14 à 15 ans. Or, l’évolution de leurs comportements entre 14 et 18 ans est sans équivoque : « Dans cette étude, les seuils auditifs des adolescents sont significativement plus élevés pour toutes les fréquences à la fin de la période de suivi. » (2)

Monique Dagnaud note aussi des facteurs plus subtils, d’ordres psychologique et existentiel : « La musique excite les sens, elle accompagne l’alcool et les divers adjuvants que l’on prend pendant les fêtes, elle permet également de « se perdre » et de se défouler des pressions quotidiennes en dansant sans répit. Dans une autre perspective, « monter le son » facilite l’oubli de soi et conduit à « se vider la tête ». Plus généralement, la musique colore le quotidien en suscitant ou en accompagnant les émotions. » (3) Usage festif, ludique, anxiolytique, esthétique… Nous entretenons forcément avec la musique un rapport à la fois très intime, très riche et très complexe, qui rend particulièrement subtile à appréhender la seule question sanitaire du volume sonore.

Des risques imminents comme futurs

Les dommages sur l’audition sont pourtant déjà patents. Toujours selon les résultats de l’étude d’Optic 2000, si 70% des adolescents affirment prendre quelques précautions, un quart a déjà souffert de séquelles liées à l’écoute de musique à volume trop élevé : bourdonnements, sifflements, douleurs… Le docteur Thierry Van Den Abbeele met en garde : « La fréquence des pertes auditives chez les adolescents est méconnue et pourrait atteindre jusqu’à 7% de cette population. Ce chiffre rend indispensables des mesures de prévention et d’information du public. » (4)

Mais il y a plus difficile à évaluer et plus inquiétant encore : les dommages à long terme de ces pratiques. Des altérations temporaires des seuils auditifs peuvent donner lieu à des pertes auditives permanentes ou des presbyacousies précoces (perte progressive de l’audition due à l’âge). Par ailleurs, une autre étude ciblant des personnes d’âge moyen de 64 ans et suivies pendant 15 ans a montré que celles qui présentaient une perte d’audition significative avaient été plus exposées au bruit dans leur jeunesse. Autrement dit : une prévention insuffisante aujourd’hui, ce sont des problèmes d’audition manifestes dans quarante ou cinquante ans…

Élaborer des réponses complexes

S’il est important et urgent d’agir, la prévention en ce domaine n’est pas pour autant évidente… Entre du rock à fond et les conseils de ses parents, un ado a une certaine propension à écouter plus volontiers le premier. D’ailleurs, l’étude rappelle aussi cette navrante et vexatoire réalité : les mises en gardes des parents ont beaucoup moins d’impact que ceux-ci se l’imaginent. Comme seul un quart des adolescents est attentif à ce type de danger, les sensibiliser tient de la gageure. La sensibilisation devrait passer autant par l’école que par les professionnels de santé, lesquels disposent, logiquement, du crédit le plus important auprès des jeunes.

Cependant, il faut avoir une appréhension globale du problème. Le docteur Jeanine Pommier le souligne : « Compte tenu de la complexité des facteurs, ainsi que de leurs interactions multiples, la littérature montre que les stratégies les plus porteuses pour améliorer la santé des adolescents requièrent d’agir conjointement à plusieurs niveaux. » (5)

Des solutions d’ordre technique, par exemple, pour un problème lié aussi à ce paramètre, ne sont pas à exclure : préférer des casques ouverts aux oreillettes et aux inserts, qui favorisent les traumatismes acoustiques ; utiliser des applications de sonomètres, qui ont été développées, déjà, pour smartphones et tablettes et permettent de mesurer l’ambiance sonore. Et puis, tout simplement, prendre l’habitude de limiter les durées d’écoute au casque. Pour que la musique continue d’adoucir les mœurs, encore faut-il ne pas trop abuser des décibels !

(1) http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/Art.-Dagnaud.pdf

(2) http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/Art.Van-Den-Abbeele.pdf

(3) http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/Art.-Dagnaud.pdf

(4) http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/Art.Van-Den-Abbeele.pdf

(5) http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/Art.-Pommier.pdf
 






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